11 août 2012 :Déby s'ouvre à la presse tchadienne
«Je suis satisfait des résultats de l'Opération Cobra. Cobra a fait rentrer en moins de 2 mois plus de16 milliards de FCFA dans le trésor public (...) L'assainissement vacontinuer : c'est de ma responsabilité de nettoyer les brebis galeuses et je continuerai à le faire (...) », affirme le président de la République Idriss Déby Itno lors de l'interview accordée à la presse tchadienne à la commémoration de la fête de l'indépendance le 11 août dernier. Le deuxième morceau choisi, publié in extenso dans le bi-hebdo L'Info, on peut lire ceci : « (...) Je ne peux pas accepter que latotalité des ressources hors pétrole plus une partie des ressources du pétrolepartent essentiellement pour les 80 000 fonctionnaires, au lieu de 12 millions de Tchadiens. L'école, la santé, les infrastructures, avec quoi nous ferons tout cela ? Ce sont des puits qui vont tarir un jour (...) »
«Un rendez-vous manqué », titre de son côté, L'Observateur daté du 25 avril 2012 pour qui, le chef de l'Etat, dans ses propos, a déçu ses compatriotes plutôt que d'apaiser la tension sociale qui règne depuis plus de 3 semaines avec la grève des travailleurs qui paralyse le pays. D'abord, il a irrité les médias en invitant à cette interview seulement deux organes de presse, mais surtout en banalisant la crise sociale qui mine le pays, insiste l'hebdomadaire.
« Déby et sesillusions »,titre quant à lui, Notre Temps dans sa manchette du 14 août 2012 qui estime qu'en ne sélectionnant que deux organes, on a voulu mettre Déby à l'abri des questions gênantes telles que celle relative à la mystérieuse disparition de l'opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh. Au sujet du projet du code des personnes et de la famille qui piétine, souligne l'hebdo, le président Déby affirme que les cadres musulmans et chrétiens en sont le blocage en ajoutant : « nous allons adapter ce qu'ils ontmonté, en tenant compte de nos réalités ». « Monsieur le président de la République, combien de temps nousfaudra-t-il pour cela ? Le dossier est en train de prendre des moisissuresdans votre tiroir », interpelle Notre Temps.
Les résultats catastrophiques du Bac 2012
L'Info publie les résultats définitifs du Bac 2012. Selon la vice-présidente du jury, Mme Safia Ouangbi, sur les 69919 candidats inscrits, 6267, soit 8,96% qui ont effectivement obtenu une moyenne supérieure ou égale à 10/20. Les recalés seront soumis début octobre prochain, à une autre session spéciale du baccalauréat.
Notre Temps, analysant les résultats du Bac 2012 avec un taux d'échec de 91%, pense que c'est une gifle retentissante administrée à un système éducatif moribond. « En quoi le ministre del'Enseignement supérieur est-il responsable du taux d'échec le pluscatastrophique de l'histoire du Bac tchadien ? Son remplacement par unautre ministre résoudra-t-il le problème de fond ? », s'interroge le confrère. Le très faible ratio enseignants/élèves, la qualification des enseignants, etc. constituent les problèmes réels auxquels il faut s'attaquer, suggère-t-il. « Au Tchad, Idriss Déby Itno, en 22 ansde pouvoir, n'a cessé d'encourager la promotion de la médiocrité »,juge l'éditorialiste du journal avant de conclure : « Aujourd'hui les jeunes tchadiens en paientles conséquences et la gangrène a pris tous les niveaux ».
Le quotidien Le Progrès de son côté révèle que l'ex-ministre de l'Enseignement Supérieur, Ahmet Djidda Mahamat, et le président du jury du baccalauréat du 2nd degré, session de juin 2012, arrêtés la semaine dernière, sont sortis de prison le lundi 13 août 2012. D'après les sources judiciaires, le juge d'instruction chargé de leur dossier les a inculpés pour faux et usage de faux et a décidé qu'ils comparaîtront libres. Il est imputé aux deux personnalités la responsabilité d'un repêchage de plus de 13 000 candidats au Bac, contrairement aux textes en vigueur, qui fixent la moyenne d'admission à cet examen à 10/20, rappelle le journal.
Grève à la Fonction publique : le gouvernement durcit sa position
L'Info publie les points saillants du Conseil des ministres du jeudi 09 août 2012, dont un porte sur la grève lancée par l'Union des Syndicats du Tchad (UST) depuis le 17 juillet dernier. Compte tenu de la persistance de l'UST à vouloir reconduire systématiquement la grève, relève le compte rendu, les mesures suivantes sont prises : « l'instaurationdans tous les départements ministériels, du système de pointage des agents ; la prise en charge par l'UST, des salaires de ceux des agents qui observent la grève ; la valorisation des agents qui ont toujours fait tourner l'appareil de l'Etat ; la réorganisation des services au niveau des hôpitaux en vue de permettre le fonctionnement normal ».
« On ne voit plusle bout du tunnel », titre L'Observateur par rapport à cette affaire. Le confrère informe que la rencontre entre l'UST et le gouvernement du vendredi 17 août a accouché une fois de plus d'une souris. Aucune proposition concrète ne leur a été faite bien que le Premier ministre ait reconnu juste, l'augmentation du point d'indice de 150. « Lors de la rencontre avec le Premier ministre, nous avons compris que le gouvernementn'est pas prêt pour nous augmenter les salaires. Il veut nous écraser. L'heureest grave mais nous n'allons jamais capituler », soutient François Djondang, le secrétaire général de l'UST.
Le reporter du quotidien Le Progrès a choisi de faire une descente le mercredi 15 août 2012 dans les différentes administrations pour vérifier la portée des mesures du gouvernement. A 10 heures, rapporte-t-il, quelques fonctionnaires au niveau des ministères de la Jeunesse et des sports, de la Culture ainsi que des Postes et Nouvelles Technologies de l'Information, bien que présents dans les cours ou dans leurs bureaux, font juste semblant de travailler. D'autres, poursuit le quotidien, profitent pour se reposer, sous les arbres. Enfin, notre confrère constate qu'il est difficile de savoir si une commission s'occupe du pointage des agents présents, conformément à la décision du gouvernement de laisser les journées non prestées à la charge du syndicat ayant appelé à la grève.
Le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) fustige la Coordination des partis pour la Défense de la Constitution (CPDC)
Le quotidien Le Progrès rapporte que le Mouvement Patriotique du Salut, parti au pouvoir, par un communiqué daté du 14 août 2012, de son porte-parole, Mahamat Hissène, exprime sa consternation devant la récidive de la CPDC dans « ses tentatives de récupération etde politisation des revendications de salariés de la Fonction publique ».« Sous couvert de soutien à la grève, la CPDC fait passer en avant sespropres justifications et revendications électorales dont elle n'a puconvaincre aucun interlocuteur jusqu'à présent » poursuit le communiqué. Enfin, le quotidien rapporte que le MPS se dit surpris que la CPDC vilipende, après son expiration, un accord (ndlr, Accord du 13 août 2007) qu'elle a présenté pendant plus de 4 ans comme un modèle.
Rappelons qu'en dehors des thèmes traités par nos confrères, extraits de l'interview du chef de l'Etat, d'autres sujets ont été abordés à cette occasion par la presse. Le suivi des actions du Président de la République en direction du monde rural, la jeunesse tchadienne et son avenir, en termes de formation, le quota de 30% promis aux femmes dans les instances de prises de décision, constituent quelques dossiers que la presse a évoqués avec le chef de l'Eta au cours de cette interview.