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23 août 2012 4 23 /08 /août /2012 14:37

Au Tchad, les travailleurs de l’Etat entrent dans leur cinquième semaine de grève générale pour réclamer une hausse des salaires en vertu d'un accord entre leurs syndicats et le gouvernement en fin d'année dernière. Après que le président Idriss Déby Itno ait estimé impossible la satisfaction de leur revendication. 

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Reclus ces temps-ci dans son palais de marbre pour question de sécurité comme le laissent entendre les rumeurs n’djaménoises, Idriss Déby Itno a raté l’occasion d’une remarquable sortie ce 11 août 2012.  A part montrer lors du défilé militaire ses muscles par une exposition de ses engins de guerre comme pour décourager toute velléité hostile, il n’aura pas rehaussé d’un cachet particulier la commémoration du 52ème anniversaire d’indépendance du Tchad par une annonce importante sur la grave crise sociale que traverse le pays. Crise marquée par une grève générale des agents de l’Etat, qui entre dans sa cinquième semaine. Ceci pour exiger le respect d’un accord d’augmentation de salaires signé en fin 2011 entre leurs syndicats et le gouvernement.

Interrogé par la presse locale, Idriss Déby a répondu par l’évitement et la bravade verbale. Se parant de sa tunique de faux démocrate pour l’occasion, il refuse tout compromis et propose ni plus ni moins que de se remettre à l’arbitrage du peuple sur l’opportunité de relever les salaires des fonctionnaires. « On prend l’ensemble de nos ressources : douanes, domaines, contribuables, tous avec un peu de ressources du pétrole pour payer uniquement le salaire. On a crevé le plafond. On ne peut pas aller plus loin que cela, c’est impossible. A moins qu’il y ait un miracle, que nous ayons d’autres puits à mettre en valeur, d’autres ressources minières qui nous apportent plus », tranche-t-il sec avant de lâcher, dépité : « Si c’est ce que les Tchadiens veulent, je suis prêt à organiser un referendum national. Auquel cas, on va consacrer l’ensemble des ressources au salaire, nous mangerons et nous resterons comme le font certains pays qui le regrettent ! » C’est limpide, Idriss Déby Itno refuse, à moins que le peuple en décide autrement, de concéder aux ouvriers de la République la légitime revalorisation de leurs salaires qui ne permettent plus déjà de vivre décemment dans l’une des cités les plus chères au monde.  Il explique sa position par la volatilité des ressources notamment des revenus pétroliers qui ne permettraient pas d’assurer une hausse soutenue de ces salaires. A moins, indique-t-il, de revenir sur un certain nombre d’investissements entrepris pour moderniser le pays notamment dans le domaine des infrastructures, de la santé et de l’agro-pastoral, pour ne citer que ceux-là. 

Autrement dit, Idriss Déby Itno remet même en cause l’accord conclu en fin d’année passée avec les différents syndicats pour revaloriser graduellement les salaires à hauteur de 40% d’ici à 2014. Soit 2 ans avant les prochaines échéances électorales.  

Pour le moins qu’on puisse dire, le président Déby, comme à ses habitudes, peine à convaincre. Surtout si l’on se fonde sur la manière dont les ressources du pays sont gérées. Son raisonnement ne tient pas la route au regard des réalités vécues. D’abord, il était temps depuis fort longtemps que la grille salariale de l’ensemble de la fonction publique soit revue à la hausse. Cette grille, qui date pratiquement comme par hasard de l’indépendance en 1960,  malgré d’infimes concessions particulières au secteur de la santé et de l’éducation, n’épouse pas l’évolution des données macro-économiques du pays dopées alors par les perspectives pétrolières. Une revalorisation à hauteur de ce qui est promis en étalement aujourd’hui d’ici à 2014 s’imposait d’ailleurs déjà dans la phase de construction du projet pétrolier si le pouvoir était déjà responsable et avait d’égards pour ses travailleurs. Ça ne devait être que justice pour une catégorie qui, en plus de porter alors tout le poids de la société, avait été rudement mise à contribution pour soutenir les efforts de guerre et de reconstruction en acceptant de mettre entre parenthèses une décennie durant  ses émoluments normaux pour vivoter avec un demi-salaire conjoncturel. Idriss Déby rétorquera qu’à cette époque les ressources ne pouvaient soutenir une telle perspective. Mais à regarder de plus près ce à quoi les bonus pétroliers et par la suite les royalties concédées par le consortium avaient servi, il est permis d’en douter.  Une saine gestion et l’économie des énormes dépenses militaires et du train de vie déjà débordant des tenants du pouvoir et de la parentèle tribale ayant mainmise sur les régies financières du pays auraient bien suffit à rendre possible une telle option. C’est sur ce second point-là justement que l’on peine à comprendre Idi. Il est intenable, affirme-t-il, de soutenir 400 milliards de masse salariale par an ; un chiffre qui nous semble déjà exagéré et reste à vérifier.  La dilapidation, le pillage des ressources et le détournement des deniers publics qui ont toujours court dans une ambiance de folklorique moralisation publique font sonner comme un prêche dans le désert les propos d’Idriss Déby Itno. 

A moins de fermer les yeux et de demeurer un « président-partisan », il devrait se rendre à l’évidence qu’une catégorie de citoyens, pour en partie ses parents, vit largement au-dessus de la République. Ceci aux dépens des finances publiques siphonnées par diverses méthodes prédatrices dont ils ont le secret. Encouragés en cela qu’ils sont par une impunité problématique dont les racines sont à trouver dans des vices antédiluviens et non républicains qu’il est temps d’abandonner.  Avec les dépenses publiques qui se matérialisent régulièrement par des achats en des centaines de moyens roulants rutilants et plusieurs autres acquisitions,  les énormes manques à gagner entraînés par les attributions opaques des marchés publics, les surfacturations de nombreux chantiers d’infrastructures dont certains sont d’ailleurs laissés à l’abandon, les cadeaux fiscaux hors normes accordés à certaines entreprises et autres individus, la gestion ou la tenue personnelle et familiale des finances de certaines régies notamment des douanes et droits indirects,  etc.,  il est incohérent de soutenir que les ressources manquent pour payer aux travailleurs ce qu’ils méritent.  Que fait-on des énormes entrées fiscales dont on dit sur la blogosphère tchadienne - jamais démentie officiellement - qu’elles alimentent un compte privé logé dans une des banques commerciales de la place et dont l’actuel DG des douanes, frère du président, serait le seul ordonnateur sur lequel le trésor public n’aurait plus aucune emprise ? A ce sujet, les experts en conviennent, il est impensable qu’avec une assiette fiscale sans cesse élargie (quelques fois à l’humeur prédatrice dudit DG en dehors ainsi de tout cadre législatif) dans un pays qui importe toujours plus qu’il n’exporte, l’on ait des recettes réduites comme nous le rabâchent les responsables adeptes de détournements !

D’où viennent les ressources qui soutiennent le train de vie extravagant et les faramineux investissements de certaines pontes du pouvoir et de la plupart des parents tribaux du président de la République ? Comme ces villas et châteaux onéreux qui poussent comme des champignons à travers le pays? On ne voit pas où ils vont puiser leurs arguments financiers si ce n’est forcément, d’une manière ou d’une autre, dans les ressources de l’Etat. A moins, comme le veut la phraséologie officielle d’une singulière « renaissance » qui fait désormais du Tchad le champion toute catégorie d’un curieux progrès en Afrique centrale, qu’ils  soient eux aussi entrepreneurs d’un nouveau genre qui tirent toutes ces ressources de créneaux novateurs et très porteurs… ! Ce qu’il est permis d’en douter.

Assurément, plus que la soutenabilité de la masse salariale résultant d’une revalorisation, c’est la position d’Idriss Déby Itno qui est intenable. Plutôt que d’œuvrer à la remise en ordre de l’appareil étatique par un nettoyage de ses écuries d’Augias, il préfère la bravade avec les syndicats.  La fin des faveurs et des sauf-conduits partisans et tribaux, de l’impunité débouchant sur une réelle moralisation de la gestion publique, une orthodoxie financière et une transparence de la gouvernance économique du pays, sont pourtant à même de permettre à toutes les couches socioprofessionnelles de vivre dignement et honnêtement de leur labeur.  Les agents de l’Etat qui n’ont que trop trimé le méritent amplement. Que certaines voix équivoques pointent l’improductivité de cette fonction publique pour soutenir la position d’Idi, n’est pas suffisant pour saper le bien-fondé de la revendication des travailleurs. Cela est un autre débat qui risque de mettre une fois de plus en exergue les carences de l’Etat même qu’incarne Idriss Déby Itno.

