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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 18:41
Les souteneurs des mouvements et organisations terroristes qui pullulent à travers le monde semblent avoir opté pour sanctuaire la sensible zone dite sahélo-saharienne.



Afghanisation de la région sahélo-saharienne ?

Cet espace sahélo-saharien géostratégique traverse et englobe totalement ou partiellement plusieurs pays membres de la CEDEAO, couvrant près de 2400 km des rives de l’Atlantique à la Mer Rouge.
Tous les analystes s’accordent à affirmer que ce territoire ne concerne principalement que 5 pays de l’Afrique subsaharienne : la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Soudan. L’Algérie, le Burkina Faso et la Libye s’y sont inclus plus tard pour coordonner les actions en matière de lutte contre les islamistes et le crime organisé.
Or, face à la passivité complice et intéressée de l’Algérie, les terroristes d’AQMI, qui sévissent en toute quiétude sur le territoire algérien, ont pu avec l’aide des rebelles Touaregs et du Polisario aux ordres d’Alger, prendre le contrôle de tout le Nord du Mali.
Aussi à la faveur des évènements qui secouent gravement le Mali, il est permis d’affirmer qu’il existe bel et bien dans cette zone une nébuleuse djihadiste qui va du Sahara jusqu'en Somalie et qui comprend notamment AQMI, la milice Al-Shebab en Somalie et la secte islamiste Boko Haram au Nigeria.
Il est également permis d’avancer que toutes ces organisations coopèrent entre elles, que ce soit les Shebab en Somalie, Boko Haram au Nigeria, polisario et AQMI en Algérie et au Sahel en général, jusqu'en Afghanistan, au Pakistan, en Syrie et en Iran.
En effet, les autorités sécuritaires maliennes et nigériennes ont pu constater que des jihadistes algériens, afghans et pakistanais ainsi que des éléments du polisario étaient présents dans le Nord du Mali et officiaient comme formateurs dans des camps d'entraînement.
Ces mêmes formateurs entraînent aussi ceux qui sont recrutés dans les différents pays d'Afrique de l'Ouest dans des camps dédiés aux islamistes nigérians de Boko Haram sis à Gao au Nord-Est du Mali.
Il est fait également état de la présence d’opérationnels d’Al Qaida dans cette région afin de renforcer le contrôle de ce territoire malien par des groupes terroristes ainsi que d’éléments arabes d’origine du Proche-Orient.
Autre élément impliquant une puissance étrangère dans la déstabilisation, l’atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Mali la révélation faite sur les multiples rotations d’avions cargos iraniens sur 3 aéroports maliens (Tombouctou, Gao et Tessali) dans le Nord du pays.
Il a été confirmé que les cargaisons transportées étaient constituées d’importants stocks d’armes et munitions de divers calibres au profit des terroristes islamistes d’Ansar Eddine et d’AQMI.
A remarquer que ces avions iraniens n’ont pu atterrir dans ces aéroports maliens sans l’assistance et l’autorisation de survol de l’espace aérien algérien des autorités algériennes. L’Algérie étant le seul point d’entrée en territoire Malien. Le Niger aurait certainement refusé l’autorisation de survol de son espace aérien.
Aussi, une internationalisation de sanctuarisation du terrorisme d’obédience salafite jihadiste dans le Nord du Mali est aujourd’hui plus que d’actualité et marque une nouvelle étape dans la dégradation sécuritaire du Mali et des pays de la région.
Face à cette situation alarmante, les pays de la région sahélo-saharienne ont exprimé leur préoccupation quant à une transformation de cette zone en un nouvel Afghanistan et se sont prononcés en faveur d'une intervention militaire internationale pour rétablir l'intégrité territoriale du Mali. Une proposition, qui aura sans nul doute, l’appui des pays occidentaux, sera soumise au Conseil de sécurité de l'ONU.
Les représentants de l'ONU, de l'UA et de la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont, d’ailleurs, reconnu la nécessité de mobiliser tous les moyens appropriés, y compris militaires, pour aider l'Etat malien à restructurer son armée et appuyer les efforts visant à restaurer dans les plus brefs délais possibles son autorité sur le Nord du pays.
C’est pourquoi, l'Union Africaine a confirmé sa ferme volonté d'œuvrer à la mobilisation rapide d'un appui adéquat des Nations Unies, qui passerait par une requête formelle fixant le mandat précis d'une opération militaire menée par les pays d'Afrique.
A remarquer que la communauté internationale refuse de reconnaître l’État de l’AZAWAD et que les pays de la sous-région cherchent à préserver l’unité territoriale du Mali.
La sécession ou la création d’un nouvel État indépendant au Mali équivaudrait à ouvrir la boite à Pandore qui favorisera la balkanisation de l’Afrique. Une option difficilement compréhensible et admissible alors que l’heure est au regroupement des forces pour le développement durable. Il est en conséquence impensable d’envisager une quelconque proclamation d’un nouvel État en Afrique au Mali avec l’AZAWAD ou au Maroc avec son Sahara.
Il ne peut y avoir dans cette région d’islamisation jihadiste radicale ou de sécession pour des raisons bassement hégémoniques et géostratégiques de la part de l’Algérie, avec l’aide de ses alliés que sont la Syrie, l’Iran et l’AQMI. La région sahélo-saharienne ne sera jamais un sanctuaire ou un nouvel Afghanistan pour les terroristes islamistes que les stratèges algériens l’intègrent bien dans leur doctrine sécuritaire et de politique étrangère car le Mali et le Maroc ainsi que les pays qui lui sont limitrophes ont été, sont et seront toujours des Etats forts, indivisibles et unitaires.

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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 20:39


  Un homme blessé à Koufra, est soigné à Tripoli, le 24 février 2012.

Au moins vingt-trois personnes ont été tuées et des dizaines blessées en deux jours de combats entre la tribu des Toubous et des forces liées à l'armée libyenne à Koufra, dans le sud-est de la Libye, a-t-on appris dimanche 10 juin de sources locales.

Selon le médecin toubou, Taher Wehli, 20 personnes de sa tribu ont été tuées, "dont des femmes et des enfants", tandis que le commandant de la brigade Bouclier de la Libye, Wissam Ben Hmid, a fait état de trois morts et 12 blessés parmi ses hommes.

Issa Abdelmajid, le chef controversé des Toubous, a fait état quant à lui de 28 morts, appelant les Nations unies à "faire pression sur le Conseil national de transition (CNT, au pouvoir en Libye) pour lever le siège sur les Toubous" qui font face, selon lui, à un "plan d'extermination".

Dr Wehli et M. Abdelmajid ont fait état de bombardements contre les quartiers Toubous de la ville avec des roquettes et des obus. Le commandant Ben Hmid a indiqué de son côté que les combats étaient toujours en cours dimanche entre les Toubous et sa brigade.

CONTREBANDE DU DÉSERT

En février, des combats entre les deux grandes tribus de la ville, les Toubous et les Zwei, avaient fait plus d'une centaine de morts des deux côtés en une douzaine de jours à Koufra, ville frontalière du Tchad, du Soudan et de l'Egypte. Les autorités avaient alors envoyé la brigade Bouclier de la Libye, une force d'ex-rebelles, depuis Benghazi (est) pour s'interposer entre les deux parties. Mais en avril, plus d'une dizaine de personnes avaient été tuées dans des combats entre les Toubous et cette brigade, considérée par les Toubous comme une milice "hors-la-loi".

