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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 16:48

Cinq pays sahéliens ont créé dimanche à Nouakchott le "G5 du Sahel", un cadre destiné à leur permettre de coordonner leurs politiques de développement et de sécurité, notamment de lutte contre le terrorisme dans leur région où des groupes armés sont actifs.


La naissance du G5 du Sahel a été annoncée dans un communiqué publié dimanche soir, à l'issue d'un mini-sommet ayant regroupé autour du chef de l'Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz ses homologues Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, Mahamadou Issoufou du Niger, Blaise Compaoré du Burkina Faso et Idriss Deby Itno du Tchad.


Selon ce texte, le nouveau groupe est "un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale" avec à sa tête Mohamed Ould Abdel Aziz, par ailleurs nouveau président en exercice de l'Union africaine (UA).


Le G5 du Sahel ne "remplace nullement le Cilss (Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel, 13 pays) ou d'autres organisations sous-régionales existantes, mais (il) permet une coordination entre les cinq pays qui partagent les mêmes défis", a précisé M. Aziz devant la presse à la fin de la réunion.


"Quand nous aurons liquidé la pauvreté, nous aurons créé les conditions pour affaiblir le terrorisme et le crime organisé. Pour cela, il est heureux que nous ayons décidé de mutualiser nos efforts pour faire face à ces défis", a de son côté déclaré Mahamadou Issoufou.


Le Sahel est devenu ces dernières années une région de trafics en tous genres et le sanctuaire de groupes armés liés à Al-Qaïda, particulièrement Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).


Aqmi est une émanation d'un groupe salafiste combattu par l'Algérie pendant dix ans, elle opère toujours dans ce pays ainsi que dans d'autres pays sahéliens.


Vaste Etat partageant des frontières avec sept pays dont la Mauritanie, l'Algérie, le Niger et le Burkina Faso, le Mali a été parmi les plus touchés entre 2012 et 2013 par les activités des groupes liés à Al-Qaïda durant une profonde crise politico-militaire de 18 mois.


Cette crise a été marquée par l'occupation de ses régions du Nord par des groupes islamistes armés, qui ont été chassés à partir de janvier 2013 par une intervention militaire franco-africaine - toujours en cours - durant laquelle les soldats français et tchadiens ont été en première ligne dans des combats violents contre les jihadistes.


- "Ancrer durablement la paix" dans la région -

Mais bien avant la crise au Mali, en 2010 et 2011, la Mauritanie a régulièrement mené des opérations militaires contre Aqmi en territoire malien qualifiées de "préventives" au moment où le régime du président malien de l'époque Amadou Toumani Touré - renversé en 2012 - était accusé d'incurie face aux jihadistes.


Si les autorités mauritaniennes n'ont pas dépêché de troupes au Mali dans le cadre de l'intervention franco-africaine, elles ont "assuré l'inviolabilité" des frontières de leur pays "face aux bandes armées" en débandade, avait souligné le président Aziz à l'ouverture du mini-sommet.


En avril 2010, pour mieux coordonner la lutte contre Aqmi, le Mali, la Mauritanie, le Niger et l'Algérie ont créé un Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cémoc) basé à Tamanrasset (sud de l'Algérie) et disposant d'un centre de renseignement à Alger. Le Cémoc se réunit tous les six mois, mais n'a jamais à ce jour mené d'opérations conjointes transfrontalières.


L'Algérie, qui dispose de renseignements et d'une expertise en contre-terrorisme reconnus, "n'était pas concernée par la réunion" de dimanche, a dit à l'AFP une source diplomatique mauritanienne, interrogée sur l'absence de ce pays au mini-sommet.


Selon le communiqué final de la rencontre, il a été créé un secrétariat permanent chargé d'élaborer "un programme prioritaire d'investissements et un portefeuille de projets structurants accordant une large priorité à la sécurité, à l'ancrage de la démocratie et à la participation des populations à la promotion des zones les moins développées" des cinq pays.


Le document ne précise pas de calendrier et ne fournit aucune estimation chiffrée.


Le G5 du Sahel envisage de développer "des infrastructures (dans des domaines) comme le transport, l'énergie, les télécommunications et l'hydraulique ainsi que la sécurité alimentaire, l'élevage, le développement humain et l'adaptation aux changements climatiques".


Les cinq présidents ont exhorté leurs partenaires, notamment des institutions de financements arabes et de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), à accompagner leurs actions en vue "d'ancrer durablement la paix et la prospérité dans la région".

 

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yvette

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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 11:55

 

 
 
Le 15/02/2014 - 08:42
Par IVOIREBUSINESS – 120 militaires français débarquent ce samedi à Abidjan.
 

Selon les informations en notre possession, 120 militaires français débarqueront en principe ce samedi 15 février 2014 à Abidjan, pour dit-on protéger les ressortissants français et étrangers, en cas de troubles en Côte d’Ivoire.
Troubles qui pourraient être dus à la guerre de succession Soro-Hamed Bakayoko consécutive à la maladie de Ouattara et à son absence prolongée du pays.
Guillaume Soro se serait envolé pour l’Iran. Pendant ce temps, deux Conseils de gouvernement se sont tenus en l’espace de 72 heures à Abidjan.
Par ailleurs, la visite de François Hollande en Côte d’Ivoire pourrait être reportée, voire purement et simplement annulée, vu que le pays rentre dans une zone de turbulence majeure eu égard à la gravité de la maladie du chef de l’Etat, atteint de douleurs sciatiques sévères et du cancer de la prostate en phase terminale.
Nous y reviendrons.
 
Eric Lassale

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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 18:56

Des soldats français de la force " Sangaris " au contact de miliciens anti-balaka sur la route de Yaloké, au nord-ouest de Bangui, le 9 février. JÉRÔME DELAY/AP POUR " LE MONDE "

Bangui, Kaga-Bandoro Envoyé spécial
Les populations accusées d'avoir soutenu les milices de la Séléka sont victimes d'une épuration ethnique

 

 





(Centrafrique)

Ils fuient sans se retourner. Ils entassent ce qu'ils peuvent sauver dans leur voiture et des camions, et partent vers ces pays qu'ils ne connaissent pas, le Tchad et le Cameroun. Ils fuient la haine et les machettes.

La Centrafrique est en train de vivre la pire " purification ethnique " de son histoire. Le pays, secoué depuis l'indépendance (1960) par une multitude de rébellions et de coups d'Etat, n'avait encore jamais connu une telle hémorragie de sa population, et encore moins sur une base communautaire ou religieuse.

Ils fuient, les musulmans. Le dernier ghetto musulman de Bangui, le quartier de PK5, se vide. Poumon du commerce traditionnel de la ville, PK5 accueille aussi les réfugiés des autres quartiers qui, tel Miskine récemment, ont été attaqués par des hordes de combattants chrétiens anti-balaka et de pillards.

Au fur et à mesure que l'étau se resserre, des convois d'évacuation sont organisés, protégés par des hommes en civil de l'ex-Séléka et par des soldats tchadiens de la force africaine, la Misca. Cela dure depuis des semaines.

Une gigantesque colonne d'au moins deux cents véhicules a de nouveau quitté Bangui le 7 février, meubles et sacs entassés sur des camions. Sur les bords de la route, les gens crient leur joie de voir les musulmans partir. Certains les insultent pour leur collaboration, réelle ou supposée, avec la Séléka durant son année au pouvoir.

Juché très haut sur un camion, un jeune homme est renversé sur la route, fauché par un câble électrique. Aussitôt les machettes apparaissent. C'est la curée. Mains, pieds et pénis coupés. D'autres, le même jour, subissent le même sort, au camp de réfugiés musulmans de l'aéroport et en bordure de PK5.

Ce sentiment d'une impossibilité de vivre ensemble a gagné tout le pays. A Kaga-Bandoro, il est minuit moins cinq avant l'orage. Cette ville de la province de Nana Gribizi, dans le Nord, où chrétiens et musulmans cohabitaient fort bien jusqu'à il y a un an, est au bord du précipice.