Reste que le bras de fer entamé depuis des semaines par les syndicats est assez légitime. Mais comme Idriss Déby porte si bien son second prénom, il  se « débi(y) ne » et passe outre les actions salutaires pour proposer sa solution idoine : un référendum populaire sur la question.  Sachant que les scrutins chez lui n’ont de démocratique que le nom, il espère évacuer comme toujours le problème par la confiscation des réelles aspirations de ses sujets dans des urnes détournées.  Une fois de plus, en refusant d’attaquer les causes des problèmes de front, Déby préfère préserver des privilèges partisans contre la légitime revendication de l’écrasante majorité condamnée à broyer du noir. Aussi donne-t-il la preuve supplémentaire que ses discours ne sonnent en bien que pour ses parents. Lesquels peuvent continuer à vivre dans l’opulence en attendant que les puits de pétrole ne tarissent. Pendant que lui sert le discours d’austérité au Tchad réel réduit à vivre des miettes. Curieuse phraséologie que celle d’un chef qui passe pour veiller au bien de tous ! Les travailleurs du public ne sauraient demeurer les parents pauvres de l’embellie pétrolière ! A eux d’en juger et savoir refuser de se faire tourner une fois de plus, sinon à jamais, en bourriques.

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22 août 2012 3 22 /08 /août /2012 15:45
Hclinton-Afrique cAFP
 
Accusé par l'opposition de ne rien faire pour accélérer le commerce des États-Unis avec l'Afrique face à la poussée chinoise, le gouvernement démocrate tente de reprendre la main.
Depuis le début de l'été, l'administration Obama a pris plusieurs décisions pour répondre à ceux qui s'inquiètent du retard pris par les États-Unis en Afrique. Dans une interview accordée à Reuters, le Représentant américain au commerce Demetrios Marantis a résumé l'esprit de la stratégie africaine de l’administration Obama pour les cinq prochaines années : « le commerce et l’investissement seront les deux piliers de la politique du gouvernement américain vis-à-vis de l’Afrique subsaharienne ». Une manière de répondre à l'amer constat du sénateur démocrate Dick Durbin : « J’entends de plus en plus souvent que les États-Unis ont abandonné l’Afrique en tant que marché. Pendant que nous aidons à façonner les institutions, la Chine et les autres conquièrent les marchés et nous laissent derrière. »
Début juin, le gouvernement a produit un document intitulé « Stratégie américaine en Afrique subsaharienne » censé redéfinir la relation économique entre les deux zones. Cette étude présente l’Afrique comme la prochaine success-story économique mondiale et promet de travailler à lever les obstacles au commerce et à l’investissement. Il faut dire que, en 2010, les investissements américains en direction de l’Afrique subsaharienne ont atteint seulement 3,2 milliards de dollars, à comparer avec les 36 milliards en provenance du reste du monde, notamment de Chine.
Insatisfaction du monde des affaires
Malgré les promesses du gouvernement, les entreprises américaines actives en Afrique estiment ne pas avoir été suffisamment consultées dans l'élaboration de ce document. Cité par Reuters, Stephen Hayes, président du Corporate Council on Africa, une organisation professionnelle, pense d'ailleurs qu'il ne contient pas grand-chose de nouveau : « Le gouvernement doit faire encore plus pour permettre aux entreprises américaines de concurrencer les sociétés étatiques chinoises ainsi que d’autres entreprises étrangères. »

Le gouvernement doit faire plus pour permettre aux entreprises américaines de concurrencer (...) les sociétés étrangères.
Stephen Hayes, Corporate Council on Africa

Pour le moment, la politique commerciale américaine repose sur le traité Agoa, entré en vigueur en 2000 et qui doit se prolonger jusqu’en 2015. Ce traité supprime les droits de douane pour une longue liste de produits en provenance des pays africains éligibles. Le Congrès américain a récemment prolongé la durée de vie de la disposition liée au textile de ce traité, mais seulement deux mois avant son expiration. Dans la période d'incertitude qui a précédé cette décision, beaucoup de commandes ont été annulées. Demetrios Marantis insiste sur le fait qu’il est nécessaire de ne pas s’y prendre en 2015 pour prolonger les accords Agoa.
Soutenir la US Ex-Im Bank
Si la récente visite de la secrétaire d’État Hillary Clinton peut paraître plus symbolique qu’autre chose, étant donné que le mandat de Barack Obama touche à sa fin, certaines décisions ont semblé convaincre les entreprises américaines, notamment l’idée de promouvoir l’intégration régionale. Les États-Unis ont entamé des discussions avec les cinq pays de la Communauté d’Afrique de l’Est à propos d’un pacte d’investissement et voudraient conclure un traité avec Maurice et peut-être même le Ghana.
Le rôle de la Export-Import Bank américaine pourrait également être renforcé face à sa très puissante concurrente chinoise. Elle a ainsi récemment annoncé qu’elle aiderait à financer pour 2 milliards de dollars d’exportations américaines vers l'Afrique du Sud dans le domaine des énergies renouvelables, dans les sept ou huit prochaines années. Cette année, le portefeuille de prêts détenu par la banque en Afrique subsaharienne a atteint 5 milliards de dollars sur lesquels 1,5 milliard ont été accordés dans les huit premiers mois de l’année, un record. Mais le Congrès rechigne à augmenter sa puissance de feu et à faire d'elle l'égale de son homologue chinoise.
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22 août 2012 3 22 /08 /août /2012 15:37

60.000 Dollars soit trente millions de FCFA viennent d’être octroyés par les USA à cinq associations. Ce don vise à appuyer les projets de protection des droits de l’Homme. La cérémonie de signature des conventions a eu lieu le 14 août 2012 à l’Ambassade des USA au Tchad.

Ce geste qui intervient après celui de 2005, permet d’accompagner le gouvernement du Tchad à travers les acteurs de la société civile, dans l’optique de bâtir l’édifice pour la consolidation de la démocratie.

Ce sont au total cinq associations, œuvrant dans le domaine des droits de l’homme, la cohabitation pacifique, une meilleure connaissance de la décentralisation et de la citoyenneté qui vont bénéficier de cette aide. Il s’agit notamment de Réseaux des Organisation rurales pour le Développement Economique et Social (RORDES), l’Association Union des Jeunes pour l’Amitié sans Frontières, l’ONG Kesse Ku Bria, Droit de l’Homme Sans Frontière et de la Commission Diocésaine Justice et Paix de N’Djaména.

Le chargé des Affaires de l’Ambassade des USA au Tchad M. Todd Holmostrom qui a tout d’abord félicité les organisations de la société civile pour leurs actions en faveur des droits de l’Homme, a indiqué que le Président Obama réaffirme toujours son soutien à la politique de l’Afrique subsaharienne pour la consolidation de la démocratie et l’émergence économique. Cela se traduit en ces termes : « chaque année de tels crédits sont mis à la disposition pour appuyer les efforts menés par les organisations de la société civile qui œuvrent chacune à sa manière à l’instauration d’un Etat de droits. » a-t-il poursuivi.

Ravi de l’aboutissement de cette convention, l’un des responsables desdites organisations, M. Deuzoumbé Daniel Passalet, président des Droits de l’Homme Sans Frontière a relevé que le geste combien salvateur vient à point nommé pour son organisation. Car selon lui, cela servira à un meilleur suivi de droit des justiciables afin de favoriser la mise en place d’une bonne justice. Le président de la Commission Diocésaine Justice et Paix de N’Djaména, s’est réjouie de cette convention qui permettra, selon elle, de former les leaders religieux et les jeunes dans le cadre de la culture de la paix et de la cohabitation pacifique.

Payang Paul et Atangana Christelle (stagiaire)

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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 18:27

Dioncounda Traoré aux côtés de Cheick Modibo Diarra, le 27 juillet à Bamako. © Habibou Kouyaté.

Le président malien de transition, Dioncounda Traoré, a signé lundi 20 août le décret portant formation du nouveau gouvernement d'union nationale réclamé par la Cedeao. Intégrant des représentants des différents groupements politiques maliens, la nouvelle équipe a un objectif prioritaire : la reconquête du Nord-Mali, occupé par des islamistes armés.

Le remaniement tant attendu à Bamako a été annoncé lundi 21 août au soir par un décret présidentiel diffusé dans les médias publics. Il ne s’agit pas d’une refonte totale de l’exécutif mais bien d’un réaménagement permettant d’atteindre l’objectif d’unité nationale recherché par le président de transition, Dionconda Traoré, qui a reconduit son Premier ministre Cheick Modibo Diarra.

