Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 23:05
Une grande muraille verte contre le changement climatique
InfoSud
8 décembre 09 - Reboiser l’Afrique d’est en ouest sur une quinzaine de kilomètres de largeur. L’idée folle revient à l’ordre du jour mais elle ne fait pas l’unanimité.

Richard Etienne/InfoSud - En 2005, le président nigérian Olusegun Obasanjo a une folle idée : planter une forêt de 7600 kilomètres de long sur 15 de large traversant onze pays africains (Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Erythrée, Ethiopie et Djibouti). Et ce pour combattre la désertification, l’exode des réfugiés du climat et créer du travail.
L’idée paraît à la hauteur du défi que doit relever l’Afrique. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), deux millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année dans la zone sahélienne. Et l’Afrique est le continent le plus vulnérable au réchauffement climatique.
En quatre ans, ce projet a déjà permis l’émergence de 10 000 hectares de forêt au Sénégal et 20 000 hectares au Tchad. Et ces prochains jours, le gouvernement sénégalais, qui a repris l’idée d’Obasanjo, la défendra à Copenhague. Il s’agira en effet de défense car la grande muraille verte ne fait pas l’unanimité.

Quelle efficacité ?
Les voix critiques pointent tout d’abord l’efficacité de ce reboisement massif. Martin Beniston, professeur à l’Institut des sciences de l’environnement à l’université de Genève, précise : « Un couvert végétal peut interagir avec l’atmosphère et faire augmenter les pluies. Mais avec 15 kilomètres de large, ce couvert paraît insuffisant. La muraille pourrait modifier les conditions atmosphériques et contrer l’expansion du désert dans certaines zones semiarides seulement. Jamais sur toute sa longueur. »
Réponse d’un des promoteurs du projet, le professeur Abdoulaye Dia de l’université Cheikh Anta Diop à Dakar : « Une centaine de scientifiques américains, israéliens, japonais et africains se sont réunis en février 2009 pour étudier sa faisabilité. Ils ont identifié les espèces d’arbres, les sols et les taux de pluviométrie les plus adaptés aux conditions du reboisement. Au Sénégal par exemple, nous plantons surtout des acacias. »
Suffisant pour contrer l’avancée du Sahara ? Selon Andreas Fischlin, l’un des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « Il serait utopique de croire qu’ils pourront contenir la désertification. Mais toute contribution est la bienvenue. »

20 milliards de dollars
Il y a ensuite la question du prix. Selon Abdoulaye Dia, le tout coûtera environ vingt milliards de dollars. « Il faut voir cet argent comme un investissement, plaide le professeur. Les acacias que nous plantons produisent de la gomme arabique. Les populations concernées en tireront des bénéfices. La muraille est aussi économique qu’écologique. »
Pour l’instant, le projet n’est financé que par les chefs d’Etat africains concernés. Mais, selon le Professeur Dia, la communauté internationale est très intéressée. De fait, des engagements « fermes, importants et ciblés » devraient être signés à Copenhague, a récemment confirmé le ministre sénégalais de l’Environnement Djibo Ka. Le ministre français de l’Ecologie Jean-Louis Borloo a, lui, proposé un plan de 305 milliards de dollars sur vingt ans pour l’Afrique subventionnant aussi la muraille, un programme qui sera discuté dans la capitale danoise. En attendant, le Tchad a organisé un téléthon et des « caisses vertes » ont été ouvertes dans les rues de la capitale N’Djamena.

« Du show-biz »
Ces réjouissantes perspectives laissent Haïdar El Ali de marbre. « Cette muraille, c’est du show-biz. Citez-moi un seul projet du président sénégalais qui a abouti », assène le président d’Océanium, une association de protection de l’environnement basée à Dakar. Et de poursuivre : « Tout le monde ici s’en fout. Les gens ont d’autres soucis et ne font pas confiance en ce gouvernement anti-démocratique qui se dit vert mais qui surexploite les forêts et ne considère pas le solaire. »
Le professeur Dia assure lui que les chefs d’Etats concernés sont motivés. Et ce avant d’ajouter : « Nous faisons tout pour que les populations concernées l’acceptent et l’entretiennent. Car sans leur soutien, rien ne pourra aboutir. » En outre, des réalisations similaires ont fait leur preuve en Afrique. L’ONU a suivi l’idée de la Prix Nobel de la paix Wangari Maathai en lançant en novembre 2006 « la campagne pour un milliard d’arbres ». L’opération a aujourd’hui permis la plantation de pas moins de sept milliards d’arbres sur les cinq continents
Partager cet article
Repost0

commentaires