Koufra est un passage stratégique pour les trafics en tout genre : drogue, alcool, cigarettes, contrefaçon, mais surtout l'immigration clandestine. Les tribus et groupes armés n'hésitent pas à recourir aux armes pour contrôler cette contrebande du désert.

Les élections en Libye fixées au 7 juillet

Les élections d'une assemblée constituante en Libye, premier scrutin national en plus de quarante ans, se tiendront le 7 juillet, a annoncé dimanche le président de la Commission électorale. Nouri al-Abbar a invoqué des raisons "techniques et logistiques" pour justifier le report du scrutin qui devait au départ se tenir avant le 19 juin.

Selon la déclaration constitutionnelle adoptée par le Conseil national de transition au pouvoir, les élections devaient avoir lieu avant le 19 juin, soit 240 jours après l'annonce de la libération du pays du régime de Mouammar Kadhafi, faite le 20 octobre 2011.

Plus de 2,7 électeurs se sont enregistrés pour le scrutin, soit un taux estimé à 80 %, la Libye comptant six millions d'habitants, dont 3,4 millions d'électeurs potentiels, selon la Commission électorale. Les 200 membres de l'Assemblée qui sera élue devront nommer un comité d'experts chargés de rédiger un projet de Constitution qui sera ensuite soumis à référendum. Un total de 120 sièges est réservé aux candidats indépendants, et les mouvements politiques vont s'affronter pour les 80 restants.

 
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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 18:13

TRIPOLI (Reuters) - Deux personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées samedi dans des affrontements entre l'armée libyenne et des tribus dans le sud-est du pays, a-t-on appris de sources médicale et tribale.

Les heurts ont éclaté aux premières heures du jour dans la ville d'Al Koufra, près de la frontière avec le Tchad et le Soudan, où les forces libyennes ont été dépêchées en février pour tenter d'apaiser les tensions et les rivalités entre les combattants toubous et miliciens de la tribu Zwai.

"La tribu touboue a lancé une attaque sur la ville, l'armée a riposté et les combats se poursuivent", a indiqué Mouftah Aboukhalil, membre du Conseil local, joint par téléphone.

Deux personnes ont été blessées dans les violences, a-t-il ajouté, sans fournir plus de précisions.

Hussein Chakai, représentant des Toubous, a dit pour sa part que sa tribu avait été attaquée et a fait état d'un homme tué et de cinq autres blessés dans ses rangs.

Selon Taher Aboubark, médecin dans un hôpital local, une personne a été tuée et cinq autres ont été blessées. "Il y a quatre blessés à la clinique de Gadervi", a-t-il dit, faisant référence à une localité de la tribu touboue.

Un responsable de l'armée nationale, Charif Al Mayar, a confirmé ces affrontements qui illustrent le chaos persistant et les tensions ethniques en Libye dix mois après le renversement de Mouammar Kadhafi. Les Toubous sont essentiellement implantés au Tchad mais certains vivent dans le sud de la Libye.

Ali Shuaib, Marine Pennetier pour le service français

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 18:08

Pour l’obtention des doctorats en médecine, 47 étudiants, après un long cursus universitaire à la Faculté des Sciences de la Santé Humaine, présentent leurs thèses de recherches dans des domaines aussi variés que divers. La cérémonie de soutenance qui a démarré le vendredi 08 juin 2012 dans les locaux de l’Université de Toukoura va durer quatre jours et sera couronnée par la remise des diplômes.
Selon la norme internationale, le ratio médecin/patient est de 1/10.000 alors qu’au Tchad, ce rapport est de 1 médecin pour 31.000 malades. Cette situation explique qu’il y a une carence notoire en personnel qualifié au niveau de la médecine. C‘est dans cette optique qu’il a été créé en 1990, une faculté des sciences de la santé humaine. Depuis sa création à nos jours, la Facssh a formé 211 médecins généralistes. Pour cette treizième promotion, 47 étudiants, après 8 à 10 ans d’études laborieuses, présentent devant un jury international composé de dix (10) professeurs agrégés dont deux tchadiens, le fruit de leurs recherches notamment dans le domaine de la santé publique notamment en gynécologie, pédiatrie et autres maladies infectieuses, etc.
Le jury composé des professeurs Serigne Magaye, Avocksouma Atchenemou et de Nouhou Hassan s’installe dans la salle de l’Amphithéâtre. Aussitôt, le premier étudiant à soutenir, Djidda Abakar Oumar présente sa thèse sur le thème : « contribution de la prise en charge des plaies pénétrantes de l’abdomen : l’abstentionnisme sélectif, expérience du service de chirurgie générale à l’Hôpital Général de Références Nationales ».
Après son exposé, le jury qui a posé quelques questions de précision a relevé que le travail abattu par l’impétrant est d’une qualité scientifique car il pose le problème de santé publique. Il en résulte que la plupart des plaies pénétrantes sont causées par les armes blanches et celles à feu dont la responsabilité se situe entre les élèves, les étudiants et les sans emplois. Le professeur Nouhou Hassan qui a apprécié à sa juste valeur l’importance et la pertinence de ce thème a relevé que la violence est un vrai phénomène de santé publique qu’il faut combattre pour un changement de comportement.
Le président dudit jury le professeur Serigne Magaye a exhorté le futur médecin à faire bonne carrière et à s’adonner à la cause de l’humanité. (à suivre).

Payang Paul

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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 20:32

La situation est très explosive au Palais rose. Comme le conflit est strictement interne, rien ne filtre.  Mais on sait qu’il y a eu une tentative d’assassinat, on sait aussi que Deby a frôlé la mort pendant toute une nuit avant qu’il revienne sur la terre ferme; est ce que les deux événements sont liés, on cherche à savoir.D’autre part il est  constaté que toute la DGSIE, la garde prétorienne de Deby  est consignée et toutes les unités sont mises en alerte au maximum. Les containers qui se trouvent dans la maison d’Abderrahim Bahr et qui servaient comme magasins, ont été fouillés minutieusement et des armes lourdes et individuelles de tout calibre, récupérées. Plus grave, des sources concordantes informent l’utilisation systématique de la torture, surtout les jeunes pour leur extorquer des informations sur les complices et les principaux auteurs cachés.
Compte tenu de la situation, Deby a annulé deux voyages dont celui en Afrique du Sud.

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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 20:26

L'Union africaine va saisir l'ONU pour obtenir son "appui" à une intervention militaire dans le nord du Mali. La région est contrôlée depuis plus de deux mois par des groupes armés, en partie islamistes.

Lors d'une réunion sur le Mali tenue jeudi 7 juin à Abidjan, en Côte d'Ivoire, des responsables africains et onusiens ont affirmé leur « volonté d'oeuvrer à la mobilisation rapide d'un appui adéquat des Nations unies », qui passerait par « une requête formelle » de l'Union africaine (UA) fixant le « mandat précis » d'une opération militaire destinée à rétablir l'intégrité territoriale du Mali.

Le Nord-Mali est tombé fin mars aux mains de rebelles touaregs et d'islamistes armés, parmi lesquels figurent des combattants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La partition du pays est lourde de menaces pour la région, Aqmi se livrant ponctuellement à des attaques et enlèvements depuis plusieurs années dans le Sahel.

Les représentants de l'ONU, de l'UA et de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) réunis à Abidjan ont « reconnu la nécessité de mobiliser tous les moyens appropriés, y compris militaires », pour aider l'État malien à restructurer son armée et « appuyer les efforts visant à restaurer dans les plus brefs délais possibles son autorité sur le nord du pays ».