Premier enseignement : la nouvelle équipe de 31 ministres (contre 24 dans la précédente), dont quatre femmes, compte des représentants de presque tous les regroupements politiques maliens. Au premier rang desquels le Front pour la démocratie et la République (FDR, front anti-putsch), dont le vice-président, Tiéman Coulibaly, entre au gouvernement en qualité de ministre des Affaires étrangères. Également président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD), le nouveau chef de la diplomatie s’était opposé très tôt au putsch du 22 mars contre le président Amadou Toumani Touré.

La religion entre au gouvernement

Il remplace Sadio Lamine Sow, réputé proche du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur la Cedeao dans la crise malienne. Autre changement notable : l‘ancien haut-fonctionnaire des Nations-Unies, Hamadoun Touré, cède le portefeuille de la Communication à Bruno Maïga, qui était ministre délégué dans le précédent gouvernement.

Deuxième enseignement : alors que le Mali est un pays constitutionnellement laïc, un ministère des Affaires religieuses et du Culte est crée. Confié au Docteur Yacouba Traoré, celui-ci sanctionne en quelque sorte l’importance du débat religieux et la montée de l’islamisme dans la société malienne.

Tiéman Coulibaly : "La priorité sera la reconquête du Nord"

Le nouveau chef de la diplomatie malienne, Tiéman Coulibaly, était interrogé mardi 22 août sur Radio France International (RFI). « C’est un honneur et une lourde tâche, il va falloir rapidement se mettre au travail », a-t-il dit à propos de sa nomination. D’après lui, la priorité sera « la reconquête et la libération du Nord des forces de l’obscurantisme qui l’occupent actuellement. » Sur le plan politique, le vice-président du Front du refus, la coalition qui s'était opposée au coup d’État du 22 mars dernier, a estimé que « l’essentiel des sensibilités étaient représentées dans le nouveau gouvernement d’union nationale » et que tout le monde était « gagnant ».

La place des militaires

Troisième enseignement : les militaires maliens gardent les ministères stratégiques qu’ils avaient précédemment conquis. Ainsi, parmi les ministres reconduits à leurs postes, figurent un colonel-major à la Défense (Yamoussa Camara), un général à la Sécurité (Tiéfing Konaté), un colonel à l'Administration territoriale (Moussa Sinko Coulibaly). Restent en place également des civils comme Malick Coulibaly à la Justice et Soumana Makadji à la Santé.

La formation du gouvernement d’union nationale répond à un ultimatum de la Cedeao, excédée par les atermoiements de la classe politique malienne et l’inefficacité du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, apparemment incapable d'exercer un réel leadership sur la transition et les militaires putschistes.

Le 7 juillet dernier, les chefs d'Etat l’organisation régionale avaient fixé au 31 juillet la date limite pour la formation d'un nouvel exécutif politiquement stable pour pouvoir partir à la reconquête du Nord, occupé par les islamistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). L’ultimatum avait ensuite été prorogé, la menace d’exclusion de la Cedeao s’éloignant pour le Mali. La Cedeao prépare l'éventuel déploiement au Mali de quelque 3 300 soldats mais les contours de cette force, logistiquement soutenue par plusieurs pays occidentaux, restent encore flous. Elle attend qu'une demande formelle de soutien soit formulée par le pouvoir de transition à Bamako, ainsi qu'un plan détaillé d'intervention permettant d'obtenir un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU.

Jeuneafrique

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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 17:56

Le chef d'Aqmi, Abdelmalek Droukdel.

L'émir d'Aqmi Necib Tayeb, un des proches d’Abdelmalek Droukdel - le chef du mouvement djihadiste au maghreb- , a été intercepté dans le sud de l’Algérie, le 15 août, alors qu’il se dirigeait vers le Sahel pour une mission de première importance. 

C’est un coup dur pour les djihadistes d’Aqmi. D’après une dépêche de l'APS, l’agence de presse officielle algérienne, « trois dangereux terroristes » ont été arrêtés, mercredi 15 août, au niveau d'un barrage dressé par les forces de sécurité à l'entrée de la ville de Berriane (Ghardaïa). Parmi eux se trouvait l'émir d'Aqmi, Necib Tayeb, alias Abderrahmane Abou Ishak Essoufi, l'un des plus anciens membres de l'organisation terroriste.

Chef de la « commission juridique » d’Aqmi et membre de son « conseil des notables », Necib Tayeb était l’un des bras droit de l’émir national Abdelmalek Droukdel. Ancien du Groupe islamique armé (GIA) puis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), il était recherché depuis 1995.

Les trois hommes, qui circulaient armés à bord d’un 4x4, ont été arrêtés à un barrage des forces spéciales de l’Armée nationale populaire (ANP). Les militaires ont récupéré trois pistolets automatiques et des documents lors de l’interpellation.

Luttes internes

D’après une source citée par l'APS, ils se dirigeaient vers le Sahel sur ordre de Droukdel pour y accomplir une mission de première importance : « réunir les émirs d’Aqmi du Sahel, à l’instar de Belmokhtar Mokhtar, Abdelhamid Abou Zeid et Nabil Abou Alkama, en vue de mettre un terme aux différends et conflits qui opposent les chefferies du Sahel entre elles et à celle du nord ».

L’organisation djihadiste est en effet tiraillée par les luttes internes entre ses différents chefs. Abdelmalek Droukdel, réfugié dans les montagnes de Kabylie, contrôle de moins en moins la montée en puissance de ses deux lieutenants Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeïd, actuellement maîtres du Nord-Mali avec d’autres groupes islamistes armés. Le premier patrouillerait dans la région de Gao et le second aurait élu domicile à Tombouctou. Chacun, depuis son fief respectif, tente de prendre le dessus sur son concurrent. Au grand dam de la "direction nationale" de l'organisation terroriste, qui peine à remettre de l'ordre dans ses rangs.

Jeuneafrique

 

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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 17:52




Jeune Nigérienne, à Niamey, en juin. Les cas de malnutrition se sont multipliés au Niger depuis avril, selon l'Unicef.

RICHARD VALDMANIS/REUTERS

L'abondance actuelle de la végétation dans la bande sahélienne est un trompe-l'oeil. Car les débuts encourageants de la saison des pluies n'empêchent pas les effets des précipitations erratiques de 2011, à l'origine de récoltes médiocres, de se faire sentir aujourd'hui. Les pays du Sahel traversent une nouvelle crise alimentaire, après celles survenues en 2005 et en 2010.

Selon les Nations unies, ce nouvel épisode touche environ 18 millions de personnes, vivant pour l'essentiel au Niger, au Mali, au Tchad et en Mauritanie. Plus d'un million d'enfants sahéliens de moins de 5 ans devraient être traités, en 2012, pour malnutrition sévère, ce qui constitue, selon Médecins sans frontières (MSF), un chiffre jamais atteint dans l'histoire des interventions humanitaires.

La fréquentation des centres de récupération nutritionnelle est actuellement au plus haut, estime le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). " Le nombre de nouveaux cas de malnutrition sévère traités au Niger est d'un millier par jour depuis avril ", assure Martin Dawes, son responsable régional de la communication. La situation est particulièrement critique au Tchad, où le taux de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 5 ans dépasse le seuil d'urgence de 15 % dans neuf régions sur onze, selon l'Unicef.

La période de " soudure ", qui correspond à l'épuisement des réserves alimentaires des foyers, a démarré particulièrement tôt en 2012, dès le mois de février pour certains. Elle doit se poursuivre jusqu'aux prochaines récoltes, attendues en octobre. Dans l'intervalle, les ménages dépendent de la disponibilité des céréales sur les marchés.

Or, l'augmentation des prix alimentaires barre l'accès à ces marchés aux populations les plus vulnérables. Selon l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid), le prix du mil était, en juin, de 10 % à 80 % supérieur à la moyenne saisonnière.

La mise en oeuvre précoce - dès la fin 2011 - d'une réponse de la plupart des Etats concernés, des institutions internationales et des organisations non gouvernementales (ONG) a toutefois permis, à la différence des épisodes précédents, de limiter l'ampleur de la crise. Des distributions d'argent et de vivres auprès des populations les plus vulnérables, ainsi que des ventes de céréales à prix subventionnés, ont été effectuées préventivement.

Des aliments thérapeutiques ont aussi été acheminés vers les centres de récupération nutritionnelle, afin que ceux-ci soient prêts à répondre à l'afflux de patients attendu à la saison des pluies, quand le paludisme et les diarrhées fragilisent les enfants. " La rapidité de réaction des donateurs a permis d'éviter que la crise se transforme en désastre ", affirme Martin Dawes.

