Nouvelessor Unité - Travail - Progrès |
lundi 29 juillet 2013
Et de deux pour l’opposition burkinabè. Ce dimanche 28 juillet 2013, elle est parvenue à organiser une nouvelle marche meeting, après celle du 29 juin 2013. Pour ses leaders, l’option du changement se confirme résolument.
C’est à nouveau une foule impressionnante de manifestants qui est sortie à Ouagadougou ce 28 juillet 2013. Et ce, quasiment un mois jour pour jour après une première sortie, à l’appel du Chef de file de l’opposition politique. Du reste l’objectif n’a pas varié : dire non à la mise en place du Sénat et à la modification de l’article 37 de la constitution.
De fait, la foule des marcheurs ne s’est pas faite priée pour s’ébranler en direction du rond point des nations unies. Avec en tête de cortège, les leaders des partis membres du CFOP. In fine, aucun incident majeur n’a été déploré sur le trajet. Permettant ainsi aux marcheurs de revenir à leur point de départ, pour y entendre le message du Chef de file de l’opposition.
Zéphirin Diabré au micro
Prenant la parole, le chef de file de l’opposition a d’abord demandé une minute de silence en la mémoire des victimes de l’accident de Sabou. Avant de se lancer par la suite dans un discours qui a par moment déclenché des salves d’applaudissements de la part des manifestants.
Au ministre de la communication porte-parole du gouvernement qui affirmait que les marches n’empêchaient pas le pouvoir de dormir, Diabré a promis que le réveil serait pour bientôt. Et pour cause, dira-t-il, l’adhésion des burkinabè à la cause défendue par l’opposition est claire et nette : « le Sénat on n’en veut pas », et « la modification de l’article 37, on n’en veut pas » non plus.
Quant aux syndicats et la coalition contre la vie chère, la CCVC, le CFOP a conseillé de ne pas se tromper d’adversaire : « Nous ne sommes pas contre les syndicats » a-t-il martelé, « nous sommes contre ceux qui veulent mettre en place le Sénat » -t-il noté. Invitant du même coup, ceux qui dans le camp du pouvoir partagent leurs idéaux de changement à ne pas hésiter à les rejoindre.
Juvénal Somé
Lefaso.net
Impressionnant
Pour une foule, celle qui été vue dans les rues de Ouagadougou ce 28 juillet 2013 avait de quoi impressionner. Et même que certains n’ont pas résisté à la tentation de faire des estimations « 2, 3, 4 fois plus » que la manifestation du 29 juin 2013… Bref c’était à chacun selon son inspiration. Ce qui fait dire à un autre, en toute ironie, qu’il espère que les autorités écriront à nouveau qu’il n’y avait que quelques centaines de personnes dans la rue. En tout cas, au passage des marcheurs, un passant, arrêté au feu tricolore, lui, n’a pu s’empêcher d’exprimer son sentiment, visiblement convaincu par le spectacle qu’il avait sous les yeux.
Panique dans le camp du pouvoir ?
Dans son adresse à la foule, Zéphirin Diabré a laissé entendre que le pouvoir serait en proie à la panique et à la débandade. Ce qui justifierait selon lui, ces guerres sans pitié entre camarades.
Le balai citoyen fait son chemin
Le balai va-t-il finir par s’imposer à certains comme le symbole du changement au sein du mouvement anti-Sénat et anti- révision ? Une chose est certaine, il y en avait beaucoup dans la foule. De quoi sans doute réjouir les animateurs du « balai citoyen ». A savoir Sams’K le Jah et Smockey. Ils étaient en vedette à la place de la nation.
Dick Marcus sur scène
Resté jusque là en réserve, le reggea maker Dick Marcus, est cette fois-ci, monté sur scène avec un de ses titres à succès. Le thème et la mélodie aidant, l’accroche a été immédiate avec le public.
J S
La France accueille le journaliste tchadien Makaïla Nguebla. Le 7 mai 2013, ce blogueur réfugié à Dakar avait été expulsé du Sénégal, où il était réfugié depuis plusieurs années, vers la Guinée-Conakry. Aujourd'hui, la France lui accorde un visa de longue durée. Un soulagement pour Makaïla Nguebla, comme il l’a confié à Christophe Boisbouvier.
RFI : Vous avez obtenu un visa longue durée pour la France, quelle est votre première réaction?
Makaïla Nguebla : Je suis très content et heureux. C’est un soulagement et un dénouement en même temps. Vous savez ça fait pratiquement dix ans que je suis à l’étranger, je suis privé de mon passeport tchadien et de ma carte d’identité nationale tchadienne. J’étais également privé au Sénégal, depuis sept ans, de mon statut de réfugié politique. Tous mes droits ont été bafoués. Donc, je remercie la France parce qu’elle a restauré ma dignité, parce que la France une fois de plus a montré son attachement aux valeurs universelles des droits de l’homme, notamment la liberté en général et la liberté d’expression en particulier.
Est-ce que cela vous a surpris ?
Cela ne m’a pas surpris dans la mesure où je connais un peu la France en tant que terre d’asile, qui a toujours accueilli des opposants, des militants des droits de l’homme, des journalistes et toutes autres personnes persécutées dans leur pays respectif.