Djihadistes "afghans et pakistanais"

D'après le texte publié à l'issue de la réunion, il s'agit aussi d'aider le Mali à « combattre les groupes terroristes », « criminels » ou autres « dont l'action remet en cause la stabilité et la sécurité du Mali et de la région ».

Alors que le Mali s'enfonce dans la crise et que la médiation de la Cedeao piétine, le chef de l'État béninois et président en exercice de l'UA, Thomas Boni Yayi, a lancé le 30 mai l'idée d'une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU, en vue de créer une « force » d'intervention africaine au Mali.

« Notre préoccupation, c'est que le Sahel ne se transforme pas en un nouvel Afghanistan », a pour sa part expliqué le président nigérien Mahamadou Issoufou, lors d'un entretien à la chaîne France 24. Il a en outre affirmé que des Djihadistes « afghans et pakistanais » étaient présents dans le Nord malien comme « formateurs » dans des camps d'entraînement.

L'ONU, l'UA et la Cedeao ont aussi « exigé » que l'ex-junte malienne installée après le putsch du 22 mars « soit immédiatement dissoute et se retire complètement de la gestion de la transition ». Les putschistes, qui ont renversé le président Amadou Toumani Touré (ATT) à Bamako, se sont officiellement retirés en vertu d'un accord conclu le 20 mai avec la Cedeao. Ils restent néanmoins très présents sur la scène politique face au président intérimaire Dioncounda Traoré et au gouvernement mis en place pour une transition d'un an.


Jeuneafrique

 

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 18:44

Dire que le Tchad traverse une phase extrêmement difficile de son histoire est une évidence. Tous les indicateurs politiques, socio-économiques sont, en effet, au rouge. Le pays connaît une crise des valeurs sans précédent et tout ceci comme dirait le sage Hambâté Ba, par «manque de lumière» dans l’esprit des dirigeants. Rien ne peut justifier ce  comportement si atypique de ceux qui nous gouvernent : le pillage systématique des ressources du pays, le déni du droit et des structures de l’Etat, le népotisme, la concussion et in fine la délinquance érigée en mode de vie. Les tchadiens se sont résignés et ont admis cela bon gré, mal gré.

Le système s’est désagrégé à telle enseigne que tout remodelage ou rapiéçage par lui-même est impossible. Comme tout explosif sorti du canon, il doit nécessairement exploser. Deby et les siens cherchent à éviter l’inévitable implosion en pratiquant la politique de l’autruche et une fuite en avant. Mais ils n’imaginent pas les conséquences dangereuses.  En fait aux vrais problèmes, ils proposent de mauvaises solutions !

Imbu d’un égocentrisme schizophrénique, le clan résume le Tchad en 4 pôles : d’abord le centre incarné par Mme et Mr Deby, puis la première zone d’influence constituée par les Deby et le dernier pôle peuplé des Itno et enfin le désert.

Dans ce paysage politique segmenté, il n’y a guère de place pour les Béris ordinaires et moins encore le reste des tchadiens. Cette vision étriquée du pouvoir explique les cachoteries auxquelles se livrent, depuis quelque temps, les différents cercles d’influence pour la conservation du pouvoir afin d’assurer leur survie politique. Comme veut la logique de tout système dictatorial qui finit par manger ses propres enfants, le système Deby n’a pas dérogé à la règle. En effet, pour la pérennisation du pouvoir, les 3 pôles se sont fondus en deux groupes antagonistes. Désormais à l’abri des mauvais regards et des oreilles indiscrètes et à l’insu total de l’opinion nationale, ils se livrent à des combats souterrains fratricides sans merci, surtout  depuis que Mme la Présidente a gagné des galons auprès de son mari de Président et a commencé à regarder loin !

Une famille déchirée et se regardant en chiens de faïence

Dans la sphère Itnoland, le premier groupe animé par Mme et Mr Deby est minoritaire ; ce groupe pense sérieusement à un transfert du pouvoir de Mr vers Mme. Il compte pour ce faire sur les cadres non Béris et la petite minorité des Itno principalement les enfants de Deby étendue aux parents maternels. Contrairement à ce qui est dit le plus souvent, ses neveux (surtout les enfants de Hayga et de Chénon) sont très circonspects vis-à-vis de leur oncle depuis le limogeage d’Abbas et de Sougry Guihini. A cause des pesanteurs sociologiques, ils gardent plutôt un mutisme complice. Signalons tout simplement que, depuis que l’information sur la volonté de Deby de transférer le pouvoir à son épouse a été dévoilée, Deby fait de la diversion en mettant en avant son bambin de fils, le Dircab adjoint et DG ou plutôt propriétaire de la compagnie « Toumaî Tchad (Eh oui, il cumule toujours les deux fonctions !), Zakaria Idris Deby. Zakaria qui reçoit la communauté tchadienne en Afrique du Sud au nom de son père, alors que tous les responsables de l’Etat sont présents, en particulier le Ministre des Affaires Etrangères ; Zakaria qui fait irruption dans la salle des Conseils des Ministres au moment où se tient un Conseil et se fait ovationner longuement par les membres du Gouvernement, debout, exactement à l’instar de ce qui se passait avec le defunt Ibrahim Idris Deby. Tout cela fait partie de la diversion.

Le deuxième groupe tourne autour de Daoussa Deby, Timan Deby et Abderrahim Bahar. Idriss Deby a longtemps pratiqué la politique de division dans sa propre famille entre les Deby et les autres Itno. Mais sa connivence incestueuse avec son épouse et les agressions répétées de Salay sur Daoussa et sur ses grandes sœurs ont fini par souder la grande famille Itno qui, par consensus, propose Sougour Youssouf Mahamat Itno, actuel ambassadeur du Tchad en Arabie Saoudite, comme le prochain locataire du Palais Rose. Après des recoupements et des témoignages concordants, il est permis d’affirmer que ce groupe a tenté, depuis janvier, au moins deux coups de force. N’ayant sollicité aucune franche collaboration des différentes communautés tchadiennes, mû  par leur arrogance fumeuse, la machination du groupe ne pouvait qu’échouer.

Face à ce groupe, Deby complètement déboussolé, montre des signes de lassitude patente et mesure pour une fois sa vulnérabilité évidente. Les gesticulations effrontées d’un Salay ne suffisent plus pour équilibrer la balance. La menace est partout : les ennemis réels ou supposés sont dans tous les coins de la Présidence. Chaque jour que Dieu fait, apparaissent des ennemis inattendus. Chaque jour, le cercle des inconditionnels se rétrécit et devient épars en même temps.

Une communauté complice et aux abois

Cette tragi-comédie se joue dans une seule pièce, sans spectateurs ou du moins comme dans le «procès» de Kafka, les protagonistes et les spectateurs sont les mêmes !