La Séléka, qui se replie peu à peu de Centrafrique, tient encore la ville. Les milices anti-balaka ont mené une première attaque le 5 février et sont en embuscade dans la brousse. Les civils de chaque communauté sont piégés : les musulmans vivent dans le centre-ville commerçant et fuient chaque jour vers le Tchad, et les chrétiens dorment éparpillés dans la brousse, de crainte que la Séléka ne commette d'ultimes exactions avant de partir.

Après la première attaque des anti-balaka, qui se sont installés dans les villages de la commune de Botto, à cinq kilomètres de Kaga-Bandoro, les séléka ont mené un raid, tuant une femme et brûlant une cinquantaine de maisons. Les chrétiens de ces villages se sont réfugiés dans le quartier de Baiko, à la lisière de la ville, autour de l'église de la Nativité-du-Seigneur.

" Les gens de Botto viennent ici, nous les accueillons, et la nuit, nous dormons tous en brousse, raconte Richard Baganga, un vieux de Baiko. Les anti-balaka sont apparus il y a trois semaines, pour nous défendre. On leur a demandé de rester sur la réserve car s'ils attaquent, c'est nous qui sommes ensuite exposés. Les séléka ont promis de tous nous tuer et de tout détruire avant de partir. Nous sommes certains qu'ils viendront. Même les enfants savent que les séléka vont venir nous tuer… "

Richard raconte qu'après des décennies de coexistence, depuis 2013, " les musulmans sesont détournés de nous, se sont accolés avec la Séléka, et ils nous emmerdent. Alors oui, même s'ils étaient comme des parents, ils peuvent partir. Peut-être pourront-ils revenir un jour, s'ils changent de comportement, et à moins que toutes leurs maisons soient brûlées… "

Les chrétiens en veulent à la Séléka d'avoir non seulement commis des crimes et perturbé les relations avec la communauté musulmane locale, mais aussi d'être venue avec des mercenaires tchadiens et soudanais, et des éleveurs peuls. " Les Peuls tchadiens font paître leurs troupeaux dans la région, ils sont armés de kalachnikov et très dangereux ", témoigne l'Abbé Martial Agoua, de l'église de Baiko. " S'ils voient l'un d'entre nous aller au champ avec sa machette, ils l'accusent d'être un anti-balaka et lui tirent dessus, raconte Richard. Nous ne pouvons plus cultiver nos champs, ni chasser en brousse, ni aller chercher le miel. Il est donc normal que nous commencions notre petite guerre, nous aussi, pour tuer les séléka et chasser les Peuls. "

Au marché de Kaga-Bandoro, où transitent, ce 8 février, des camions partis de Bangui la veille, les musulmans de la ville entassent leurs biens dans les véhicules. " Nous ne savons pas ce que nous allons devenir, se lamentent Hassan et Moussa. Nous ne connaissons pas le Tchad. Et ici, en Centrafrique, c'est fini pour nous. Nos maisons et nos commerces sont systématiquement détruits. "

" C'est de la purification ethnique, même si personne de la communauté internationale n'a le courage de le dire ", s'indigne un responsable de l'ONU à Bangui. Abdou Dieng, le coordinateur humanitaire des Nations unies, prudent, estime qu'" on ne peutpas dire que ce n'est pas du nettoyage ethnique et religieux ". En visite à Kaga-Bandoro, il sait, comme tout le monde, qu'" ici même, ça va basculer, et personne ne réagit ". " Il faudrait une grande réconciliation, mais l'urgence serait d'avoir davantage de troupes étrangères pour stopper cette hémorragie. "

Partout dans le pays, les anti-balaka, les pillards, les combattants de la dernière heure, et parfois simplement les gosses des voisins effacent les traces de décennies de coexistence, rasant les commerces, les mosquées et les habitations des musulmans. Le règne, bref et sanglant, de la Séléka s'achève en cauchemar pour la communauté qu'elle affirmait vouloir défendre.

Rémy Ourdan

© Le Monde
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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 09:08
des membres du CNT ayant fait défection et de milices modérées ont lancé une importante offensive militaire. Objectif : reconquérir la Libye. Le sud du pays est ainsi passé sous leur contrôle poendant une semaine. Notre récit.L’offensive militaire était en préparation depuis des mois. Elle a commencé dans la nuit du 17 au 18 janvier 2014. Son objectif, selon ses chefs : reconquérir la Libye. « Dératiser » le pays comme le disent, aussi, certains hauts gradés de cette armée de l’ombre sortie de terre au nez et surtout à la barbe du gouvernement d’Ali Zeidan et des milices islamistes de Misrata. Au début, le noyau dur de cette armée se composait d’anciens partisans du colonel Kadhafi, peu nombreux et désorganisés. Parmi eux, nombre de militaires, d’hommes du renseignement et de membres des anciens comités révolutionnaires de la Jamahiriya libyenne. Des combattants aguerris. La première étape de ce qu’ils appellent la « reconquête » a consisté à se procurer des armes. Comment ? En attaquant des casernes de l’armée régulière. Ils ont aussi pu compter sur du matériel militaire (munitions, transports…) stocké dans des abris souterrains jadis construits par les Nord-Coréens et les Cubains. Beaucoup plus récemment, cette armée de l’ombre a récupéré des armes sophistiquées, discrètement acheminées par des pays amis de longue date du régime du colonel Kadhafi ou qui livrent une guerre sans merci aux islamistes radicaux ainsi qu’à Al Qaida. La seconde étape de cette « reconquête » a consisté à grossir les rangs de cette armée de l’ombre qui a commencé à sérieusement se structurer au printemps 2013. Des prisons ont alors été attaquées, notamment les fameuses prisons secrètes des milices islamistes ou d’anciens kadhafistes étaient détenus dans l’illégalité, sans que les Ong de défense des droits de l’homme ne trouvent trop à y redire. A l’été 2013, ce sont ainsi plus de 14 000 personnes qui ont été libérées et qui ont pris les armes. La presse occidentale n’en a soufflé mot, mais ces attaques de prison se sont poursuivies tout au long du second semestre 2013. Les tribus préfèrent les kadhafistes Troisième étape : reconquérir une légitimité auprès d’une population à la fois échaudée par l’interminable règne du colonel Kadhafi et exaspérée par l’incapacité du gouvernement d’Ali Zeidan à assurer la stabilité et l’ordre. Les anciens partisans du régime de Kadhafi, qui s’appellent entre eux « les verts », en hommage au drapeau vert de la Jamahiriya, se sont attelés à nouer des alliances avec les principales tribus du pays. On ne le redira jamais assez : la Libye est d’abord un pays composé de tribus, un pays au fonctionnement tribal. Cela réduit considérablement les chances d’implantation ex nihilo d’un système “démocratique” tel que nous l’entendons en Occident : pouvoir exécutif, pouvoir législatif et pouvoir judiciaire. Ces alliances tribales mirent plusieurs mois à se concrétiser mais, au début du mois de novembre 2013, les principales tribus du pays avaient rallié la cause de l’armée de l’ombre, consistant en premier lieu à nettoyer le pays des troupes d’Aqmi qui y ont élu domicile depuis la guerre au Mali, puis à détruire les milices islamistes qui flirtent allègrement avec Al Qaida et, enfin, à chasser du pouvoir Ali Zeidan, dont l’autorité ne dépasse pas le centre-ville de Tripoli. Au mois de décembre 2013, seules deux tribus importantes n’avaient pas rallié cette cause : Misrata bien sûr, et Zenten, où est détenu le fils Kadhafi, Seïf el-Islam. La décrépitude du pays, l’incapacité du gouvernement central à faire régner l’ordre, l’économie en panne ont fait le reste : défection de membres du CNT, ralliement de milices modérées… Il y a un signe qui ne trompe d’ailleurs pas sur le renversement du rapport de force. Depuis la semaine dernière, de rutilants 4×4 franchissent la frontière avec la Tunisie. A leur bord, les familles de membres du nouveau régime de Tripoli, imposé par la coalition internationale en 2011. Le sud libyen passé sous contrôle des pro-Kadhafi Sur le terrain militaire maintenant. Au 31 janvier 2014, voici l’exacte liste des villes et villages qui ont été reconquis par cette armée de l’ombre qui se félicite d’avoir récupéré le sud libyen et remonte maintenant vers la capitale où des combats sporadiques ont déjà lieu dans les faubourgs. Ces agglomérations sont : Sebha, Al Gilat, Ghât, Ragdaline, Tobrouk, Im Saat, Al Qubbah, Timimi, Al Bayda, Fatahia, Al Murj, Tulmina, Dersia, Ribiana, Al Raguria, Persis, El Abyar, Sluk, Jdabia, Jawat, Al Mitania, Al Alziziyah, Goumines, El Briga, Ras Ranouf, Slouk, Gerdina, Obari, Tarhuna, Béni Walid, Werchella, Al Assadia, Abou Slim et Gaddames. Les combats de ces derniers jours ont été particulièrement violents à Sebha et Tobrouk où les hommes de cette armée de l’ombre ont affronté à l’arme lourde les troupes d’Aqmi et d’Al Qaida. Cette situation, le renseignement militaire français ne peut pas l’ignorer. Ce n’est d’ailleurs pas le cas. La grande question est maintenant de savoir quelle sera l’attitude de la France face à cette offensive militaire. Au jour d’aujourd’hui, deux options sont sur la table. Option 1 : faire preuve de pragmatisme et acter la nouvelle donne libyenne en restant neutre militairement. Option 2 : organiser une opération militaire en Libye pour stopper l’avancée des troupes kadhafistes et de leurs alliés. Une faction de l’armée française va-t-en guerre Une faction de l’armée française, particulièrement va-t-en guerre, penche nettement pour l’option militaire et le fait savoir. Ainsi, le 27 janvier dernier, le chef d’Etat-major des armées françaises (jusqu’à la fin février), l’amiral Edouard Guillaud, qui a supervisé l’opération Harmattan contre le colonel Kadhafi en 2011, a déclaré que « l’idéal serait de pouvoir monter une opération internationale avec l’accord des autorités libyennes ». Une opération qui, selon lui, doit cibler « le sud de la Libye », avec pour objectif d’« éviter la formation d’un nouveau centre de gravité du terrorisme. » Cette position est pour le moins incohérente. Comment, en effet, la France peut-elle combattre Aqmi au Mali et attaquer ceux qui luttent contre Aqmi en Libye ? Comment la France peut-elle taper Aqmi au Mali et soutenir indirectement Aqmi en Libye en soutenant Ali Zeidan et Misrata ? Une séance d’explication, y compris auprès de la base de l’armée, s’impose. Ainsi qu’une clarification de la position française. Caroline Bright
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6 février 2014 4 06 /02 /février /2014 09:35
  • Leono Wambiti, un habitant du village de Sibut en République centrafricaine tué par des combattants de la Séléka, est pleuré par sa famille lors de ses funérailles, le 2 février 2014. Le 23 janvier vers 9 heures, des combattants Séléka ont tiré sur trois hommes, dont Wambiti, en tuant deux et blessant grièvement Wambiti, lui fracassant la mâchoire et une jambe. Les Séléka sont restés dans le secteur jusque vers 15 heures, alors que Wambiti gisait ensanglanté sur un pont. Suite à leur départ, des villageois ont transporté Wambiti dans la brousse, où il est resté pendant neuf jours sans recevoir de traitement médical pour ses blessures infectées. Il est décédé le 2 février, le jour où les combattants de la Séléka ont quitté Sibut.