Les Nations unies estiment à 1,6 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros) les besoins en financements, mais les engagements pris par les donateurs ne correspondent qu'à un peu plus de la moitié de cette somme. L'aide d'urgence reste largement privilégiée par rapport aux actions permettant de s'attaquer aux causes structurelles de ces crises à répétition. " On parle beaucoup de résilience et d'un nécessaire changement de paradigme, mais l'attitude des donateurs ne change pas vraiment ", note Gaëlle Bausson, porte-parole de l'ONG Oxfam au Niger.

La nouvelle saison des pluies a démarré assez tôt (dès mai dans certaines régions) et les précipitations se sont montrées soutenues et régulières, ce qui a eu pour effet de soulager les populations pastorales en remplissant les mares et en stimulant la croissance des pâturages. Même si elles ont aussi provoqué des inondations dans certaines régions. " Les données dont nous disposons sont, à quelques exceptions près, encourageantes ", estime Martin Morand, responsable régional d'Action contre la faim (ACF).

Malgré la perspective de bonnes récoltes, il est cependant encore trop tôt pour se réjouir. Les habitants du Sahel se trouvent en effet face à une quadruple menace : l'augmentation des prix alimentaires mondiaux - qui pèse particulièrement sur les pays à faible revenu -, l'instabilité politique au Mali, la recrudescence du choléra et la présence de criquets pèlerins dans le nord du Mali et du Niger.

Ces ravageurs des cultures, venus des confins de l'Algérie et de la Libye, ont trouvé dans le " Sahel des pâturages " un cadre favorable à leur reproduction. Pour la suite, tout va dépendre des pluies. " Si les régions où ils se trouvent actuellement se dessèchent, ils risquent de descendre vers le Sahel des cultures en septembre, affirme Annie Monard, de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Nous sommes dans l'expectative. "

Une infestation de grande ampleur pourrait menacer la sécurité alimentaire de 50 millions de personnes, estiment les Nations unies. Des équipes de surveillance sont actuellement déployées au Niger et dans la partie du Mali restée sous le contrôle du gouvernement central. Une réunion des experts régionaux est prévue du 3 au 5 septembre à Nouakchott, en Mauritanie. Mais l'impossibilité d'intervenir dans le nord du Mali, en raison de la rébellion en cours, augmente les risques.

De même, la présence de plus de 260 000 réfugiés maliens dans les pays limitrophes a aggravé la crise alimentaire, en accroissant la pression sur les vivres disponibles. Enfin, les camps de réfugiés sont un lieu particulièrement propice à la propagation du choléra, apparu début 2012 dans la région.

Selon l'Unicef, 29 000 cas et 700 décès ont été rapportés en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale depuis le début de l'année. Les pays côtiers - notamment le Sierra Leone, où 176 décès ont été recensés - et la boucle du Niger sont particulièrement touchés. " C'est excessivement inquiétant, avertit le responsable régional d'Action contre la faim, Dans un contexte de crise alimentaire et alors que les populations sont déjà affaiblies. "

Gilles van Kote

© Le Monde
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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 22:11
Journaux traités : L'Info, N'Djaména Bi-hebdo, Le Progrès, le Temps, La Voix et Notre Temps.

La semaine du 06 au 11 août 2012 a été largement marquée par la visite des maires dans les différents arrondissements de N'Djaména, la controverse autour de l'annulation du Baccalauréat 2012, la tension sociale et la visite du ministre français des Affaires étrangères au Tchad.

Difficile circuler à N'Djaména pendant la saison de pluie

Dans sa livraison du 06 au 08 aout 2012, le journal gouvernemental L'Info fait échos d'une série de visite du Maire de la ville de N'Djaména Djimet Ibet et les maires d'arrondissements pour constater de visu l'état des lieux des inondations et dégâts causés par la saison des pluies. Constat; certains quartiers sont coupés du reste de la ville et d'autres sont difficiles d'accès. Il se pose véritablement un problème d'évacuation des eaux,d'aménagement des voies urbaines, écrit L'Info. Pour pallier ces maux, rapporte le Bi-hebdomadaire, le Maire de la ville de N'Djaména entend utiliser tout ce qui est à son pouvoir pour désenclaver les différents quartiers, notamment en termes d'aménagement des routes et d'évacuation des eaux. Concernant toujours les inondations dans la ville, le quotidien Le Progrès N°3451 du 08août 2012, publie dans ses colonnes un reportage sur les ponts construits pardes privés pour désenclaver certains quartiers dont l'accès est coupé du reste de la ville. Le journal appuie l'article par une photo d'un pont artisanal d'environs un kilomètre de long construit en planche soutenu par des lambourdes et chevrons dont le propriétaire aurait déboursé une somme de 10 millions pourles travaux. Ce pont relie les quartiers Gozator et Angabo dans le 8ème arrondissement de la capitale. Une initiative privée qui suscite de débats autour du prix de la traversée qui varie de 25 francs à 100 francs.

Controverse autour du Baccalauréat 2012

Dans un point de presse daté du 4 aout 2012, publié dans L'Info du 09 au 12 aout 2012, le Premier Ministre Emmanuel Nadingar exprime le mécontentement de son gouvernement suite à la publication desrésultats du baccalauréat 2012 dont certains candidats ont été repêchés avecune note de 8,25 sur 20. Pour le Chef du gouvernement, ce résultat est en contradiction avec le décret N° 525/PM/MESRFP/2010 qui stipule en son article 25 que "sontdéclarés admis, après délibération du jury, les candidats ayant obtenu une moyenne supérieure ou égale à 10/20". Ainsi, le gouvernement a décidé d'annuler ce baccalauréat en prenant un certain nombre de mesures. Le Ministre de l'Enseignement supérieur est instruit de réunir le jury afin de reconsidérer les résultats en annulant ceux des candidats ayant obtenu une note inférieure à 10/20 comme l'exige ce décret. Les candidats qui ontobtenu une moyenne supérieure ou égale à 10/20 devront être confirmés dans leur admission. Vu les effets préjudiciables pour les uns et les autres et pour des raisons d'équité et de justice, le gouvernement décide d'organiser une nouvelle session du Bac en octobre 2012 pour tous les autres candidats sans exception,conclu le point de presse de la primature. Concernant l'annulation du Bac, le quotidien Le Progrès, dans salivraison du 06 aout 2012 publie un article consacré à la nomination du Ministre de l'Enseignement supérieur, Mackaye Taïsso, au lendemain du limogeage de son prédécesseur, Ahmat DjiddaMahamat. Mackaye Taïsso n'est pas un inconnu du milieu de l'enseignement supérieur, note le journal. Récemment nommé directeur du Centre National d'Appui à la Recherche (CNAR), il a était le premier directeur général de l'Office National des Examens et Concours (ONECS).Concernant justement le limogeage du ministre sortant, l'hebdomadaire L'Observateur dans sa parution du 08 août 2012, titre "Gouvernement Nadingar II :10 ministres congédiés sur 40 !".  Selon le confrère, le limogeage des membres du gouvernement est en passe de devenir un fait banal au Tchad. En plus de ce scandale du Bac 2012, Ahamat Djidda Mahamat traine t-il des casseroles de sa gestion de la Compagnie sucrière du Tchad ? s'interroge lejournal. Notre Temps du 503 du 08 au 15 août 2012, pour sa part, dresse un tableau des causes ayant entrainé la baisse de niveau au Tchad. D'après l'hebdomadaire, certaines mauvaises pratiques sont à l'origine de la crédibilité du Bac tchadien. Ces maux sont : la réduction intégrale des anciens sujets de baccalauréat depuis 10 ans, la paresse des enseignants, les épreuves proposées avec beaucoup d'erreur et autres. Analysant toujours cette situation, le journal La Voix daté du 06 au 13 aout 2012, publie à sa Une la photo du Ministre sortant en titrant « Les dessous du limogeage de Ahmat Djidda Mahamat ». Suite au limogeage du Ministre de l' Enseignement supérieur, le Parti Alnasour réagit par la voix de son président Mahamat Annadif Youssouf. Le quotidien Le Progrès N°3451 du 08 août 2012, rapporte que dans un Point de presse rendu public le 7 août 2012, le Parti Alnasour trouve que ce limogeage ne consolide pas la cohésion nationale et dénonce le complot orchestré par un groupe de personnes qui induisent leshautes autorités en erreur dans la prise des décisions. Le Parti demande qu'une enquête parlementaire impartiale et transparente soit diligentée pour ne pas incriminer injustementles personnalités de bonne moralité victimes d'une conspiration d'un groupe d'intérêt, rapporte le tabloïde.