Dans un tel contexte, la grande question est : «que pense la communauté Beri ?». Cette question a été posée, il y a un mois, par le Professeur Facho Balam à la lecture de l’article sur les ambitions de Hinda. Malheureusement on lui a répondu d’une manière lapidaire qu’il s’agit d’un problème national et donc ne concerne pas en particulier les Beri ! Le professeur a raison et a vu juste. La réponse qui lui a été donnée n’est pas la bonne. Ce n’est pas que le pouvoir appartient aux Beri, c’est pourquoi ils doivent le défendre, mais les Beri constituent malheureusement le principal obstacle contre lequel se bute toute initiative venant d’ailleurs. En d’autres termes, ils sont le fer de lance contre les actions de masse et constituent le bouclier du système. En conséquence, la communauté porte devant l’histoire une grande part de responsabilité – pour ne pas dire qu’elle est l’unique responsable- du maintien de Deby au pouvoir. Après avoir porté Idriss Deby aux prix de mille sacrifices humains et matériels depuis 1979, elle l’a soutenu contre vents et marées en matant toutes les révoltes populaires, en tripotant toutes les consultations nationales. La communauté Beri a servi de bras séculiers  armés et a été complice de toutes les œuvres antinationales de Deby et de son système. Maintenant que l’élément Beri ne fait plus parti de la stratégie de pérennisation du pouvoir Deby, pourquoi cette communauté perpétue-t-elle sa complicité par son mutisme béant ? Elle a beaucoup fait pour Deby mais inversement qu’a fait Deby pour cette communauté ?

Tout chef d’Etat, en Afrique, est d’abord le fils de son village. Afin d’éviter un émiettement de la société Béri en faveur des siens, le Président devait avant toute chose discipliner sa communauté, créer des structures socio-économiques et administratives pour maintenir et retenir une population nomade  connue pour son agressivité envers les autochtones des zones de nomadisme, mettre l’accent sur les structures sanitaire, scolaire dans une région où elles n’ont jamais existé.

Mais la nature n’a pas doté Deby de telles pensées et initiatives louables. Au contraire la première action de Deby a consisté à armer ses parents et à les lâcher sur la population civile sans défense comme on lâche des chiens sur les gibiers, à la clé : le pillage, le vol, les tueries, les fraudes et le faux. En vingt deux ans de pouvoir, la communauté Beri est devenue un monstre pestiféré où on ne trouve que des voleurs, des tueurs, des grands coupeurs de route transfrontaliers, des fraudeurs à grande échelle, des princes sans ossature et sans royaume, des riches sans capital, bref une communauté crainte, haïe et impunie mise au ban de la société tchadienne. Pour preuve, les autres communautés ne donnent leurs filles en mariage aux Béris que contraintes et forcées, et ne louent leurs maisons aux Béris que pour les mêmes raisons.C’est une attitude spécifique que réservent presque toutes les autres communautés aux Béris à cause de leur comportement asocial consistant à vouloir imposer et transposer leurs us et coutumes dans les milieux où ils s’installent.

Ce refus du bon sens a engendré des phénomènes à sa mesure : le sacrifice de tout un pan de la société, à savoir la jeunesse, sur l’autel de la délinquance. En effet le système a favorisé l’émergence d’une classe de jeunes sans pudeur et sans retenue, incommensurablement boulimique, partisans du moindre effort et du gain facile sur tous les plans – intellectuels comme en affaires. Cette classe, munie de faux diplômes, sévit dans toutes les activités lucratives, au sein des services publics comme privés. Arrogants et hautains, ces jeunes piétinent les procédures administratives en matière de passation de service, utilisent la concussion comme arme fatale pour s’arroger tous les marchés publics. Par ces méthodes, des bambins de 20 ans ont amassé des fortunes colossales, pendant que d’autres de la même espèce se retrouvent hissés aux sommités de l’Etat ou dans les entreprises parapubliques. Ainsi la connaissance et le savoir sombrent dans les ténèbres de la médiocrité. La quasi-totalité des jeunes des autres communautés cherche par tous les moyens à s’identifier à cette classe et se pose, à juste titre d’ailleurs, la question à quoi sert de perdre 10 à 20 ans de sa vie à étudier si on peut satisfaire facilement ses ambitions par d’autres moyens ? Il est de notoriété publique que Deby n’aime ni les cadres moins encore les études. Il a donc poussé sciemment tous les jeunes de sa région vers la débauche et le gain facile. Une fois qu’il les a éduqués, guidés et endoctrinés dans ces carcans sans issue, Deby si cynique qu’il est, a commencé à scier les branches de l’arbre sur lesquelles il a fait asseoir ces jeunes. Avant même la mise en place de sa fameuse commission contre l’enrichissement illicite, Deby a déjà mis en faillite plusieurs sociétés des Béris en utilisant des méthodes perverses qui ont fait leur preuve contre tous les grands commerçants de l’ère ante Deby. Comme il a horreur qu’un des siens réussisse par sa propre capacité, alors il procède à une systématique destruction de tout ce qui a été constitué avant et/ou sans lui. C’est ainsi que des gros commerçants depuis l’époque de la 1èrerépublique ont complètement disparu de la scène des affaires au profit de sa génération préfabriquée, celle-là même qui subit actuellement les foudres et les turpitudes du dictateur. Voilà comment Deby a perverti sa communauté sur le plan social!

Des structures socio-économiques, sanitaire, scolaires inexistantes

Deby a fait encore pire que sur le plan socio-économique. Tout le monde sait qu’un pays se développe avec des cadres administratifs et des techniciens. Or que trouve-t-on dans les deux régions (le B.E.T et le Wadi Fira) considérées être des fiefs par excellence de Deby, ou encore singulièrement  dans ce qui est convenu d’appeler le Béribé ?  C’est la désolation totale. Tous les responsables de l’administration sont tous analphabètes, tenez-vous bien y compris le délégué de l’éducation nationale à Bahai qui est maintenant transféré à Amdjarass ! Comprenez par responsables les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets, les douaniers, les eaux et forêts, les brigades, la police, etc. Dans ces conditions, comment imaginez-vous le développement socio-économique d’une région, qui n’a jamais été favorisée par la nature et de surcroît  meurtrie par tant d’années de guerre ? Ceci expliquant cela, aucune nouvelle école, aucun centre médical, aucune infrastructure routière, aucun marché, rien, absolument rien n’est créé dans sa région natale. Et pourtant cette région contiguë au Soudan et à la Libye où le commerce caravanier a été séculaire, pourrait connaître un développement économique pourvu qu’il y ait le minimum de structures qui y répondent.

Dans son égoïsme viscéral, Deby a érigé Amdjaress en département et y a construit des bâtiments administratifs et des habitations pour ses parents. Mais personne n’y habite hormis quelques fonctionnaires oisifs. Ses propres parents boycottent Amdjaress comme ils avaient boycotté Bahaï aux temps de splendeur de Timan. Tout simplement parce que Amdjaress n’a jamais été un village dans le Dar Bilia. C’est un cul de sac où pâturent les chevaux et les chameaux de charge du chef de Canton Adam Jerbo. Après son retour de l’exil, le vieux Deby qui n’était pas toujours en odeur de sainteté avec beaucoup de ses frères, s’était isolé sur ces crêtes. Les mesquineries et les bassesses dont est naturellement animé Idriss Deby font qu’il ne peut pas construire une entité administrative moderne à Bordaba qui a été toujours le district militaire connu ou pourquoi pas à Birdouani qui a été le centre commercial relié à «Taysser» (Koufra) avant la colonisation ? Les villages ancestraux dans le Dar Bilia sont connus: Bao, Ségouya, Bordaba, Birdouani, Kaoura, Ito et Monou.

Après 22 ans de règne, les Beri viennent de se rendre compte que le pouvoir qu’ils croyaient être le leur a glissé entre leurs doigts pour être d’abord la propriété des Itno, ensuite il a évolué pour être celle des Deby et enfin finir dans les pagnes de Hinda et compagnie ! Que leur reste-t-il ? Si le conscient collectif pense que les Beri ont tout gagné durant le règne de Deby, il faut avouer qu’ils ont au contraire tout perdu : l’honneur et la dignité dans les méandres des vols et pillages accompagnés de tueries, le vivre en harmonie et respect avec les autres communautés, le savoir et la connaissance sur l’autel du faussaire et du gain facile ; la richesse effréné par la fraude et le vol !