     

Pour offrir aux civils en République centrafricaine une protection effective, l'Union africaine doit impérativement mettre un terme aux activités des troupes tchadiennes appartenant à la force de maintien de la paix, qui vont directement à l'encontre de leur mission. Les forces tchadiennes ne doivent pas se rendre complices des attaques de la Séléka contre les civils.

Peter Bouckaert, directeur urgences

(Bangui) Des chefs et combattants de la Séléka (« alliance » en sango) quittent leurs camps à Bangui, capitale de la République centrafricaine, pour se regrouper dans les villes du nord-est et se livrer à une nouvelle vague d'atrocités sur des civils, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Des éléments des troupes tchadiennes appartenant à la force de maintien de la paix ont, dans certain cas, facilité les mouvements de chefs de la Séléka complices de graves exactions.

En janvier 2014, des forces de la Séléka ont torturé et tué des civils dans la ville de Sibut, où s'étaient regroupés les ex-rebelles, ainsi qu'aux alentours de celle-ci, affirme Human Rights Watch. Des forces de la Séléka ont pu quitter des bases dans lesquelles elles avaient été confinées par la force de maintien de la paix de l'Union africaine, en empruntant pour cela des pistes de brousse qui leur ont permis de contourner les points de contrôle, ou en voyageant avec des troupes tchadiennes en convois lourdement armés.

« Pour offrir aux civils en République centrafricaine une protection effective, l'Union africaine doit impérativement mettre un terme aux activités des troupes tchadiennes appartenant à la force de maintien de la paix, qui vont directement à l'encontre de leur mission », a expliqué Peter Bouckaert, directeur des Urgences de l'organisation Human Rights Watch. « Les forces tchadiennes ne doivent pas se rendre complices des attaques de la Séléka contre les civils. »

La Séléka, très majoritairement musulmane, compte dans ses rangs de nombreux mercenaires tchadiens et soudanais. La Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique sous conduite Africaine (M.I.S.C.A.), la force de maintien de la paix de l'Union africaine déployée pour protéger les civils, qui est officiellement devenue opérationnelle en décembre 2013, inclut également des troupes tchadiennes. À l'issue d'une mission de monitoring en décembre 2013, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme a indiqué en janvier 2014 avoir eu connaissance de « multiples témoignages de collusion » entre des troupes tchadiennes de maintien de la paix et les forces de la Séléka.

Au nombre de ces témoignages figurait des informations selon lesquelles soldats tchadiens et combattants de la Séléka s'étaient, le 5 décembre, rendus de maison en maison pour rechercher des membres des milices anti-balaka (balaka signifiant « machette » en sango) (formations chrétiennes constituées pour répondre à la Séléka, également auteures de fréquentes attaques contre des civils musulmans) et avaient tué à l'aveuglette au moins onze personnes. Selon ces informations, au nombre des victimes figuraient pêle-mêle des femmes âgées, des personnes malades ou souffrant de handicaps mentaux.

Depuis le mois de décembre, la MISCA s'est, aux côtés de la force française Sangaris, efforcée de réduire la violence en République centrafricaine en contenant les forces de la Séléka et leur arsenal dans plusieurs camps, à Bangui. Fin janvier toutefois, Human Rights Watch a obtenu des informations attestant de mouvements de forces de la Séléka, seules et aux côtés de troupes tchadiennes, ayant coïncidé avec une nouvelle flambée de violences.

L’Union africaine devrait suspendre sans délai les membres des troupes tchadiennes de la MISCA faisant l'objet d'accusations crédibles de participation à de exactions graves, notamment ceux qui se sont rendus complices actifs de la Séléka, et ouvrir une enquête sur ces faits, avec le soutien de l'organisation des Nations Unies (ONU).

L'ONU, des organisations régionales et les pays qui appuient la MISCA, doivent examiner avec soin l'aide qu'ils apportent à celle-ci pour s'assurer qu'elle ne profite pas à des membres des troupes tchadiennes coupables d'atteintes aux droits humains ou qui se rendent complices de forces de la Séléka auteurs d'exactions.