Visite du Ministrefrançais des affaires étrangères au Tchad

Tchad/France : des relations resserrées ? S'interroge sommairement l'hebdomadaire Le Temps N°753 du 1er août au 05 septembre 2012 en publiant à la Une, une photo du Ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, reçu par le Président Idriss Déby Itno au palais présidentiel. Cette visite a pour objectif de faire le tour d'horizon des questions liées aux relations bilatérales entre les deux pays et la situation sécuritaire en Afrique et particulièrement au Mali. Pour sa part, l'hebdomadaire La Voix N° 166 du 06 au 13 aoôt 2012 fait une analyse des conséquences d'une éventuelle intervention du Tchad dans la crise au nord du Mali. Selon le journal, d'après les informations fournies par un expert français, l'intervention militaire du Tchad au Mali risquerait d'attirer la colère des terroristes pour intenter des attentats au Tchad. Dans cette hypothèse, poursuit l'hebdomadaire, le Tchad aura-t-il les moyens sécuritaires nécessaires pour barrer la route aux éventuelles menaces terroristes sur son sol ?

Commémoration de l'an 1 de la renaissance

« Des promesses, des réalisations », titre sommairement le journal gouvernemental L'Info en prélude à la commémoration du 1er anniversaire de l'investiture du président Idriss Déby Itno pour son 4è memandat. Dans cette livraison du 06 au 08aout 2012, le bihebdomadaire passe en revue, les différentes réalisations etgrands projets entrepris par le Président Idriss Déby Itno baptisée « Larenaissance ». Il s'agit, entre autres, de la raffinerie de Djarmaya, la Centrale électrique de Farcha, le Programme de sécurité alimentaire, le projetde construction des aéroports, de la voie ferrée, des infrastructures, du programmede soutien aux jeunes et bien d'autres.

Tension sociale

Le quotidien, Le Progrès daté du 06 aout 2012 fait écho d'une menace intervenue suite aux échecs de négocierions engagés entre l'Union des Syndicats des du Tchad (UST) et le gouvernement relatives au relèvement indiciaire de 115 à 150. Cesnégociations qui ont bénéficié de multiples médiations du Mouvement Patriotique du Salut, le parti au pouvoir et des conseillers à la présidence de la République n' ont pas abouti à la résolution decette crise, note le quotidien. Traitant la même question, L'Observateur N° 669 du 06 août2012, rapporte qu'au cours de l'assemblée générale des travailleurs tenu le samedi 04 août dernier, ils ont décidé de la reconduction de la grève avec unservice minimum. Par ailleurs, les travailleurs s'insurgent contre la décisiondu Ministre des Finances et de Budget de suspendre le paiement des salaires dumois de juillet. Si dans les 8 jours qui suivent, les salaires ne sont pas payer, les travailleurs menacent d'entamer une grève sèche, conclu le journal.

Affaire Toumaï AirTchad

« Crash programmé de Toumaï Air Tchad», titrel'hebdomadaire Notre Temps N° 503 du 08 au 15 juillet 2012. Le journal dessans voix fait une analyse des facteurs ayant conduit à la disparition de lacompagnie nationale tchadienne dans leciel de la sous région. Malgré les multiples investissements financiers proposépar l'Etat tchadien pour redresser cette faillite, la compagnie a fini parsombrer à cause de la mauvaise gestion des dirigeant, qui selon le journal,n'étaient que des apprentis sorciers, ne savaient pas quelle direction donnerni quelles décisions prendre pour rendre compétitive l'entreprise. Il dénonce une gestion famille de la compagniepar les tenants du pouvoir.

Malick Lelong 
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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 22:04
La Constitution d’un pays donné représente le contrat social du « vouloir-vivre ensemble » des membres de la collectivité concernée. Celle du Tchad du 14 avril 1996, modifiée par la loi constitutionnelle n° 08/PR/2005 du 15 juillet 2005 ne fait pas exception à la règle.

Le Titre II de ce document définit clairement les libertés, les droits fondamentaux et les devoirs de tous les tchadiens. L’Article 14 dispose que « l'État assure à tous l'égalité devant la loi sans distinction d'origine, de race, de sexe, de religion, d'opinion politique ou de position sociale ».
Mais dans la pratique quotidienne, au plus haut sommet de l’Etat, nous sommes aux antipodes de notre loi fondamentale. Dans cet article, nous démontrerons avec les faits que certains Tchadiens sont plus égaux que d’autres.
L’éditorial du bi- Hebdomadaire « Ndjamena Hebdo » NDJH N° 1476 du jeudi 02 Août au lundi 03 Septembre 2012 soulève le cas de la énième discrimination visant certains cadres méridionaux. Il y a eu ce cas d’école de l’annulation du concours d’entrée à la faculté de médecine pour excédant de lauréats sudistes par exemple, sans que cela ne pose aucun problème aux autorités. Il y a eu, bien entendu et comme toujours, le silence assourdissant des pontes sudistes du MPS ! Tout va bien au pays sauf que le Président nous a imposé un « Sara » à la tête de l’Assemblée laisserait tomber un cadre du MPS en voyage privé à Paris.
Malheureusement, il n’y a rien de nouveau. Il semblerait que le Camarade Président de l’UNIR s’assurait du nombre des Galmaye, Nokour, Karadjallah et autres Issa et Djiddi avant la publication des résultats du Baccalauréat ! Rien ne nous dit, à ce jour que l’on ait un terme à cette pratique !
Certains n’hésitent pas à comparer le Tchad à un butin de guerre et nous en administrent la preuve tous les jours !
Comme le fait remarquer Ndjamena Hebdo, « depuis pratiquement trente ans et au nom d'une supposée injustice pratiquée contre des ressortissants du BET par les régimes dirigés par des sudistes entre 1960 et 1979, les nouveaux pouvoirs nordistes ne mettent plus des gants. »
Petite question : si « les régimes sudistes » avaient été si exclusifs, d’où sont sortis ces nombreux cadres nordistes du FROLINAT et des FAN dès 1979, formés dans différentes universités à travers le monde ?
Quand le mensonge a duré trente ans, il devient la vérité, dit un proverbe ! Le retard supposé du Nord n’a pas été le fait des Sudistes, mais des Nordistes eux-mêmes car ce fut bien au Nord que les premières écoles furent ouvertes au début du XXème siècle ! Et l’historien Dr. Moctar Bachar Moctar l’a bien démontré dans ses nombreuses conférences en expliquant aux Tchadiens du Nord que la « victimisation » n’avait pas sa place dans un Tchad républicain..
Mais revenons aux exclusions rapportées par Ndjamena Hebdo et voir les moyens que les Tchadiens pourraient, à l’avenir, utiliser pour mettre un terme à ces pratiques d’un autre âge.
Il y a juste un mois, M. Djimadoum Mandekor, qui a été désigné Directeur National de la BEAC en remplacement de Christian Ngardoum a été remplacé alors qu’il attendait sa confirmation selon les règles de la BEAC, par M. Allamine Bourma Treye qui aurait exigé le poste. On se demande pourquoi donc M. Mandekor n’a-t-il pas porté plainte, avec l’appui de la Ligue Tchadienne des droits de l’homme, par exemple, pour un cas de discrimination aussi avérée ? La Ligue aurait certainement joué un rôle fondmental pour l’égalité des Tchadiens devant la Loi !
Et le pétrochimiste Yola Zongre Aguénadé ? Etait-il obligé d’accepter le poste de Conseiller ? Ou bien c’est cette peur que Deby sévirait si l’on refusait de s’exécuter qui la améné à accepter le poste au garage?
Bien évidemment, on ne demandera pas à un homme politique comme Dr. Nagoum Yamassoum, malgré ses compétences, de se rebiffer (après tout il a bien réussi), car ce sera certainement ne pas suivre la discipline du Parti !
Dans cette division de travail où le « Laoukara » doit toujours faire le boufon, c’est à M. Emmanuel Nadingar qu’il revient d’appliquer la loi à propos de l’annulation du Baccalauréat et « virer » son ministre de l’Education Djidda Ahmed Mahamat, alors c’est depuis plus de 30 ans qu’on repêche au Baccalauréat. Ou était le même Nadingar devant le déni de droit dans « l’affaire » Dr. Gali Gatta ? Il semblait même absent, tant le Ministre de la Justice s’acharnait à appliquer « la » loi ! A-t-il osé parler à son ministre de la Justice ?
Mr. Nadingar n’a-t-il pas eu le temps de lire que « Article 31 » de notre Constitution autorise que « L'accès aux emplois publics est garanti à tout Tchadien sans discrimination aucune, sous réserve des conditions propres à chaque emploi. »
Que les articles 72 et 104 de la Constitution réclament que « La déclaration de patrimoine est une exigence constitutionnelle, qui s’impose au président de la République, au Premier ministre et aux autres membres du gouvernement….. » A-t-il déclaré ses biens au peuple tchadien ?
Qu’attend le president de la cour d’appel pour appliquer cette loi ? Comme les Itnos ne sont pas concernés par le Baccalauréat, Nadingar a bien de muscles ici pour parler de Loi.
Il serait souhaitable que ces élèves lésés constituent un Collectif et déposer une plainte contre le Ministère de l’Enseignement supérieur. Ils ont donné le ton disant haut et fort le 8 août dernier au cours d’une manifestation au Lycée Félix Eboué «Nous n’allons pas reprendre la composition. Nous ne sommes pas responsable de la proclamation de ces résultats et nous ne pouvons pas être victimes».
Les suites données montreront que le Tchad va vers l’Etat de ...droit.
Ce n’est pas sans raison que le Professeur Balaam Facho dit que « le Tchad vit sous le joug d’un régime, oppressif et répressif » à la Conférence citoyenne du 11 août 2012. Qu’attendent les Tchadiens pour dirent NON ?
La Rédaction.