Que faire, question lancinante d’un penseur du siècle dernier ? Il faut évidemment un changement, au delà de l’individu qui personnifie le système, c’est ce dernier qu’il faut changer radicalement. Le changement certes mais le droit à l’inventaire dans toutes ses formes. Ce changement ne peut être l’œuvre d’un seul groupe ethnique, fut-il au pouvoir, ni celui d’une région, ni celui de l’opposition   démocratique interne, laquelle opposition fait allègrement et complaisamment le lit de la dictature. Par sa participation dans la gestion des affaires de l’Etat, elle justifie l’image de la démocratie fictive du régime. Cette opposition s’accommode bien avec le régime. Les députés sont élus par la bonne volonté de Deby. Une fois élu, le député tchadien a des avantages qui ne reflètent pas du tout la vie quotidienne du citoyen. Ceux des opposants qui ont refusé d’être le faire valoir du régime, ont payé de leur vie. Le changement ne peut être non plus l’œuvre de la seule opposition armée. Le changement doit venir de la conjugaison de tous les efforts des toutes les couches sociales aspirant à un réel changement du système. Même si dans l’histoire des révoltes populaires, la jeunesse en a été le fer de lance, dans le cas présent du Tchad, les Béris ont un rôle  à jouer dans la perspective d’un changement du régime pour la simple raison qu’ils ont fait  ce régime, il est logique de leur demander de contribuer à le défaire maintenant !

Les bergers connaissent ce proverbe même dans leur sommeil : «si le chameau vous donne un coup de pattes, mettez-vous de côté pour ne pas en recevoir un deuxième, un troisième, etc., qui seront fatals pour vous.». La conscience collective n’oublie jamais mais elle pardonne. C’est pourquoi la communauté Béri, au lieu de persister dans sa fuite en avant, en croyant attraper les chimères révolus d’un système à l’aube de son éclipse, doit se ressaisir et faire face à la réalité en soutenant la lutte nationale que mène le peuple tchadien dans toutes ses composantes. C’est la seule attitude qui lui permettra d’éviter d’être le paria de l’histoire et de toute la communauté tchadienne.

Isshakha Bouébri Djérou  (N’Djamena)

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 18:37
Mahamadou Issoufou, au palais de la présidence à Niamey, au Niger.
Mahamadou Issoufou, au palais de la présidence à Niamey, au Niger.
France 24

La situation sécuritaire dans les pays du Sahel est des plus préoccupantes avec la montée en puissance de factions islamistes. Territoire coupé en deux, entre un Nord occupé par des mouvements indépendantistes ou intégristes, et un pouvoir ébranlé au Sud depuis le putsch militaire du 22 mars dernier, le Mali est sans doute le pays dont les institutions sont les plus menacées. Au palais de la présidence à Niamey au Niger, Marc Perelman de France 24 a rencontré le président de la République nigérienne, Mahamadou Issoufou, pour s’entretenir des problèmes régionaux.

Marc Perelman : Comment est-ce que vous jugez la situation dans la région ? Est-ce grave ?

Mahamadou Issoufou : La situation au Mali est préoccupante. C’est une situation qui est caractérisée d’abord par la remise en cause de l’ordre démocratique ; et plus grave encore, par la remise en cause de l’intégrité territoriale du pays. Le Mali a été victime d’une attaque de mouvements armés, pour la plupart venus de l’extérieur. Donc on peut considérer que le Mali est victime d’une agression extérieure. Une agression portée par des mouvements terroristes, une agression portée également par des narcotrafiquants – il ne faut pas l’oublier–, et des groupes armés venus de Libye. Déjà, avant la crise libyenne, les trafiquants de drogue et les terroristes avaient comme sanctuaire le nord du Mali. La crise libyenne est venue aggraver la situation avec l’arrivée de groupes armés.

M.P. : D’où viennent ces groupes armés ?

M. I. : Ces groupes armés viennent, pour certains, de Libye et pour d’autres d’Algérie pour ce qui concerne les terroristes d’Aqmi [al-Qaïda au Maghreb islamique ndlr]. Donc je considère que le Mali est victime d’une agression extérieure, d’une agression terroriste, d’une agression de narcotrafiquants.

M.P. : Est-ce que cette agression peut se propager dans votre pays, le Niger ?

M. I. : Absolument, cette agression peut se propager non seulement au Niger, mais dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest. Du reste, un certain mouvement armé ne s’en cache pas. Leur objectif est de porter le jihad dans tous nos pays, dans tous nos Etats. Aqmi a installé Ansar Dine au Mali. Il semble que l’objectif est de mettre en place des organisations similaires qui seront dédiées aux autres pays africains (au Niger, au Tchad, au Burkina, au Sénégal etc). Ils veulent porter le jihad partout et mettre en place la charia dans tous les Etats.

M.P. : Les groupes sont multiples. Vous avez parlé d’Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique), il y a Ansar Dine et Le Mouvement national de libération de l'Azawad (le MNLA). Pour vous, c’est clairement al-Qaïda au Maghreb islamique qui contrôle tous ces groupes ?

M. I. : Absolument. Ce sont les jihadistes qui contrôlent la situation au Mali. Les autres forces qui ont d’autres objectifs sont très marginales. Les forces dominantes sont les jihadistes et les narcotrafiquants.

M.P. : Est-ce qu’au Niger vous avez démantelé des réseaux ou en tout cas observé une tentative d’implantation sur votre territoire ?

M. I. : D’après les éléments dont on dispose, il y a beaucoup de ressortissants des pays de l’Afrique de l’Ouest qui sont recrutés par ces forces là. Concernant Aqmi, vous savez qu’il y a eu des enlèvements qui ont été opérés ici au Niger, à plusieurs reprises. Il y a également des relations avec la secte Boko Haram du Nigeria. Il y a des éléments qui sont présents actuellement à Gao, à Tombouctou, où ils sont en train de subir des entraînements.

Je crois que tout cela est coordonné. Il y a une espèce de nébuleuse terroriste internationale. Pour le cas de l’Afrique, cela s’étend du Sahara jusqu’en Somalie. Donc toutes ces organisations coopèrent entre elles, que ce soit les shebabs de Somalie, Boko Haram au Nigeria, Aqmi en Algérie et dans le Sahel de manière générale. Une de nos préoccupations, c’est d’éviter que le Sahel se transforme en un nouvel Afghanistan.

M.P. : On évoque parfois le terme d’« Africanistan ». Vous avez parlé de recrutement en Afrique de l’Ouest. Est-ce que vous avez vu des militants venir depuis d’autres zones lointaines ? Du Pakistan ? D’Afghanistan ?

M. I. : Nous avons des informations sur la présence d’Afghans, de Pakistanais, dans le nord du Mali. Ils serviraient de formateurs. Ce sont eux qui entraîneraient ceux qui sont recrutés dans les différents pays de l’Afrique de l’Ouest. En tout cas, nous avons des informations précises par exemple sur les camps d’entraînement de Boko Haram à Gao et sur la présence de terroristes, de jihadistes, venus de pays qui ne sont pas africains.

M.P. : Est-ce que vous craignez des attentats au Niger ?