Il faut dire que dans votre démarche, vous avez été soutenu par plusieurs associations.
J’ai été soutenu par Reporters sans frontières, Amnesty International, de très hautes personnalités françaises, notamment des députés, mais aussi des chercheurs, des journalistes, pour demander à la France de m’accueillir.
Vous êtes Tchadien. Ces dernières années, vous avez donc vécu à Dakar où vous avez animé un blog sur le Tchad. Mais le 7 mai, vous avez été expulsé du Sénégal vers la Guinée-Conakry. Qui était derrière cette expulsion à votre avis ?
Je pense que Jean-Bernard Padaré, le ministre de la Justice tchadienne, en est responsable. Le président Idriss Deby aussi.
Vous avez donc été harcelé ces derniers mois, mais d’autres journalistes tchadiens, eux, à Ndjamena, sont en prison...
C’est un triste constat que des journalistes soient arrêtés. Notamment Eric Topona qui est journaliste à la radio nationale tchadienne et aussi secrétaire général de l’Union des journalistes tchadiens (UJT). Il y a Moussa Avenir Dela Tchiré qui est directeur de publication de l’Abba Garde. Il y a aussi le cas de Jean-Etienne Laokolé qui a été arrêté à Ndjamena. Ces arrestations successives ont été condamnées et déplorées aussi bien au niveau national qu’international. Cela montre l’attention particulière portée sur ces arrestations au Tchad.
Ce qui est reproché à vos confrères aujourd’hui en prison, c’est d’avoir eu des échanges avec vous...
Non, je démens cette information. Je n’ai pas eu d’échanges avec Eric Topona, ni avec Avenir Dela Tchiré, encore moins avec Jean-Etienne Laokolé. J’ai évité d’avoir des contacts avec ces personnes qui sont à Ndjamena. Moi je suis très loin de Ndjamena et nous ne sommes pas en sécurité.
Ce visa que vous accorde la France, est-ce que cela peut être un message pour vos confrères tchadiens ?
C’est un signal fort effectivement que la France envoie en direction de Ndjamena pour je pouvoir libère le plus urgemment possible ces journalistes. Leur place n’est pas en prison, mais plutôt dans une rédaction. Il faut dire que la France, déjà dans un communiqué de presse publié par le ministère des Affaires étrangères, avait condamné ces arrestations. Ça montre l’inquiétude de la France ou son attachement à la question de la liberté de la presse au Tchad.
Ce dimanche 14 juillet, des troupes africaines et notamment tchadiennes ont défilé sur les Champs-Elysées à Paris. Votre visa vous a été accordé quelques jours plus tôt, est-ce une simple coïncidence ?
C’est une coïncidence, mais une coïncidence heureuse. La démarche de la France est une démarche humanitaire. Cela n’a rien à voir avec la présence de troupes africaines sur les Champs-Elysées.
Votre blog connaît un certain succès, mais beaucoup disent que vos informations ne sont pas toujours fiables et que vous colportez plus de rumeurs que d’informations ?
Si, aujourd’hui, mon blog a une telle influence, ça veut dire qu’il y a du sérieux dedans. Je tiens compte des condamnations et des propos de mes détracteurs. Cela peut venir du pouvoir en place, mais le fait que ce blog soit aujourd’hui sur TV5, trié parmi les blogs francophones et au niveau mondial, ça montre une attention particulière portée à ce blog par une large opinion internationale.
Mais quand on est loin du Tchad, est-ce qu’on n’a pas tendance à se sentir à l’abri de toute poursuite judiciaire et donc à déraper éventuellement ?
Je n’ai pas dérapé parce que tout ce que nous disons sur le Tchad reflète la stricte réalité du pays. Donc je ne vois aucun dérapage.
Mais franchement quelques fois, il n’y a pas de calomnies contre le régime tchadien sur votre blog ?
Parler de calomnies, ça n’a rien à voir avec les actes que posent aujourd’hui le régime d’Idriss Déby à l’encontre du peuple tchadien qui, effectivement, depuis 23 ans, est opprimé.
Pour la première fois depuis 1987, la question de la succession du président burkinabè est ouvertement posée. La Constitution interdit en effet à Blaise Compaoré, au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle, de briguer un nouveau mandat en 2015. Sa marge de manœuvre est très étroite. S’il respecte la loi fondamentale, sa succession risque d’être difficile tant il a dominé la vie politique et fermé les possibilités d’alternance. S’il modifie la Constitution et se porte candidat à un cinquième mandat consécutif, il prend le risque de déclencher un soulèvement populaire comme celui qui a fait vaciller son régime au premier semestre de l’année 2011. Les partenaires internationaux doivent l’inciter à respecter la loi fondamentale et permettre une transition démocratique en douceur.