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19 août 2012 7 19 /08 /août /2012 20:54

Personne ne se fait d’illusion, tout pouvoir confère privilèges et avantages divers. Pour soi-même et pour ses proches et alliés. II n’y a pas lieu de s’offusquer outre mesure de constater que ceux qui ont participé militairement ou démocratiquement à toute prise de pouvoir puissent bénéficier d’un retour sur l’investissement, les partis étant des entreprises comme d’autres. Mais là aussi tout est question de mesure car passé une certaine limite dans I’accaparement des ressources collectives par une seule frange, toute collectivité humaine se met en danger de désagrégation.

En cela, tout aménagement du genre discrimination positive et autres ne peuvent être que des mesures conjoncturelles et forcement limitées dans le temps car passé un certain seuil cela provoque nécessairement une rupture d’un des substrats de la Republique: l’égalité citoyenne. Qu’est-ce qu’un homme d’Etat si ce n’est cette autorité de veille sur les grands équilibres sociaux?

Que constate-t-on actuellement au Tchad? Depuis pratiquement trente ans et au nom d’une supposée injustice pratiquée contre des ressortissants du Nord par les régimes dirigés par des sudistes entre 1960 et 1979, les nouveaux pouvoirs nordistes ne mettent plus des gants. Même si la realité de ces pouvoirs successifs est d’abord tribale, par cercles concentriques, on saupoudre les autres corégionnaires de quelques avantages afin de les mobiliser tous contre l’ennemi sudiste designé. Même les jeunes sudistes qui n’ont connu ni le régime de Malloum et moins encore celui de Tombalbaye en doivent payer ad vitam aeternam pour ces pêchés inexpugnables.

Aujourd’hui, dans I’administration, dans I’armée, dans la diplomatie, les gens du Sud sont partout les moutons noirs de la bande. Même au prix d’humiliantes allégeances, aucun de ceux-ci ne peut durablement conserver une place au soleil dans la nouvelle République. Ceux qui sont arrivés par leurs compétences et meme à l’issue d’une compétition intellectuelle, doivent céder leur butin aux nouveaux princes du Royaume. A titre d’exemple, iI y a quelques annees, un certain Ngueto Tiraina balafré bon tein admis au Fonds d’entretien routier (Fer) après une compétition ouverte, a été contraint de céder sa place sans raison a un frère du septentrion. II en fut egalement ainsi du Dr Batingar au Programme national de securité alimentaire (Pnsa). De tels exemples sont legion et la pratique s’est progressivement banalisée au point qu’en cas d’avis de recrutement, beaucoup de sudistes s ‘abstiennent tout simplement de competir au motifque les jeux sont faits d’avance.

Dans les institutions régionales et sous-régionales, la situation est pire, à I’exemple de la Banque des Etats de I’Afrique centrale (Beac). Des cadres regulièrement entrés dans cette institution attendent leur retraite à des postes subalternes, alors que des individus au parcours sinueux et à la compétence douteuse sont parachutés et pavoisent au nom du Tchad aux fonctions prestigieuses. Heureusement que certains, prenant la juste mesure de leur ignorance, ont jeté I’éponge pour rentrer au pays où le rendement n’est demandé à personne.

Ici, l’on ne trouve pas de mots assez justes pour décrire I’exclusion dont sont victimes les ressortissants de la zone méridionale.

A la Direction nationale de la Beac à N’Djamena, Ngardoum Christian a attendu des mois avant d’être autorisé à prendre fonction et n’est reste quelques temps, au prix de contorsions que la décence nous empêche de décrire ici. Malgré tout, iI n’a pu sauver son strapontin qui n’est pas fait pour les gens de sa caste.

A la place de Ngardoum, Djimadoum Mandekor a été pressenti et même momentanement retenu. Mais au final, c’est naturellement Allamine Bourma Treye qui lui a été préféré.

Qu’importe son profil, ce demier est forcement le meilleur. Avec deux années à I’Enam locale et seulement un Bac+2 sans équivalence universitaire et un stage aI’IIAP, n’avait-il pas déjà été hissé comme banquier au prestigieux poste de Directeur des investissements de la Beac?

Ce que venait de subir Nagoum Yamassoum à Addis-Abeba participe de cette logique. Et que dire, enfin, du cas tout autant flagrant que revoltant du petrochimiste Yola Zongre Aguénadé? En charge du petrole depuis 1984, cet ingénieur de haut vol a mis toute son énergie a I’aboutissemnt heureux du Projet pétrole. Mais dès que ce projet a abouti, il a été jeté comme un citron pressé. II n’a donc eu d’autre choix que de faire valoir ses competences ailleurs. Depuis, iI a ete recruté par Esso qui en a fait un de ses hauts cadres. Deby Itno qui ne souffre guère de voir un Laoukoura prendre de l’envol et ne rêve que de les voir tous dans la raque et la boue, n’a pas supporté que Yola gagne ainsi bien sa vie ailleurs. D’autorité il Ie nomme conseiller du ministre du Pétrole et intime l’ordre à Esso de mettre terme à son contrat. Il doit certainement avoir sous la main un cousin sorti d’un obscur institut à caser.

Deby Itno est bon et même très bon. Et ne dites surtout pas qu’it est I’homme d’un clan au d’une région.

La Redaction.

NDJH N° 1476 DU JEUDI 02 AOUT AU LUNDI 03 SEPTEMBRE 2012

Source: http://www.tchadactuel.com/?p=6946

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18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 18:58

Arrestations et inculpations en cascade de personnalités proches du président ou de menus fretins, création d’une brigade anti-corruption, ce sont des actes d’une folklorique volonté du gouvernement tchadien d’assainir la gestion de l’Etat. Cette tâche salutaire n’est, à postériori, possible que par une remise en cause totale des fondements non républicains du pouvoir d’Idriss Déby Itno qui s’est ingénié à faire supplanter les normes d’un Etat normal par les us et coutumes de sa communauté tribale.

Maxwell N. Loalngar, Genève (Suisse)

Cela s’appelle, dans le jargon prisé des chercheurs, « implémenter » ! Raillé, et avec lui son égérie de première dame, pour les fantaisistes titres de « doctor honoris causa  » à eux décernés, Idriss Déby Itno peut désormais se targuer d’avoir appliqué et généralisé les mœurs, us et coutumes Béri au Tchad entier. Donnant ainsi l’impression aux Tchadiens de vivre, non pas dans une jeune république plurielle tendant vers une nation, mais dans une république Zaghawa sortie tout droit de la féodalité. N’en déplaise à ceux qui se trompent des énormités fâcheuses, le pouvoir d’Idriss Déby Itno aura battu tous les tristes records dont cette implémentation, de loin le plus mauvais, qui consacre l’échec de la construction continue d’un Etat moderne. Les précédents pouvoirs, excepté la parenthèse anarchique du GUNT, ont œuvré, malgré leurs tares et avec les moyens de bord qui étaient les leurs - comparés aux énormes ressources disposées par le pouvoir MPS depuis 1990- à la difficile édification d’un Etat moderne et y ont préservé une marge nécessaire. Les décennies MPS auront servi, non pas à continuer cette œuvre en l’améliorant, mais à enterrer les acquis du jeune Etat tchadien. Lequel, depuis 1990, est voué à céder le pas à un Etat privé, insidieux, autrement plus féodal que moderne : celui des nouveaux princes Zaghawa qui ne font plus mystère de leur volonté de domination sans bornes sur le reste de leurs compatriotes et dont l’arrogance est sans commune mesure aujourd’hui.