M. I. : Tout ce que je peux dire c’est que, pour l’instant, le Niger a pu protéger son territoire. Le Niger a pu assurer la sécurité des Nigériens et la sécurité des biens, conformément à mes engagements. Suite à la crise libyenne, des mouvements armés ont tenté de s’implanter au Niger. Des dispositions ont été prises. Nos forces de défense et de sécurité, que je salue au passage, ont pu faire face à la situation et ont pu empêcher l’implantation de ces groupes armées au Niger. Ils ont dû continuer leur chemin vers le Mali. Et malheureusement, on connaît la suite.

M.P. : Vous avez parlé d’Aqmi venu d’Algérie. D’après vous, le pouvoir algérien joue-t-il un rôle positif par rapport à cette situation ? On lui reproche de garder ses distances…

M. I. : Les Algériens sont tout aussi préoccupés que nous quant à l’aggravation de la situation dans cette zone. Je pense que l’Algérie jouera un rôle actif. Nos objectifs sont les mêmes. Nous sommes tous hostiles à l’installation de jihadistes dans la région. L’Algérie sait que cette installation peut la déstabiliser, comme elle peut déstabiliser les autres Etats de la région. Si vous me permettez d’utiliser cette expression, nous sommes sur le même bateau. S’il coule, nous allons tous nous noyer ensemble.

M.P. : Alors que faut-il faire pour maintenir le bateau à flots ? On semble se diriger vers un appel à une intervention internationale. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, la Cédéao, a tenté une médiation. Ca ne semble pas vraiment marcher. Que faut-il faire d’après vous ?

M. I. : Je l’ai dit, la crise est double. Il y a d’abord la crise à Bamako où l’ordre constitutionnel a été remis en cause par des putschistes ; et il y a la crise dans le nord du pays où des forces extérieures principalement ont attaqué le Mali et ont remis en cause l’intégrité territoriale du pays. Donc notre objectif doit être de restaurer la démocratie au Mali, mais également de restaurer l’intégrité territoriale. Des deux objectifs, celui que je mets en priorité, celui que je mets en avant, c’est la restauration de l’intégrité territoriale du Mali.

M.P. : Très concrètement, qu’est-ce qu’il faut faire ?

M. I. : Dans tout conflit, il est important de considérer qu’il y a deux phases, deux possibilités : soit les négociations, soit la guerre. Les deux options pour le cas du Mali sont sur la table. Les négociations sont en cours et je considère que le recours à la guerre doit être le dernier recours. Si on devait intervenir au Mali ce serait une intervention légitime d’abord parce que la cause est noble : il s’agit de restaurer la démocratie, il s’agit de restaurer l’intégrité territoriale du Mali. C’est le premier élément d’une guerre juste. Le second élément : c’est qu’on aura tout essayé, on aura épuisé toutes les autres solutions. Nous n’excluons pas effectivement qu’il y ait une intervention armée.

M.P. : Vous demandez à l’Union africaine de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU qui voterait une résolution en ce sens ?

M. I. : Absolument. D’abord parce que la crise malienne, les menaces qui sont présentes au Mali constituent des préoccupations pour l’ensemble des pays africains et au-delà. Le conflit au Mali mérite que la communauté internationale se mobilise et c’est tout naturellement que je vois la nécessité qu’il y ait une résolution des Nations unies sur la situation au Mali qui autorise le recours à la force pour rétablir l’intégrité du territoire malien.

M.P. : Vous êtes optimiste ?

M. I. : Je suis optimiste parce que je pense que nos amis occidentaux, les Européens, les Américains sont conscients du fait que le danger qui est présent dans le Sahel les menace aussi. Ce n’est pas un danger théorique. Si le terrorisme s’implante en Afrique, ça va atteindre l’Europe. Seule la Méditerranée nous sépare. Tous les pays doivent se mobiliser au niveau de l’ONU, du Conseil de sécurité, pour qu’une résolution soit votée afin qu’une intervention par la force puisse être envisagée si les négociations échouent.

M.P. : Revenons à la Libye. Quelles sont les relations avec le nouveau pouvoir libyen ? Il y a eu des tensions, notamment en raison de la présence au Niger d’un des fils de Mouammar Kadhafi, Saadi Kadhafi qui est en résidence surveillée au Niger. Est-ce que les choses s’améliorent ?

M. I. : Nous n’avons pas de problèmes avec la Libye. Il est vrai que Saadi Kadhafi est présent au Niger. Nous l’avons accueilli pour des raisons humanitaires, mais cela n’a pas dégradé nos relations avec le CNT [Conseil national de transition]. Nos relations sont bonnes.

M.P. : Si le CNT vous demande formellement de l’extrader en Libye, est-ce que vous le ferez ?

M. I. : Le CNT ne l’a pas fait.

M.P. : Mais s’il le fait ?

M. I. : Il ne l’a pas fait.

M.P. : Vous allez bientôt vous rendre en France. Vous allez rencontrer le président François Hollande. On sait que vous l’aviez rencontré pendant la campagne présidentielle. Est-ce que vous espérez un geste de la France, qui déconseille actuellement à ses ressortissants de se rendre au Niger ?

M. I. : La France est un pays avec lequel on a toujours eu des relations d’amitié, une coopération très forte. Nous avons beaucoup d’intérêts communs avec ce pays. Le Niger est un pays démocratique, stable, donc les Français n’ont aucune inquiétude à venir au Niger.

M.P. : On disait cela du Mali…

M. I. : Vous-même, vous êtes là ? Il n’y a pas de règle sans exception. En tout cas pour le Niger, je peux parler sur ce cas. Le Niger est un pays en sécurité. C’est un pays stable. Certes on est entouré de foyers de tensions. On a vu la Libye, le Mali et puis le Nigeria. Mais jusqu’ici, nous avons pu créer des conditions de sécurité des personnes et des biens. Donc les Français, comme tous les autres qui veulent investir au Niger, peuvent venir le faire. Il y a toute la sécurité qu’il faut, non seulement la sécurité physique, mais aussi la sécurité juridique qui peut donner des garanties aux investissements. Avec la France, on exploite ensemble depuis des dizaines d’années (de l’uranium), c’est le premier partenaire économique. Il y a beaucoup de sujets qu’on aura à aborder avec le président François Hollande.

M.P. : Un des sujets que le président français va sans doute aborder avec vous, ce sont les otages qui avaient été enlevés à Arlit au Niger en septembre 2010. Est-ce que vous avez des nouvelles d’eux ?

M. I. : La question des otages nous préoccupe beaucoup. C’est une question qu’on suit de très près. Mais vous me permettrez de ne pas en dire davantage.

M.P. : Est-ce que vous pouvez nous dire s’ils sont en bonne santé ?

M. I. : Je crois qu’ils sont en bonne santé.

M.P. : Donc vivants, mais vous savez où ils sont ?