« Pour être efficaces, les forces de maintien de la paix se doivent d'être impartiales », explique Peter Bouckaert. « Il est indispensable que l'Union africaine mène une enquête rigoureuse pour déterminer si des troupes tchadiennes de maintien de la paix font courir un danger à des civils en apportant un soutien à la Séléka. »

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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 11:58

 

3 Février 2014

MOUVEMENT DU 3 FEVRIER

 

 « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

 

Contact : m3ftchad@yahoo.fr

 

 

 

Peuple tchadien,

 

Cela fait six ans presque jour pour jour depuis ce tragique 3 février 2008. Six interminables années pendant lesquelles nous avons cessé de penser à ce jour qui marque pour chaque tchadien une double défaite. La première, ce fut l'enlèvement par la garde présidentielle du Professeur Ibni Oumar Mahamat Saleh, mathématicien et leader de l'opposition démocratique à la dictature d'Idriss Déby, dont nous sommes sans nouvelle depuis lors. Ce grand homme, qui avait voué sa vie à la lutte pour établir une véritable démocratie au Tchad, a payé de sa vie son engagement et son patriotisme.

 

Et comme si ce n'était pas assez, le même jour, à quelques heures d'intervalle, les tchadiens subirent une seconde défaite : la résistance au régime tyrannique et kleptocrate d'Idriss Déby, qui était entrée dans Ndjamena pour la libérer, en fut chassée par quelques reliquats de l'Armée Nationale Tchadienne mais surtout par les hélicoptères de l'armée française venus prêter main forte à un gouvernement aux abois.

 

Ainsi, depuis six ans, tous les tchadiens, même ceux écrasés par la peur d'un Etat policier, renâclent le souvenir de ce jour où les ténèbres n'auraient jamais du se dissiper ; un peu comme le prisonnier qui aurait vu la porte de sa geôle s'ouvrir et qu'on aurait refermée sur lui alors qu'il se précipitait à l'air libre. Ils attendent le moment où une opportunité de changement similaire se présentera, le moment où l'étau de la terreur se desserrera quelque peu sur eux et qu'ils pourront retourner l'arme de leur oppresseur contre celui-ci, lui portant le coup fatal. Mais ce moment ne vient pas. Au contraire, depuis six ans, l'enlèvement d'Ibni et l'échec de la résistance aux portes de Ndjamena, les divisions de l'opposition tchadienne ne cessent de s'approfondir, les querelles fratricides se montrent chaque jour plus irréversibles, et l'espoir de changement s'en trouve réduit à peau de chagrin.

 

Alors, pourquoi choisir la date du 3 février comme symbole de notre mouvement, comme point de départ de notre lutte ? Pourquoi choisir un jour de tristesse et de peine, de défaite et de renoncement ? Précisément, comme l'écrivait le peintre Georges Braque, parce que « certaines de nos blessures se doivent de devenir lumières » ; parce que ce jour doit être un commencement et non, comme d'aucuns sont portés à le croire, une fin. Mais, pour arriver à cela, il nous faut apprendre des fautes qui ont été commises, la division, le clanisme, le manque de communication sur nos véritables objectifs, prendre acte de l'échec de Ndjamena, constater nos pertes aussi, notamment celle irréparable du Professeur Ibni. Ainsi, et seulement ainsi, nous pourrons prendre le nouveau départ dont le peuple tchadien a cruellement besoin.

 

Car celui-ci souffre, d'une manière indicible. Engoncé dans une pauvreté répugnante alors qu'une infime minorité se prélasse dans l'or et le stupre, sans eau courante, sans électricité, même dans la capitale, sans possibilité décente de se soigner à moins de s'exiler à l'étranger, la population tchadienne, à aucun moment des vingt-trois années du règne sans partage de Déby, n'a entrevu le bout du tunnel. De plus, sa liberté d'expression est bâillonnée et son seul choix électoral est d'arbitrer entre un parti au pouvoir hégémonique, le Mouvement patriotique du salut, et des entités satellites.

 

Et toutes les résistances contre cet insupportable état de fait, toutes les velléités libertaires sont durement mâtées par un régime qui n'hésite pas un seul instant à porter atteinte aux droits les plus fondamentaux de l'Homme, en torturant, violant, tuant sans vergogne tous ceux qui s'opposent à lui. Tel Saturne dévorant ses enfants, Idriss Déby a décidé de sacrifier son peuple sur l'autel de son incommensurable soif de pouvoir, quitte à ne laisser que ruines et désolation derrière lui.

 

Mais aussi étroit soit le chemin vers la liberté, aussi nombreux soient les châtiments infâmes, nous restons convaincus qu'il reste une voie pour ceux qui refusent de céder au désenchantement, à l'instinct grégaire. Nous voulons dire à tous ceux qui souffrent que quelle que soit la longueur de la nuit, un jour, l'aube finira par se lever, Idriss Déby et toute sa clique par partir. Mais nous ne pouvons attendre que ce jour nouveau survienne en restant les bras croisés, tandis que le Tchad et les tchadiens s'enfoncent toujours plus dans la pauvreté et l'arbitraire.

 

C'est pourquoi, six ans après le 3 février 2008, nous créons le Mouvement du 3 Février (M3F) afin de fédérer tous les tchadiens soucieux de rétablir la justice et la démocratie dans leur pays. Ce Mouvement vise à regrouper sans discrimination aucune tous ceux qui s'opposent ou qui veulent s'opposer au pouvoir du Palais Rose, partisans de l'opposition démocratique se réclamant des idéaux d'Ibni, soldats de l'ex-rébellion, membres de la société civile, d'organisations de défense des Droits de l'Homme ou simples citoyens de l'ensemble des 23 régions du Tchad. Mais, afin de mettre un terme une fois pour toute aux errements du passé, nous ne nous enferrerons pas dans des querelles de personnes en établissant une hiérarchie au sein de notre Mouvement. Celui-ci sera strictement égalitaire et tout à chacun sera libre d'y adhérer sans s'y voir subordonner à une quelconque autorité. 

 

Ainsi, nous ne répéterons pas les mêmes erreurs qui nous avaient coûtées la victoire en 2008. Et nous montrerons dans le même temps à Idriss Déby que l'opposition à son régime n'a pas vocation uniquement à prendre sa place, à remplacer une tyrannie par une autre tyrannie mais bien à donner un véritable avenir au Tchad, dans la paix (une véritable paix, non une stabilité de façade comme c'est actuellement le cas) et le développement. Car, si notre insurrection triomphe, si nos efforts sont justement récompensés, nous n'agirons de la même manière que ceux qui nous ont bien trop longtemps précédés.

 

Oui, nous ne bâillonnerons pas la démocratie et laisserons tout à chacun s'exprimer comme il entend ses convictions et même ses récriminations contre le pouvoir en place, nous ne détournerons pas la manne pétrolière au profit d'un seul clan ou d'une seule famille, laissant le reste de la population croupir dans de misérables conditions de vies, nous mettrons en place un véritable plan de développement du pays, destiné à promouvoir l'agriculture ou bien encore à réhabiliter le système éducatif et celui de la santé. Par ailleurs, nous ne nous ingérerons pas dans les affaires de pays-tiers comme le fait Idriss Déby en République Centrafricaine et nous inciterons tous les citoyens tchadiens, chrétiens et musulmans, quelle que soit leur origine ethnique, à se reconnaître comme frères. Enfin, nous restaurerons tout ce qui a fait la valeur et la caractère exceptionnel de la société tchadienne, des mots qui ont aujourd'hui perdu de leur sens sous un régime sans foi ni loi, la dignité, le courage et surtout la justice.

 

Tel est le credo du M3F. Et nous invitons l'ensemble des tchadiennes et des tchadiens, exilés, vivants à l'étranger ou résidants au pays à nous rejoindre, à rejoindre ce combat pour que les idéaux d'Ibni triomphent enfin, pour qu'advienne un Tchad meilleur. Nous avons besoin de tous, car il nous faudra être une multitude pour mettre à bas ce système qui oppresse la terre de Toumaï depuis maintenant plus de deux décennies. Alors n'hésitons pas, car, comme le clame avec force notre hymne national : « Notre liberté naîtra de notre courage ».