Aussi péremptoire que cela puisse sonner, le Tchad républicain n’existe plus. De lui ne demeure que ce nom de baptême pour un « état » Zaghawa tenu par la parentèle des Itnos. Tout observateur, attentif et avisé de l’évolution cahoteuse du Tchad depuis l’avènement du MPS, aura noté la mise au pas de toutes normes républicaines d’Etat moderne. Lesquelles sont supplantées, au niveau institutionnel et plus largement, dans la vie politico-économique et socioculturelle du pays, par des règles féodales jadis en cours chez les peuples Béri des confins tchado-soudanais. Point d’élucubrations d’aigris, il faut convoquer quelques auteurs, essayistes politiques ou anthropologues, pour étayer ce que les Tchadiens expérimentent amèrement. De quoi ravir notamment une certaine Marie-José Tubiana dont les études sur le peuple Béri semblent ainsi généralisées par notre Itno national. Le Tchad, de 90 à aujourd’hui, donne, en effet, de la contenance à l’œuvre anthropologique de Marie-José Tubiana. Cette bretonne éprise du peuple Béri, nous donne éloquemment, dans « Des troupeaux et des femmes : mariage et transfert de biens chez les Béri (Zaghawa et Bidéyat) du Tchad et du Soudan »[1], une connaissance de nos princes d’aujourd’hui pour mieux comprendre la conduite de la destinée du Tchad entre leurs mains. Le titre de l’œuvre est assez illustrateur de ce qu’ils ont fait et font du Tchad jusque-là : le mettre sous coupe réglée, jouant de leurs liens matrimoniaux et ethniques pour s’accaparer le pouvoir et les richesses du pays.

Quand, les rezzous TGV du MPS fondaient courant novembre 90 sur la forteresse des FANT d’Hissein Habré pour la faire chuter le 1er décembre 90, les Tchadiens, euphoriques à l’idée d’être débarrassés de la dictature, ne se doutaient pas que la nouvelle ère promise était déjà chargée de désillusions. Sauf ceux qui savaient la nature et les mobiles des futurs maîtres à la tête d’un groupe à part qui s’est conjoncturellement allié aux autres (Mosanat, ex-FAP, etc.) pour forcer la porte du palais. Bien qu’ayant été toujours dans l’antre et l’ombre du pouvoir – de l’empire du Ouaddaï au royaume du Kanem-Bornou en passant par les pouvoirs postindépendance du Tchad- servant d’exécutants et de supplétifs aux princes, les Zaghawa sont restés un peuple à part tout en rêvant de l’entièreté du pouvoir. Leurs « difficultés et (…) réticences à s’intégrer dans un ensemble national », caractérisés qu’ils sont par « un irrédentisme toujours sous-jacent » [Tubiana ; 1985], ont contribué de fait à marquer leur mainmise sur le pouvoir – une fois l’objectif atteint- et creuser le fossé avec les autres composantes de la société tchadienne.

Tubiana, dans son œuvre qui privilégie «  l’alliance matrimoniale comme lieu de rencontre (…) de l’anthropologie de la parenté, de l’anthropologie économique et de l’anthropologie politique  » [Tubiana ; 1985 ; 355], nous donne une meilleure connaissance du peuple Zaghawa, permet de mieux saisir sa « complexe » articulation en « clans et lignages » ; une sorte de toile d’araignée qui semble tissée aujourd’hui sur tout le Tchad et donne du tournis aux Tchadiens agacés de les voir partout dans les rouages importants de l’Etat sans en présenter les compétences. De fait, structurant les jeux sociétal et politique, l’alliance matrimoniale est et reste, chez eux, l’indéniable moyen de transfert de biens. Au centre de tout et affaire de tous (père, mère, oncles, tantes, frères, sœurs, cousin(e)s, neveux et nièces), rendez-vous du donner et du recevoir, elle traduit dans les faits la solidarité familiale, étend ou renforce les liens communautaires. Les familles y acquièrent, accumulent ou grossissent leurs richesses. Aussi, tout bien appartenant à un des leurs et qui plus est au chef, appartient à toute la communauté qui peut en disposer comme bon lui semble. Ainsi le Tchad, sous Idriss Déby Itno qui ne fait rien pour qu’il appartienne à tous les Tchadiens, comme butin de guerre, est devenu leur bien exclusif. Par le fait du pouvoir, ils ont comme un sauf-conduit pour disposer de tout, de façon effrénée et en toute impunité. Il en est ainsi des fils et surtout neveux et nièces qui gravitent autour de leur père ou oncle de président. Chez les Zaghawa du Tchad, le rapport entre l’oncle maternel et son neveu est de loin le plus confiant pendant que chez les Zaghawa du Soudan, le rôle du père et de l’oncle maternel est indissociable. « (…) Si l’oncle est titulaire d’une position politique importante le neveu deviendra son homme de confiance, de préférence à ses propres fils », la croyance étant que ceux qui secourent l’enfant sont les frères de la sœur [Tubiana ; 1985 ; 243]. Mieux, ce sauf-conduit donne, par exemple, le droit au neveu de « s’emparer, en toute impunité, d’un certain nombre de bêtes dans le troupeau de son oncle » pour sa compensation matrimoniale. Les frères Erdimi auront ainsi été les éminences grises, ordonnateurs, dépositaires et « Raspoutine » du palais et du pouvoir. Ils auront disposé des sociétés d’Etat, de l’argent de l’or blanc et de l’or noir avant que leur grande envie du pouvoir les sépare de leur oncle.

 Beaucoup d’autres Zaghawa, recyclés dans les affaires ou non, et qui roulent aujourd’hui carrosses, auront aussi disposé de toutes les ressources que leur confère le pouvoir tribal, clanique et familial. Les tout-puissants petits princes d’aujourd’hui jouent à fond leur partition de parvenus arrogants sans mérite. Les nièces ou sœurs, analphabètes, d’une ignorance et d’un obscurantisme maladifs, s’en donnent à « cœur-belliqueux ». S’autoproclamant transitaires attitrées de la République, installant leurs postes de douane parallèles, jusque dans la cour des douanes, elles arnaquent les autres tchadiens obligés de payer des droits hors normes et exorbitants. Aujourd’hui, comme achèvement de cette implémentation de leur anthropologie socio-économico-politique à l’échelle du Tchad et de l’Etat, ils sont à tous les postes « juteux » de la République et la plupart des sociétés ou entreprises sont entre leurs mains. Les postes de DGA de la plupart des succursales de banques étrangères au Tchad sont ainsi aménagés en partie pour eux. Qu’ils aient été instruits ou qu’ils soient d’illustres nullards ! Être Zaghawa étant un sauf-conduit suffisant et imparable !

Moyen de transfert de biens, l’alliance matrimoniale traduit aussi l’accommodation, par les Zaghawa, avec les pratiques répréhensibles. Le vol, le pillage, le crime, etc., sont, en effet, de loin des pratiques normales chez eux. Le bandit et les actes répréhensibles dans le monde moderne tels les razzias de bétail ou le rapt de jeunes filles ne sont pas condamnables chez les Béri. Ainsi, à défaut de pouvoir réunir les têtes d’animaux pour l’alliance matrimoniale, l’on opère des razzias de bétail dans ces contrées. Ces razzias, au-delà de la nécessité, constituent paradoxalement un fait d’héroïsme ancré dans les mœurs. Au point où les jeunes gens aspirant à l’union préfèrent organiser des expéditions pour voler du bétail chez les tribus ou ethnies voisines. « Les jeunes confèrent à ce genre de pratique un caractère héroïque et il suffit d’écouter les chansons des jeunes filles incitant les garçons au vol  » pour comprendre. Ce d’autant plus que « le voleur de chameaux n’est pas en rupture avec la société beri ; elle ne le blâme pas, au contraire. »[Tubiana ; 1985 ; 319]. Tous les moyens, répréhensibles soient-ils, sont bons pour accumuler les richesses et constituer la compensation matrimoniale. Même celle du bandit invétéré est reçue et acceptée. J.M Tubiana cite l’exemple du Mogdum Fodul qui donna en mariage une de ses filles à un bandit de grand chemin[2]. Condamné par la justice coloniale, ce genre d’individu est soutenu par la justice traditionnelle parce que « loin d’être au ban de la société, son courage, ses exploits aux dépens des populations étrangères et au profit de son groupe font de lui, au contraire, un personnage dont on veut rechercher l’alliance » [Tubiana ; 1985 ; 178]. Ceci semble un point non négligeable du système des « valeurs » Zaghawa. Il peut expliquer bien des comportements dans leur gestion des affaires publiques à un niveau plus large aujourd’hui. Bichara Idriss Haggar, intellectuel Zaghawa ayant occupé de hautes fonctions politiques et un des fils du patriarche Haggar, le confirme un peu. Il note que la razzia est une des activités favorites notamment du clan Biriyéra ou Biliat dont est issu le président actuel du Tchad : « C’est un groupe au sein duquel il existe un dédain de toute propriété d’autrui » et dont « les membres « tiraient gloire des vols au détriment d’étrangers » [Haggar ; 2003 ; 14-15][3]