M. I. : Vivants et en bonne santé.

(Ré)écoutez l'interview de Mahamadou Issoufou
 

Président du Niger

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 23:18
Publié le mercredi 6 juin 2012   |  Diasporas-News





Pendant que les projecteurs sont focalisés sur les touarègues au Nord du Mali, les arabes et la minorité noire du Sud libyen se livrent, de Koufra à Sebha, des combats sans merci depuis plus de six mois. Encore un foyer de tension qui risque de s’étendre sur le Tchad et le Niger.
Guerre civile à Sebha
150 morts officiellement, plus de 700 morts selon Jomode Elie Getty DobyCela membre du Conseil National de Transition (CNT) mais néanmoins toubou. Il s’agit d’affrontements intertribaux entre toubou et oueled slimane ; la dernière d’une longue série !
Sebha, une ville oasis de 150.000 âmes située dans le sud de la Libye. Les toubous ne représentent à peine plus de 15% de la population. Quelques jours auparavant une voiture s’est fait voler en ville. Le 26 mars, le Conseil de sécurité composé de toubous et d’arabes se réunit. Ensuite, les versions divergent. Le véhicule appartiendrait à un toubou ou plutôt le contraire. Toujours est-il que le ton monte et des coups de feu partent. Trois cadres toubous sont assassinés à bout portant ; il s’agit successivement du responsable de la sécurité, le chargé des armements et le chef de la lutte anti-terroriste.
Dès lors des combats meurtriers s’engagent dans la ville. Des quartiers entiers sont brûlés alors que des enfants et des femmes subissent des atrocités. Le chef toubou Issa Abdelmajid Mansour n’a pas hésité à qualifier ces violences intertribales de « nettoyage ethnique ». Les toubous ont opéré un repli stratégique hors du faubourg, à quelques kilomètres vers le Sud. Et puis, trois jours après, ils ont pris la ville par surprise. C’est au terme d’une semaine de combat qu’un cessez-le-feu fut décrété avant qu’on annonce le décompte macabre.
Le peuple toubou
Les toubous sont des noirs qui vivent depuis le Vème siècle av J.-C. au pied des massifs montagneux du Tibesti (littéralement lieu où vivent les habitants de montagnes) et de l’Ennedi. Ils sont donc considérés comme parmi les primo-sahariens. Peuple semi-nomade se déplaçant au gré des points d’eau, ils se sont également établis dans les oasis pour pratiquer l’agriculture. Le complément de revenus provient de l’activité pastorale c’est-à-dire la vente de bétail et surtout de chameaux. Signe des temps modernes, ils savent aussi s’adapter à la réalité de la mondialisation. Ils sont devenus les maîtres du désert ; maillon indispensable du flux migratoire des milliers de jeunes africains attirés par les revenus pétroliers libyens voire plus loin c’est-à-dire l’eldorado européen. Les toubous se sont donc reconvertis en « passeurs » du désert qui font entrer par Dirkou (Niger) les candidats à l’immigration clandestine. Ce genre de trafic n’a pu se faire bien sûr sans le consentement du colonel Kadhafi ou en tout cas sa bienveillance.
La démarcation des frontières modernes font qu’aujourd’hui les 200.000 toubous se retrouvent à cheval sur trois pays limitrophes : le Niger (Nord-Est), le Tchad (Nord) et la Libye (Sud).
Souvent décrit comme querelleurs et susceptibles, les toubous minoritaires et persécutés se sont aguerris au fil du temps et ont une réputation de valeureux combattants. Ils connaissent cette vaste région comme leur poche ; les camions peuvent aujourd’hui circuler dans le fin fond de ce désert grâce aux chauffeurs toubous. Car ils sont les seuls susceptibles de rouler entre deux balises de délimitation de mines anti-personnelles, vestiges du conflit tchado-lybien des années 1980.
Sous le règne de Kadhafi
Depuis son arrivée au pouvoir en 1969, le guide libyen n’avait cessé d’avilir et d’humilier cette population. Avec sa vision manichéenne, il considérait qu’un citoyen devait parler arabe et les toubous étaient obligés de se conformer à cette arabisation à pas forcés. Pendant ses 40 ans de règne, tout bon libyen devait porter un nom à consonance arabe ; si bien qu’au moment même où nous parlons, des milliers de noirs n’ont pas pu être inscrits à l’état civil et vivent donc sans carte d’identité. C’est le cas de milliers de toubous qui ont refusé de se soumettre à l’autorité centrale. Ils subissent eux-mêmes un ostracisme de la part des 30% de noirs « assimilés », les prenant comme des citoyens de seconde zone.
Héritée des années 1950 et modelée par le jeune lieutenant Kadhafi en 1969, la circonscription administrative subdivise la Libye en trois principales provinces ou régions : à l’Est, la Cyrénaïque de tradition pastorale, à l’Ouest la Tripolitaine plutôt agricole et la désertique Fezzan. La révolution libyenne a mis en exergue la rivalité et l’antagonisme entre l’Est et l’Ouest autrement dit les côtes à forte densité de population. Certes, la conquête de Tripoli est partie de Benghazi.
Mais les grands desseins du colonel Kadhafi avaient également provoqué des antagonismes entre les riches agglomérations du rivage de la Méditerranée et du désert de Sahara peuplé de berbères et de noirs. Le Sud est resté le parent pauvre de cette prospérité fulgurante, emmenée par les rentes du pétrole. Kadhafi a refusé sciemment de le développer pour punir les toubous qui refusent de migrer vers le Nord ou de lui faire acte d’allégeance. Il allait même jusqu’à semer des mines antipersonnelles pour les obliger à quitter leur territoire depuis la nuit des temps. Le guide libyen savait exactement la richesse minière du sous-sol des oasis du Sud et il voulait l’exploiter en se débarrassant des hommes qui y vivent.
L’heure de la revanche a sonné !
Le monde entier se souvient de la chevauchée fantastique des révolutionnaires de l’Est, appuyée par l’aviation de la coalition internationale. Lorsque l’avancée des rebelles semblait s’essouffler au mois de juin 2011 et que le doute s’installa au sein même du Conseil National de Transition (CNT) quant à la façon d’en venir à bout du régime de Mouammar Kadhafi, les toubous et les berbères ont senti le vent de la liberté souffler dans le désert. Pour les uns comme pour les autres, ce fut une occasion en or de s’affranchir enfin de décennies d’humiliation et de pauvreté. Longtemps parqués dans des boulots d’ouvriers, d’employés de maison, de toute sorte de tâches ingrates, ils espèrent et aspirent enfin à cultiver leur propre terre ; de troquer leur misérables taudis contre un vrai toit !
L’OTAN refusa de faire débarquer des soldats sur le sol libyen mais elle consentit à parachuter du matériel militaire dans le Djebel Nefoussa, au Nord-Ouest du pays. Les milices berbères de Zintan, autres peuples persécutés par le Guide libyen, se rapprochèrent des toubous de la province de Fezzan. La première offensive sur Al-Qatroum du mois de juin fut repoussée par les troupes loyalistes. Mais au mois d’août 2011, le « bataillon du bouclier du désert » emmené par le toubou Barka Wardougou – un ex-officier de l’armée libyenne mais également passé par la case prison sous le régime du Guide - prit le contrôle de l’oasis de Morzuk dans la province de Fezzan. Il s’agit d’un carrefour stratégique entre le Tchad, le Niger et l’Algérie ; un revers pour le clan Kadhafi car sa tribu – les Guedadfa – à la main mise politique et économique sur cette région de Sebha.
Fort de ces faits d’armes, les dirigeants toubous ont fait le déplacement à Benghazi, siège provisoire du CNT. « Il n’est pas question pour nous d’autonomie ou d’indépendance, nous voulons simplement participer à l’avènement de la nouvelle Libye » affirme un des leaders. Ainsi, un toubou a été nommé pour les représenter au sein du CNT. Ce n’est qu’un début car après la chute du régime, ils ont trusté les postes-clés de la transition de Sebha et Koufra. Ils surveillent les check-points et quadrillent les rues alors que les tribus arabes comme les Zwaï se contentent de contrôler le camp militaire et quelques dépôts d’armes.
Naissance des rivalités arabes et toubous
Jamais trafic de voitures volées, partant de Libye vers les pays du Sud, n’a autant prospéré que depuis la chute du colonel Kadhafi. Les toubous, fins connaisseurs du désert monopolisent le « marché ». Mais après plus de 40 ans de persécution, ils aspirent maintenant à sortir de cette engeance dans laquelle le régime les a cantonnés. De l’autre côté, les arabes estiment que la responsabilité administrative de Koufra et de Sebha leur revenaient.
Le flux migratoire sub-saharien dans la région de Fezzan a été favorisé par l’africanisme prôné par le Guide lorsque celui-ci fut rejeté par les pays arabes à la fin des années 1980. Ces travailleurs sont venus gonfler les rangs des toubous ; ils vivent dans les mêmes quartiers dans les villes comme Koufra ou Sebha.
Les tensions extrêmes entre les noirs et les arabes trouvent leur source dans cette forme de cohabitation. Toute cette région a été quelque peu négligée par le colonel Kadhafi au détriment des rivages de la Méditerranée. Nombre de libyens trouvent en ces voisins encombrants des victimes expiatoires de la politique africaine du dictateur. Le CNT réclame aujourd’hui un audit financier sur la holding financière créée par le guide libyen pour le continent africain : la Libyan African Investment Company (LAICO) dotée de 40 milliards USD. De l’argent de la rente pétrolière parti ailleurs sans que les autochtones n’aient pu en bénéficier !
Et pourtant, les toubous et les oueleds slimanes étaient des alliés ou plutôt des compagnons d’infortune. Car lorsque ces derniers ont été martyrisés par les autres tribus arabes, ce furent souvent les toubous qui volèrent à leur secours ou s’interposèrent en tant que médiateur. Les oueleds slimanes ont en effet fui la colonisation italienne pour se réfugier au Tchad. Ils sont rentrés au moment de l’avènement de Kadhafi, mais avec un statut social différent de ceux qui sont restés !
Touaregs, Berbères, Toubous même combat
Cette escalade de violences a commencé dès la fin de l’année 2011 du côté de Koufra. Et la région du Fezzan reste toujours sous tension, menace d’exploser d’un moment à l’autre. Sur le terrain, le CNT a envoyé des contingents pour s’interposer entre les combattants sans grand résultat. Ce gouvernement de transition a du mal à asseoir son autorité à Tripoli ; le problème du fin fond du désert n’est pas sa priorité de l’instant. Certains leaders toubous comme Issa Abdelmajid Mansour ne s’embarrassent plus pour déclarer que « le CNT et le régime Kadhafi ne sont pas différents ». Ils en appellent aujourd’hui à une intervention ou une médiation internationale de l’Union Européenne ou de l’ONU. La solution socioéconomique à long terme passe surtout par une redistribution équitable de la rente de la province de Fezzan. Sinon le risque d’extension du conflit vers le Tchad et le Niger n’est pas du tout à exclure. Et pourquoi pas une revendication d’autodétermination comme le MNLA au Mali ?
Comme pour les touaregs, les berbères et les toubous, les peuples qui vivent en lisière du désert de Sahara ont du mal à trouver leur place au sein des Etats-Nations ; notion juridique inadaptée à leur mode de vie séculaire.