 

Pour Ibni, pour le Tchad !

 

 

Fait, le  03  février 2014,

 

 

Collectif

 

 

 

Manifeste politique du M3-F au Tchad
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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 11:19

1. La dissolution historique de l’Etat en RCA

- Pour François Passema, la situation actuelle de dissolution de l’Etat centrafricain est la conséquence logique de la politique appliquée jusque dans les années 2000 par la France, ancienne puissance coloniale.

 

- Claude Yabanda revient sur l’histoire de la RCA. Le 29 mars 1959, la mort dans des conditions suspectes (accident d’avion) de Barthélémy Boganda scelle la mort de son projet d’« Etats-Unis de l’Afrique latine » = grosso modo regroupement des Etats actuellement membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). En 1960, la République Centrafricaine devient indépendante seule, isolée aux confins de l’Afrique centrale francophone. Le projet de Barthélémy Boganda est à la fois égalitaire et ouvert sur les étrangers, qui ont toujours été nombreux en Oubangui-Chari. Sa devise : « Zo kwe zo » (« Un homme est un homme », i.e. tous les humains sont égaux et doivent être traités de la même manière) en sango, langue parlée par tou/tes les Centrafricain/es. Le programme de son parti fondé en 1949, le Mouvement pour l’évolution sociale de l’Afrique noire (MESAN) tient en 5 verbes définissant 5 besoins fondamentaux : Nourrir, Vêtir, Guérir, Instruire, Loger.

 

- François Passema reprend le fil des événements. Après la mort de Boganda, tous les présidents centrafricains vont peu ou prou être choisis par Paris : David Dacko (1960-1965 puis 1979-1981), Jean-Bedel Bokassa (1966-1979), André Kolimba (1981-1993), Ange-Félix Patassé (1993-2003), François Bozizé (2003-2012). L’élection présidentielle de 1993, qui voit la victoire d’Ange-Félix Patassé (ancien Premier ministre de Bokassa) devant Abel Goumba (ancien proche de Boganda) est frauduleuse, pilotée par la France. De même que la réélection de Patassé en 1999. En 2003, François Bozizé prend le pouvoir à la faveur d’un nouveau coup d’Etat.

Dès 2006, Bozizé doit faire face à une nouvelle rébellion venue du Nord, pilotée par Michel Djotodia. A partir de 2008-2009, l’Etat perd le contrôle de la quasi-totalité du pays, livré à diverses rébellions où les enfants soldats et les combattants étrangers, notamment venus du Tchad et du Soudan, sont nombreux. Les crimes de guerre sont quotidiens dans un pays où l’Etat et les services publics sont fantomatiques depuis la fin des années 1990. En 2008, Bozizé est obligé de concéder une partie du territoire, située à l’est du pays, à l’UFDR de Djotodia qui y exploite le diamant.

Le 10 décembre 2012, Djotodia rassemble différents mouvements rebelles du pays en une « alliance » Séléka composée de combattants centrafricains et tchadiens. Partie de la frontière tchadienne, bien armée et équipée, la Séléka arrive en quelques jours à Bangui et met en déroute une armée centrafricaine mal équipée et démotivée. La Séléka ne fait pas de prisonniers. Toutes les localités conquises sont pillées, le butin repart en 4×4 à destination du Tchad et du Soudan.

Le 24 mars 2013, Bozizé s’enfuit et Djotodia est porté au pouvoir par la Séléka.

Le 5 décembre 2013, l’intervention française « Sangaris » est décidée face à une situation de décomposition quasi-totale de l’Etat et d’insécurité maximale, avec des centaines de milliers de Centrafricain/es réfugié/es en brousse ou en forêt. Les violences à l’intérieur du pays ont aussi attiré des centaines des milliers de civil/es vers Bangui, ville où près de la moitié de la population est aujourd’hui étrangère. Parmi eux, des Tchadiens, Soudanais ou Africains musulmans issus de pays francophones qui ont dû se replier devant l’avance des milices d’auto-défense « Anti-Balakas » qui, de mieux en mieux organisées, ripostent à l’avance de la Séléka. Les 1600 militaires français sont membres de la Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique sous conduite Africaine (MISCA), force onusienne de 4500 soldats majoritairement issus d’Afrique centrale.

 

Barthélémy Boganda

Barthélémy Boganda

2. Les ressources naturelles au cœur du conflit

- Il y a un consensus entre les 5 principaux intervenants pour dire que par-delà les aspects communautaires, régionaux ou religieux, ce qui est en jeu aujourd’hui est principalement la répartition des ressources naturelles centrafricaines (pétrole au Nord ; uranium au centre ; diamant + or à l’Est ; forêt dont le sous-sol est également très riche en minéraux à peu près partout ; eau enfin des fleuves Oubangi, Chari et Uélé, convoitée par le Tchad et par le Soudan) entre les grandes puissances économiques du monde (France, Etats-Unis, Chine, Russie qui essaye de s’inviter…) et les pays africains voisins. Ce partage des ressources d’un Etat extrêmement affaibli est en cours de négociation et il n’est pas encore arrêté. Les garants et intermédiaires centrafricains de cette répartition n’ont pas encore été définitivement choisis. C’est pour cette raison, principalement, que la situation reste très instable. Les combats à Bangui sont d’ailleurs illisibles : il y a des tirs au sein d’un même camp entre différentes mouvances de la Séléka, entre différentes composantes nationales de la Misca.

(à ce sujet, voir cette intéressante cartographie du Monde)

 

- Il y a également consensus entre ces 5 intervenants pour dire que l’information est extrêmement lacunaire en-dehors de Bangui : on ne sait pas ce qui se passe dans les villages éloignés et, vu les horreurs constatées de visu à moins de 100 km de Bangui, il faut s’attendre au pire.

 

- Les 4 intervenants centrafricains estiment qu’il y a eu de la part de la Séléka une politique d’une part de terreur de façon à faire fuir des habitant/es installé/es de longue date dans certaines régions, d’autre part de destruction systématique des archives administratives non musulmanes du pays. Et ce, dans un but déterminé : effacer de la mémoire écrite qui est qui afin qu’au moment de l’établissement des listes électorales, toute personne présente sur le territoire même depuis récemment puisse être considérée comme Centrafricain – il s’agit donc d’une politique délibérée de remplacement d’une population par une autre. Sous l’influence notamment des pays de la péninsule arabique, une politique d’islamisation serait à l’œuvre en RCA, y compris sur le plan éducatif et linguistique (l’arabe se développant à côté du français, comme au Tchad ces vingt dernières années), profitant de l’absence d’Etat. Les combattants djihadistes étrangers venus de ces pays mais aussi du Pakistan ou d’Afghanistan, sont d’ailleurs nombreux aux côtés de la Séléka.

 

- Juan Branco apporte un « très fort bémol » à cette vision, estimant pour sa part que la Séléka ne porte pas véritablement un projet d’islamisation du territoire – Michel Djotodia est d’ailleurs de formation marxiste -, mais que les Anti-Balakas ont quant à eux un discours et des actes très fortement essentialistes à l’encontre des musulmans. Toutefois, il convient avec les 4 autres intervenants que l’Etat centrafricain est aujourd’hui à peu près totalement dissous : il a lui-même constaté que même les principaux ministères (Education nationale, Justice…) ne fonctionnent plus, tandis que la prison centrale de Bangui est aujourd’hui ouverte… ce qui génère une violence criminelle assez permanente, peut-être plus importante même que la violence politique aujourd’hui à Bangui. Il confirme également que la Séléka est désormais contrôlée militairement non plus par Djotodia mais par Noureddine Adam, un Centrafricain musulman du Nord qui a longtemps vécu au Soudan, en Egypte et aux Emirats arabes unis.