Ceci expliquant cela, on comprend mieux pourquoi le pillage des ressources de l’Etat et le détournement des deniers publics sont impunis sous le pouvoir d’Idriss Déby Itno. Surtout quand ils sont le fait de ses parents Zaghawa. Tour à tour ou à la récidive, des barons du pouvoir auront connu les geôles de N’Djaména ou Moussoro. Mais aucun des parents du président Idriss Déby Itno, de loin grands pilleurs de l’Etat et nouveaux émirs argentés du pays, ne sera inquiété. Ainsi un certain Zakaria Idriss Déby Itno peut, par sa gestion singulière, calamiteuse et dispendieuse des ressources, mettre en faillite la compagnie aérienne nationale, Toumaï Air Tchad, sans que des comptes lui soient demandés. Et pousser l’outrecuidance à quitter l’oiseau en perte de vol pour atterrir au cabinet de son paternel de président ! Ou plutôt à en rester le pilote qui se ménage un poste d’atterrissage et de refuge au cabinet de son géniteur. Lequel ordonne simplement que le gouvernement renfloue les comptes déficitaires de la compagnie pour lui redonner de nouvelles ailes, les anciennes étant déclarées non sécurisantes. Pourquoi les siens ne doivent-ils pas rendre compte de leur gestion ? Sont-ils plus Tchadiens que les autres ? Atterrant et déconcertant… !

Ceci d’autant plus que la pratique semble, au contraire, encouragée, les voleurs et pilleurs de la République étant les plus promus. Au point où aujourd’hui, des plus jeunes aux plus grands, les Tchadiens n’aspirent qu’à accéder à un poste « juteux  » pour piller et détourner en toute impunité. Cela va sans dire, comme une gangrène, ce vice a gagné toute la société tchadienne. Avec cette différence que ceux, encore que mollement punis, pour illustrer le discours folklorique de l’assainissement public, sont les Tchadiens de second rang, ceux non Zaghawa. Comme quoi les règles sont faites pour ne s’appliquer qu’aux Tchadiens non parents du président. Ainsi la fin de la kermesse du désordre ou de l’impunité ne concerne que ceux-ci. Les Tchadiens n’ont jusque-là pas compris que les discours de Déby ne sonnent en bien que pour ses parents. Il en est encore le cas quand il prêche une certaine « renaissance » qui de fait est plutôt Zaghawa que nationale. Car dans son imaginaire et celui de ses parents, ils doivent renouer avec le temps des privilèges dans la cour des princes du Ouaddaï et du Kanem-Bornou dont ils étaient les supplétifs. Privilèges qui leur permettaient de contrôler le commerce de tout, du Sahara au Kordofan soudanais. On en est à constater que tout semble verrouillé à leur compte pour réaliser ce rêve de « renaissance Zaghawa », toutes les ressources de l’Etat pouvant être pillées par eux à cet effet.

Pour la petite histoire, le gouvernement et le parlement acquis à sa cause évitent, chacun, d’initier une loi contre l’enrichissement illicite et les biens mal acquis parce qu’elle ne toucherait en partie que les parents du président qui, à tour de bras, construisent des villas et immeubles à 500 millions ou 1 milliard de nos francs. La corruption n’est pourtant qu’un pan du problème et il faut ajouter au dispositif une loi contre ceux dont le train de vie et les investissements ne reflètent pas leurs salaires. Jamais pouvoir n’aura été aussi partisan dans l’histoire du Tchad ! Ce qualificatif qui aura valu à l’actuel communicant du Palais rose, ancien rédacteur en chef de N’Djaména Bi-hebdo, un passage à tabac, est plus encore vrai aujourd’hui que par le passé. Le pillage et le détournement des deniers publics ont donc encore de beaux jours devant eux…

Les auteurs de crime ne sont pas non plus au ban de la société béri. Aussi jouissent-ils, sous le pouvoir d’Idriss Déby Itno, plus que sous aucun autre précédemment, de l’impunité. Il n’est pas besoin, pour l’étayer, de rappeler les crimes et assassinats de tout ordre dont les auteurs, connus ou non, courent toujours… jusque dans les allées du pouvoir ! La République s’est même forgé un vocabulaire tout taillé pour les excuser et empêcher toute enquête criminelle : acte de bavure, crime crapuleux. Lequel vocabulaire rappelle à notre bon souvenir un certain monsieur « bavure », ex-tout-puissant ministre de l’Intérieur. Pis, comme la punition ne s’applique qu’aux autres, le prix du sang, la « diya  » a été élevée au rang de moyen républicain de coercition pour faire payer lourdement les auteurs d’acte de sang ou d’accidents mortels autres que Zaghawa qui, à l’inverse, ne payent pas grand-chose à leurs victimes d’autres communautés. Le prix du sang, la « diya » ou l’exil du criminel, moyens pour mettre un terme à la vendetta [Tubiana ; 1985 ; 179][4], s’imposent depuis à la justice républicaine. Ce qui se passe dans les cours de nos tribunaux l’atteste et dépasse simplement l’entendement.

Outre l’impunité qu’ils illustrent, ces rites répréhensibles, à travers l’alliance avec des bandits, traduiraient, chez les Zaghawa, une fonction politique : l’acceptation d’un personnage qui se met en marge de la légalité.

On comprend mieux pourquoi le pouvoir d’Idriss Déby Itno s’accommode bien des personnages sans scrupules qui courent les allées de son règne. Comme on le constate, le Tchad aurait évité cet énorme gâchis s’il était dirigé selon les normes de justice, de droit et de mérite qui caractérisent un Etat moderne impartial. Hélas, l’avènement d’Idriss Déby Itno au pouvoir en décembre 1990 a causé une cassure dans la continuité laborieuse de l’Etat impartial. Lequel est désormais supplanté par un « sultanat » Beri dont les us, mœurs et coutumes ont été transposés, en pratique, à l’échelle nationale et impriment dangereusement la marche d’un Etat devenu partial et injuste. Cela, avec la complicité d’une élite inféodée issue d’autres communautés, du sud comme du nord, qui, pour les miettes de la mangeoire, a donné de sa matière grise pour asseoir et pérenniser cette féodalité des temps modernes. De Mahamat Hissein à Nagoum Yamassoum, en passant par Mahamat Saleh Ibet, Mahamat Saleh Adoum, Kassiré Coumakoye, Guelengdouksia Ouaïdo, Mahamat Saleh Annadif, Emmanuel Nadingar, etc., ils sont nombreux à devoir se sentir responsables d’un tel recul.

A moins de revenir aux règles républicaines de l’Etat moderne, on ne voit pas comment la moralisation de la vie publique, clamée à cor et à cri, peut être possible dans ces conditions.

Sinon, l’on court droit dans le mur, vers l’implosion. Que l’on ne se méprenne pas, la militarisation à outrance du pouvoir, aux frais du contribuable, la reddition de toutes les rébellions aux confins du pays et la « bab-el-aziziation » du Palais rose tout au long du fleuve Chari, refrénée heureusement par les ambassades des Etats-Unis au sud et de France au nord, n’y feront rien. Après 40 ans de règne, Kadhafi et ses affidés ont quand même dû, comme des rats, s’effacer de la scène libyenne… Au sein de cette jeunesse pourrie par l’implémentation de l’Etat immoral et voyou, il y en a qui restent conscients des enjeux immédiats et globaux, prêts à porter le «  printemps » tchadien…

 

Tribune publiée dans la dernière édition du mois de juillet 2012 de l’hebdomadaire tchadien Le Temps.

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