Alex ZAKA

Carte
© Diasporas-News par Didier A.
Carte de la Lybie
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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 23:05

Le fondateur du groupe Ansar Eddine, Iyad Ag Ghali, exige l'instauration d'un régime islamique rigoriste dans le nord du Mali. Quitte à faire échouer l'alliance nouée avec la rébellion touarègue laïque du MNLA.

Au sein du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), la colère gronde. « On a fait des concessions en acceptant un État islamique, s'emporte un membre du mouvement sécessionniste. Maintenant, c'est à lui de faire des efforts. » « Lui », c'est Iyad Ag Ghali, fondateur du groupe islamiste Ansar Eddine. Au MNLA, on était sûr que cet enfant des Ifoghas, de la tribu Irayakan, reviendrait au bercail sans conditions. Las, au contact des salafistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), il a changé.

Désormais, celui qui se fait appeler Abou Fadil exige un État de l'Azawad wahhabite, dirigé selon les principes les plus rigoristes de la loi islamique. Ne s'exprimant plus qu'en arabe, il a tendance à prendre de haut ceux qui ont adopté la langue des mécréants. Au lieu de rompre avec ses alliés d'Aqmi, il propose à présent de leur faire une petite place dans la région. Des positions qui ont conduit, le 1er juin, à la rupture : en grande majorité favorable à un islam tolérant, le MNLA a récusé le protocole d'accord scellant la fusion avec Ansar Eddine. « On se bat pour la démocratie, pas pour [l'intégrisme], maugrée Nina Wallet Intalou, l'une des principales figures du MNLA, exilée en Mauritanie. Il est hors de question que je sois obligée de porter le niqab, ce n'est pas notre culture ! »

Légion verte

Comme beaucoup d'autres Touaregs, rebelles d'hier ou d'aujourd'hui, elle ne reconnaît plus le fringant « Iyad », amateur de bonne chère et de virées nocturnes. Celui qui savait parler et convaincre, « sans jamais un mot plus haut que l'autre », selon l'un des anciens de la rébellion de 1990. Et encore moins l'« Iyad » d'Abeïbara (région de Kidal), la ville où il est né, en 1958.

Fils d'un ancien guide colonial, il a arrêté ses études après l'école élémentaire, au début des années 1970. Le contexte de l'époque est difficile. La grande sécheresse de 1974 a décimé les troupeaux et contraint les populations à migrer vers de meilleurs pâturages : le Niger, l'Algérie, la Libye... C'est d'ailleurs dans ce pays qu'il touche sa première arme, enrôlé dans la Légion verte de Mouammar Kaddafi. Il fait le coup de feu en Palestine, dans la bande d'Aouzou (Tchad), au Liban aussi. Et c'est fort de son expérience de guerrier qu'en 1990, de retour au Mali, il se donne une nouvelle mission : libérer les Touaregs du joug des « Sudistes ». À la tête du Mouvement populaire pour la libération de l'Azawad (MPLA), Iyad Ag Ghali rassemble derrière lui tous les « Blancs », Touaregs et Arabes. En 2006, lorsqu'il prend la tête d'une nouvelle rébellion, il ne fait plus autant l'unanimité : les peuples du Nord sont las de la guerre. Sans compter qu'« il n'y avait que les chefs qui tiraient leur épingle du jeu », se souvient, amer, un ex-combattant.

Proximité avec les cercles salafistes

Mais Ag Ghali reste influent dans sa région d'origine. Depuis son premier séjour à La Mecque, en 2003, il passe même pour un sage. Usant de son entregent, il parvient à se faire nommer vice-consul du Mali en Arabie saoudite. Entré en fonction en 2008, il n'occupera ce poste que deux ans avant d'être rappelé à Bamako, en raison de sa « trop grande proximité avec des cercles salafistes », soutient-on dans l'entourage de l'ex-président Amadou Toumani Touré. Une proximité que le pouvoir utilisera néanmoins pour obtenir la libération d'otages, comme celle du Français Pierre Camatte en février 2010.

Soutenu financièrement par Aqmi, renforcé par les ralliements de jeunes Touaregs, Iyad Ag Ghali pourrait bien disputer au MNLA - et à son chef militaire, Mohamed Ag Najim - le leadership dans la zone. « C'est un homme de pouvoir, et il fera tout pour l'obtenir », prédisait un de ses anciens compagnons d'armes au début du conflit, en janvier. Au risque d'embraser l'Azawad ?

Jeuneafrique

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