 

Exploitation artisanale du diamant en République Centrafricaine

Exploitation artisanale du diamant en République Centrafricaine

3. Quelle feuille de route en vue d’un processus de reconstruction de l’Etat en RCA ?

- François Passema voit, dans l’immédiat, un processus en 4 temps :

1. Déploiement d’une force internationale de maintien de la paix d’au moins 12 500 hommes (au moins 500 dans chacune des 16 préfectures de la RCA), tous correctement payés, nourris et équipés (ce qui n’est pas souvent le cas des forces africaines de maintien de la paix) – compte tenu des accusations de partialité dont il fait l’objet, le Tchad ne devra pas être un contributeur essentiel à cette force.

2. Désarmement de la population (car c’est presque toute la population qui est aujourd’hui armée en RCA) et expulsion des combattants étrangers de la Séléka, notamment vers le Tchad et le Soudan.

3. Retour des fonctionnaires dans les administrations et des ONG sur l’ensemble du terrain.

4. Début du recensement électoral.

Ce processus est impossible en moins d’un an.

Les élections sont nécessaires, mais elles ne sont pas la finalité d’un processus de réconciliation dont le premier objectif, au-delà bien sûr de la paix et de la sécurité, doit être la reconstitution d’un Etat fonctionnel.

 

- Victor Bissengue insiste sur le fait que sans désarmement, il n’y a pas de recensement électoral possible.

 

- Claude Yabanda rappelle qu’un million de Centrafricain/es (sur une population totale de 5 millions) ont été déplacé/es par le conflit, une grande partie d’entre eux s’est réfugiée en forêt. Ils ne retourneront pas chez eux sans le désarmement, ce qui rend évidemment tout recensement électoral illusoire avant le désarmement.

Soldats de la MISCA (source : http://rpdefense.over-blog.com/)

Soldats de la MISCA (source : http://rpdefense.over-blog.com/)

4. L’avenir politique de la RCA et ce que peut faire EELV

- François Passema, Claude Yabanda et Jean-Pierre Betindji constatent que l’ensemble de la classe politique centrafricaine est discréditée auprès des Centrafricain/es. Une grande méfiance est notamment perceptible à l’égard des anciens Premiers ministres d’Ange-Félix Patassé qui essaient aujourd’hui de se faire bien voir à Paris auprès des grandes formations politiques françaises.

 

- Claude Yabanda insiste sur la nécessité de respecter la Charte constitutionnelle de la transition promulguée le 18 juillet 2013 : il en va de la crédibilité des institutions, qui ont besoin d’être restaurées en RCA. Le cadre de cette Charte, qui prévoit des élections présidentielles en février 2015 après l’établissement d’un fichier électoral entre février et novembre 2014, permet aussi de se donner le temps :

1) de faire émerger, en RCA ou dans la diaspora, des figures politiques qui ne se sont pas discréditées en participant de trop près aux divers régimes Dacko, Bokassa, Patassé, Bozizé… qui ont tous conduit le pays à sa désintégration actuelle ;
2) de réunir les fonds internationaux pour des enjeux aussi considérables que le désarmement de la population ou le retour d’un million de déplacés ;
3) d’organiser une grande conférence internationale sur la reconstruction de la RCA, où les pays riches qui en exploitent les ressources naturelles s’engageraient en contrepartie à financer écoles, hôpitaux, infrastructures… et formation des habitant/es pour le bon fonctionnement et la maintenance de ces équipements – cette conférence pourrait être une initiative de la France, via notamment son ministre délégué au Développement.

 

- Jean-Pierre Betindji estime également qu’au-delà de la réconciliation nationale, le principal enjeu qui attend la RCA demain est la négociation des relations que le pays veut avoir avec ses voisins et avec les pays riches qui viennent exploiter ses ressources naturelles. La RCA doit se donner les moyens d’un partenariat crédible avec chacun de ces pays.

 

- François Passema en est d’accord. Interrogé par le groupe Afrique EELV sur la dimension écologique de son projet pour la RCA, il envisage la création d’un grand ministère de l’Aménagement du territoire qui aurait notamment pour responsabilité de définir les conditions légales d’une exploitation durable des ressources naturelles. Cette définition servirait de base pour les négociations entre l’Etat centrafricain et les multinationales du secteur extractif. Elle aurait pour finalité de garantir aux générations futures des Centrafricain/es la jouissance de leurs ressources naturelles nationales.

Forêt dans la région de la Lobaye (République Centrafricaine)

Forêt dans la région de la Lobaye (République Centrafricaine)


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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 11:53
Le GROTE: Appel au sursaut de l’Armée Nationale Tchadienne (ANT) Publié le 30 jan, 2014 République du Tchad Le Groupe de Réflexion de l’Opposition tchadienne en Egypte (Le GROTE) Appel au sursaut de l’Armée Nationale Tchadienne (ANT) Au cours de l’année 2013, le Groupe de réflexion de l’opposition tchadienne établi en République Arabe d’Egypte a tenu à attirer l’attention de la communauté tchadienne et internationale sur les conséquences prévisibles des actes posés par Monsieur Idriss Deby sur le plan intérieur, sous-régional et international par deux fois : La première fois c’était à travers un mémorandum intitulé : le Président Deby constitue un danger réel pour l’Afrique publié le 25 avril 2013, La seconde était un appel visant à aiguiser un sursaut national publié sous le titre : le Tchad croule sous le regard distrait de ses propres fils en date du 14 août 2013. Nous voici de nouveau réitérons notre appel, cette fois-ci, à l’endroit de l’Armée Nationale Tchadienne (ANT) afin qu’elle soutienne le peuple tchadien à recouvrer sa dignité bafouée par un homme et sa famille. Ces vaillants filles et fils du Tchad, des mères et des pères de familles, considérés comme des chevaux de courses par Monsieur Idriss Deby qui juge leur valeur selon leur degré de soumission, doivent, à l’instar des autres armées nationales, prendre leurs responsabilités pour un appui franc au peuple martyr du Tchad dans sa lancée de mettre fin à l’autoritarisme primaire exercé par un homme dépouillé de tout humanisme. En effet les événements qu’a connus la sous région depuis notre dernier appel nous donnent malheureusement raison. Il suffit de jeter un regard sur ce qui se passe aujourd’hui en République Centrafricaine, au sud de la Libye, au nouveau né du continent africain, le sud Soudan, tout en soulignant que le Darfour n’est toujours pas terminé malgré un rapprochement de circonstance fait en grande pompe entre le régime de Khartoum et celui de Ndjamena. La situation interne n’est guère réjouissante. Aucun effort n’est fait pour desserrer l’étau établi autour des partis politiques de l’opposition (les partis politiques deviennent ainsi des véritables accompagnateurs de la dictature « debyenne ». Quant à l’opposition armée, elle n’a plus voix au chapitre car, pour Deby elle ne constitue désormais aucune menace pour son régime; par sa manque d’union et par l’infiltration. Il faut reconnaitre que l’opposition armée est parsemée des agents de Deby qui la maintiennent en veilleuse, sans action réelle. Par conséquent, Deby la considère enterrée et donc exclue de son agenda des soucis. Contrairement à cette courte et inconséquente vision, celle-ci dispose encore de tous les atouts pouvant permettre la relance des nouvelles hostilités au Tchad. Elle observe une trêve prolongée pour accorder une chance au règlement pacifique du conflit, notamment par l’organisation d’une table ronde inclusive pouvant permettre de créer les conditions d’un Etat de droit d’une part, et d’éviter d’embarrasser les Etats limitrophes qui traversent tous, de situations déjà difficiles d’autre part. Pendant ce temps, nous constatons avec une grande indignation que la préoccupation de Deby est plutôt d’organiser le transfert du pouvoir à son fils plutôt que de veiller à une véritable restauration de l’autorité de l’état et de la mise en marche des institutions de la République. Tout concourt ce temps-ci à la concrétisation de cet objectif hautement clanique, familiale et personnelle. Deby se croit à la tête d’une chefferie traditionnelle répondant en toutes circonstances à sa dévotion et non le dirigeant d’un Etat. Le dernier remaniement ministériel, la toute récente rencontre du clan dans son village d’Amdjaras et le changement en cours au sein de l’armée sont autant des signes avant coureurs qui ne trompent pas. La grande muette acceptera-t-elle une fois de plus de laisser faire en observant le silence ? Ce silence ne peut être interprété par le peuple tchadien que comme un signe de résignation et en conséquence, il ne peut rien attendre de son armée, car celle-ci a scellé son sort au despote Deby ? il n’existe pas une armée au Tchad, c’est du moins le sentiment du tchadien lambda. Il s’agit plutôt d’un regroupement des anciens combattants et chefs de guerre des révoltes successives qui constitue l’ossature de cette institution, donc elle mérite son nom de milice à la solde de Deby. L’ANT est mise à l’épreuve pour effacer ce sentiment qui écorche sérieusement son image. En notre âme et conscience nous demeurons sereins et croyons fermement que l’ANT est à la hauteur des attentes du peuple tchadien ; car, elle a subi toutes sortes d’humiliation, de dénigrement et de mépris depuis plus de vingt(20) ans. Les résolutions de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) et celles des états généraux des armées relatives à la mise sur pied d’une véritable armée nationale , une armée républicaine dont la mission première est la défense de l’indépendance nationale et de l’intégrité territoriale, mais également faisant d’elle la garante du respect des institutions de la République ont été rangées dans le placard de Deby. Rappelons que ces textes ont suscité un optimisme général des tchadiens et un enthousiasme particulier au sein de l’armée. Nous ne devons pas oublier que l’armée tchadienne telle qu’elle se présente aujourd’hui est composée essentiellement des anciens combattants. Beaucoup d’entre eux ne disposent d’aucune aptitude physique et intellectuelle requise pour un soldat et à fortiori pour un officier. La plupart d’entre eux se sont retrouvés dans l’armée par concours des circonstances (différentes rebellions et coups d’états ?). Ces combattants ont pour objectif initial le changement qui doit en principe déboucher sur un Etat de droit garant de justice sociale, du respect des droits de l’Homme et de démocratie, Conditions incontournables pour ouvrir la voie au bien être social des tchadiens. Nombreux sont ceux qui d’ailleurs, avaient affiché à son temps une ferme volonté d’abandonner l’armée dès qu’ils entrent en possession des droits qui leur sont dus. Malheureusement, le programme démobilisation, désengagement et réinsertion (DDR) financé à coup des milliards par les bailleurs de fonds ; retenez votre souffle, au titre des dettes bien sûr. C’est-à-dire que les tchadiens sont tenus à rembourser. Ces fonds ont été détournés par Deby et ses acolytes et le programme DDR s’est enfoui dans les calandres grecques. Pendant ce temps, Deby continue à narguer, humilier et mépriser les éléments de l’armée nationale tchadienne (ANT). Celle-ci n’est choyée et caressée par le maître de N’djamena que lorsqu’il y a bruit des bottes. Autrement dit, la vision que Deby a de cette armée n’est autre chose qu’un corps composé des hommes et des femmes appelés à servir de chair à canon. Le comble de l’humiliation et du mépris est qu’ il n’y a ni formation, ni mise en place d’un programme d’alphabétisation destinés à hisser le niveau aussi bien du soldat que de l’officier afin de réduire l’écart qui les sépare de leurs frères d’arme sur le plan professionnel de par le monde. Les privilégiés qui bénéficient de formation ne sont autres que ceux issus du clan. Quelqu’un disait un jour, que Deby confond l’ANT a un parti politique, donc elle doit subir tout le temps une cure…. La situation devient encore dramatique lorsque des individus ne disposant d’aucune aptitude ni physique ni intellectuelle, pire certains sont des bergers attitrés et d’autres des adolescents, sont bombardés de grade des officiers supérieurs, voire des généraux et automatiquement placés à la tête des unités pour la simple et unique raison que ces derniers sont, soit la progéniture du Président de la République ou soit qu’ils appartiennent à son clan. Existe-il d’autres motifs plus forts que ceux que nous venons de décrire pour provoquer une prompte réaction de la grande muette ? N’oubliez surtout pas que votre silence est tantôt interprété comme étant une lâcheté et les lâches on marche dessus ; vous devez noter par ailleurs, qu’Idriss Deby a toujours dit qu’il a castré tous les hommes disposant d’un minimum d’orgueil au Tchad et tantôt ce silence est plutôt considéré comme un chèque en blanc que vous avez accordé au soi-disant Chef Suprême des armées ; il en dispose comme il entend avec la bénédiction tacite du corps kaki. Autrement dit, cette flagrante perversion dans laquelle est plongé le Tchad est cautionnée par l’armée qui laisse faire Deby comme bon lui semble. Alors que, celle-ci doit savoir qu’elle est le dernier rempart du peuple tchadien. Quand il est en situation de détresse il n’a d’autre recours que de s’appuyer sur elle pour un sauvetage garanti. Malheureusement au moment où nous rédigeons ce texte, Monsieur Deby fait une tournée dans toutes les casernes, sous le couvert de la fête des armées, pour rencontrer tous les responsables militaires afin de distribuer des grades, de l’argent, des voitures et des postes afin d’étouffer toutes velléités contestatrices. N’oublions pas que la préoccupation majeure de ce temps-ci, de Deby est de passer la main à son fils. Autrement dit, il décide que le pouvoir au Tchad devient désormais héréditaire (mais où sont alors les vaillants filles et fils du Tchad, qui pour rien au monde ne renoncent à leur dignité). La publicité faite autour de ce dernier par l’hebdomadaire Jeune Afrique à coût des milliers d’euros dernièrement, entre dans cette logique. En toute vraisemblance, les festivités de la ville de Fada ne sont en fait que la prestation d’allégeance de l’armée à son nouveau chef suprême, même si le caractère festif occupe le discours du sultan Alhadj Idriss Deby qui demande aux militaires de boire sans limite. La grande muette est-elle prête à cautionner une telle hérésie ? Nous osons croire qu’elle ne s’apprêtera pas à ce jeu macabre et elle saura dire non. C’est pourquoi nous disons qu’une action s’impose maintenant ; car demain ça sera trop tard et si Deby arrive à réaliser un tel rêve notre grande muette serait coresponsable d’un tel forfait, alors qu’elle dispose de tous les moyens notamment le courage pour l’empêcher. Cette situation ne peut laisser indifférent tout patriote tchadien. C’est pourquoi le groupe de réflexion de l’opposition tchadienne en Egypte s’insurge contre cet état de fait, condamne avec la plus grande fermeté son usage et lance un vibrant appel à un sursaut patriotique de tous et surtout à l’armée nationale tchadienne, afin qu’elle rompt avec ce silence qu’elle observe face à une injustice caractérisée et amplifiée qui la frappe elle-même directement sans oublier la situation de misère généralisée qui met à genou tout un peuple. Fait au Caire le 28 janvier 2014 Le Groupe
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2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 16:08
Après l'Élysée, les dirigeants africains sont invités début août à la Maison Blanche pour participer au premier sommet États-Unis - Afrique. Mais tous ne sont pas les bienvenus à Washington… Une première dans les relations africano-américaines. Barack Obama a invité les chefs d'État et de gouvernement du continent à prendre part à un sommet États-Unis-Afrique les 5 et 6 août prochains à Washington. L'annonce a été rendue publique le 21 janvier sur le site internet de la Maison Blanche. Objectif affiché : "renforcer les liens avec l'une des régions les plus dynamiques du monde", en mettant l'accent sur "les objectifs de l'administration américaine en matière de commerce et d'investissement et sur son engagement vers la sécurité et la gouvernance démocratique" sur le continent africain. Une liste de 47 pays africains Qui sont invités à ce sommet sans précédent ? "Il est trop tôt pour avoir tous les noms, explique une source proche du dossier. Il faut encore régler toutes questions protocolaires au cas par cas". Mais on peut déjà se faire une petite idée sur les probables invités de mois d'août de Barack Obama. Une liste circule en effet à la Maison Blanche reprenant 47 pays qui seraient en "bonnes relations avec les États-Unis" et dont les dirigeants seraient potentiellement les bienvenus aux États-Unis. Il s'git entre autres du président rwandais Paul Kagamé, malgré les récentes tensions entre les deux pays suite aux prises de position du gouvernement américain sur le soutien présumé de Kigali aux rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23), dans l'est de la RDC, ou, plus récemment, sur l'assassinat de l'opposant Patrick Karegeya, ancien chef des services de renseignement extérieur du Rwanda. Le Kenya se retrouve également sur la liste. Son président Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto sont pourtant poursuivis pour crimes contre l'humanité dans deux procès séparés devant la Cour pénale internationale (CPI). Le président soudanais, Omar el-Béchir, recherché par la CPI, n'est en revanche pas le bienvenu : son nom ne figure pas sur la liste des États retenus par Washington. Le Zimbabwe, qui entretient des rapports exécrables avec les États-Unis, n'est pas non plus convié. L'opposant Morgan Tsvangirai (il avait été reçu en 2009 par Barack Obama à la Maison Blanche), qui faisait jusqu'ici le pont entre Harare et Washington, n'est plus à la tête du gouvernement zimbabwéen. Le poste de Premier ministre qu'il occupait a été supprimé au lendemain de la présidentielle controversée qui l'avait opposée fin juillet 2013 au président Robert Mugabe. Preuve des tensions entre les deux pays : depuis plusieurs années, Mugabe et tous les autres dirigeants de son parti, le Zanu-PF, sont interdits de voyager aux États-Unis. Les pays suspendus de l'UA non conviés Et pour être sur la même longueur d'ondes que l'Union africaine, la Maison Blanche ferme également ses portes à tous les leaders dont les pays suspendus par l'organisation continentale. L'Égypte, la Centrafrique, Madagascar, l'Érythrée et la Guinée-Bissau sont, pour le moment, black-listés. "Les derniers développements à Bangui, avec la démission de Michel Djotodia et l'élection d'un nouveau président de la transition, pourrait peut-être contribuer au repêchage de la Centrafrique", estime cependant une source proche du Conseil de paix et de sécurité de l'UA. Signe encourageant : l'organisation panafricaine a salué la désignation de l'ancienne maire de Bangui à la tête du pays. De son côté, la Grande île vient également de tourner la page sombre du coup de force de 2009, laquelle avait valu non seulement la suspension du pays de l'UA mais également son exclusion de la liste des pays africains pouvant bénéficier d'un partenariat privilégié avec les États-Unis. Hery Rajaonarimampianina, soutenu par l'ancien homme fort du régime de transition Andry Rajoelina, a été investi, le 17 janvier, chef de l'État malgache. Suffisant pour signer le retour du pays sur la scène internationale ? Pas sûr. Comme pour le cas de l'Égypte qui vient d'adopter une nouvelle Constutition, Washington voudra voir la suite des événements. "La démocratie est plus qu'un référendum ou une élection (...). C'est ce qui [vient] après qui [forge] le cadre politique, économique et social" d'un État, insiste John Kerry, le chef de la diplomatie américaine.
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30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 10:31
Mains basses sur le Pétrole tchadien ou comment un lobby autour de la Première Dame s’est créée et fit mains basses sur le Pétrole tchadien. Publié le 29 jan, 2014 La production exacte est autour de 75000 bbl/j dont 12000 à 15000 bbl/j pour la compagnie Griffiths. Les chinois produiront 50000 bbl/j pour export à la fin 2014. Ils produiront aussi 18000 pour la raffinerie. La formation du lobby qui dirige le secteur pétrole a été l’œuvre de la conjugaison des efforts des personnalités mieux placées dans les rouages de l’Etat. L’actuelle Première Dame est le grand instigateur de ce lobby qui a commencé à se former depuis 2007. Il est le promoteur de Mahamat Kasser à la tête de la SHT, et les personnalités clés qui malmène le secteur pétrolier. Le but recherché est simplement une main mise totale sur les recettes du secteur. L’ensemble du lobby a été huilé et compacté par le cabinet « Cameroun Audit Conseil » qui a bien réussi à mettre à sa cause l’ensemble des dirigeants du secteur pétrolier. Le cabinet fait passer des contrats et des avenants à sa volonté à l’insu total des dirigeants du pays. Les redressements des audits de ce cabinet sont de simples avances de payement qui n’ont aucun impact sur les recettes étatiques courantes car ils découlent des changements des écritures comptables. Après l’abandon du Permis H par ESSO, l’Etat tchadien avait une forte opportunité de négociation des contrats juteux avec les compagnies pétrolières candidates et en même temps la promotion de la SHT à travers les contrats de partage de production, mais le lobby guidé par le cabinet CAC a mis en place un système de bradage des blocs avec des bonus négligeables pour l’Etat et des honoraires et autres commissions jamais égalées au monde au profit du Cabinet CAC et les membres tchadiens du lobby. La Première Dame Hinda Deby et Mahamat Kasser sont les vrais brasseurs des bakchichs avec l’aide du cabinet CAC. Les vraies négociations se passent à l’étranger où aucun ministère n’est convié aux différentes réunions. Le Ministère des Finances, seul interlocuteur financier de l’Etat est marginalisé et subi toujours le dictat provenant du lobby. C’est le Cabinet camerounais CAC qui reçoit Les commissions et une partie du bonus qu’il les reparti entre les différents membres du lobby y compris IDI Les activités du lobby ne s’arrêtent pas à la distribution des blocs de permis car la raffinerie est devenue un important élément déterminant de l’enrichissement illicite qui ressemble beaucoup à du gangstérisme économique. Pour bien maîtriser les affaires dans la raffinerie, le Lobby a placé ses pions dans tous les circuits commerciaux de ladite raffinerie, lesquels pions doivent veiller à ce que les intérêts du lobby soient sécurisés dans tous les contrats concernant les différents aspects commerciaux. Ainsi dans le contrat signé avec la Centrafrique pour la vente des produits, et sur les quantités importantes des produits transmis sans facture à la SOPETRANS et Veritas du Cameroun, la surfacturation et les détournements frappent à l’œil nu. Les enfants du Chef de l’Etat sont profondément impliqués pour dire que IDI et sa famille sont plein pieds dans cette magouille. 2. Le pétrole étant le nerf le plus important de la stratégie du développement du pays, le pays doit songer à tisser un partenariat avec les compagnies sérieuses mais au Tchad les permis sont octroyés aux compagnies mafieuses telles Griffiths, et SAS Petroleum qui sont créés par des démarcheurs pendant l’obtention des permis au Tchad. Malgré des contrats concoctés par la mafia qui donnent toute la possibilité aux entreprises de bien en profiter, les compagnies opérant dans le pays ne subissent aucune pression pour pousser leurs recherches dans la limite contractuelle. Pourtant, le pays doit avoir un programme agressif de recherche afin de développer ses ressources sur la base des découvertes. Dans ces conditions, le pays peut imposer sa stratégie et ses pressions économiques et fiscales. 3. La redevance provenant des chinois est de 14% et les impôts modulaires en fonction du prix. La redevance revenant au Tchad est commercialisée par un bureau à Dubaï dirigé par le frère du TPG Zen Bourma sous la supervision de la 1ère dame. Le transfert des revenus suit des circuits dont seuls les membres du lobby connaissent le secret. Correspondance particulière (N’Djamena)
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