Préserver la stabilité du Burkina Faso est d’autant plus important que la région ouest-africaine, où le pays occupe une position géographique centrale, vit une période difficile. Le Mali voisin traverse un conflit politico-militaire qui a déjà eu des conséquences graves sur le Niger, autre pays frontalier du Faso. Le Burkina a pour le moment été épargné par cette onde de choc parce que sa situation intérieure reste stable et son appareil de sécurité suffisamment solide, mais une détérioration de son climat politique à l’horizon 2015 le rendrait beaucoup plus vulnérable. Une élection présidentielle doit aussi être organisée cette même année en Côte d’Ivoire, un pays avec lequel le Burkina Faso est intimement lié. Une crise politique à Ouagadougou aurait des répercussions négatives sur une Côte d’Ivoire toujours fragile.
Cette position géographique centrale se double d’une influence diplomatique majeure. En deux décennies, Blaise Compaoré a fait de son pays un point de passage obligé pour le règlement de la quasi-totalité des crises de la région. Avec une grande habileté, Compaoré et ses hommes ont su se rendre indispensables comme médiateurs ou comme « vigies » permettant à plusieurs puissances occidentales la surveillance sécuritaire de l’espace sahélo-saharien. Une crise au Burkina Faso signifierait d’abord la perte d’un allié important et d’une base stratégique pour la France et les Etats-Unis ainsi qu’une possibilité réduite de déléguer à un pays africain le règlement des conflits régionaux. Pour l’Afrique de l’Ouest, la désorganisation de l’appareil diplomatique burkinabè impliquerait la perte d’un point de référence, d’une sorte d’autorité de régulation qui reste utile malgré de nombreuses limites.
Le risque qu’une crise politique et sociale survienne au Burkina Faso est réel. Depuis 1987, Blaise Compaoré a construit un régime semi-autoritaire, dans lequel ouverture démocratique et répression cohabitent, qui lui a permis de gagner le pari de la stabilité perdu par tous ses prédécesseurs. Ce système perfectionné comporte néanmoins plusieurs failles et ne survivra probablement pas à l’épreuve du temps. Il s’articule autour d’un seul homme qui a exercé une emprise totale sur le jeu politique pendant plus de deux décennies, laissant peu d’espace pour une transition souple. Les possibilités pour son remplacement démocratique sont en effet peu nombreuses. L’opposition est divisée, sans ressources humaines et financières suffisantes ou trop jeune pour prendre à court terme la relève et aucun des cadres du parti présidentiel ne s’impose comme potentiel successeur incontesté. L’un des premiers risques pour le pays est donc de se retrouver, en cas de départ mal encadré de Blaise Compaoré, face à une situation similaire à celle de la Côte d’Ivoire des années 1990, aspirée par le vide laissé par la mort de Félix Houphouët-Boigny après 33 ans de pouvoir.
L’explosion sociale est l’autre menace qui pèse sur le Burkina Faso. La société a évolué plus vite que le système politique ne s’adaptait. Le Burkina s’est urbanisé et ouvert au monde avec pour conséquence une demande croissante de changement de la part d’une population majoritairement jeune. Les fruits du développement demeurent très mal partagés dans ce pays à forte croissance mais classé parmi les plus pauvres de la planète. Des changements ont été maintes fois promis sans jamais être réalisés, ce qui a entrainé un divorce entre l’Etat et ses administrés ainsi qu’une perte d’autorité à tous les niveaux. Cette rupture de confiance s’est exprimée lors du premier semestre 2011 par de violentes émeutes qui ont touché plusieurs villes du pays et impliqué de nombreux segments de la société, y compris la base de l’armée.
« La grande muette » est apparue pour la première fois divisée entre élites et hommes de rang, et en partie hostile à un président qui s’était pourtant employé à contrôler et à organiser une institution dont il est issu. Cette crise sociale n’a été éteinte qu’en apparence et en 2012 les micro-conflits locaux à caractères foncier, coutumier ou portant sur les droits des travailleurs se sont multipliés dans un pays qui a une longue tradition de luttes sociales et de tentations révolutionnaires depuis l’expérience de 1983 inspirée par le marxisme.
Enfin, le long règne de Blaise Compaoré, si perfectionné fût-il, a connu l’usure inévitable du temps. Plusieurs piliers de son régime ont quitté la scène, à l’image du maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, qui a régulé pendant dix-sept ans la capitale, du milliardaire Oumarou Kanazoé, qui a joué un rôle de modérateur au sein de la communauté musulmane, ou du colonel libyen Mouammar Kadhafi qui fournissait une aide financière importante au « pays des hommes intègres ».
Le président Compaoré a choisi de répondre à tous ces défis en effectuant quelques réformes superficielles qui ne répondent guère aux attentes de la population. Il a aussi opté pour le silence sur sa volonté de quitter le pouvoir en 2015. Il a recentré la direction du pays et de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), autour d’un groupe restreint de fidèles et de membres de sa famille, au premier rang desquels son frère cadet, François Compaoré. Ce silence et la montée en puissance de son frère, élu pour la première fois député le 2 décembre 2012, continuent d’entretenir un lourd climat d’incertitude.
Le chef de l’Etat burkinabè dispose d’un peu moins de trois ans pour préparer son départ et éviter ainsi une bataille de succession ou une nouvelle fronde populaire. Il lui appartient de faciliter cette transition. C’est d’abord en respectant la Constitution et en ne succombant pas à une tentation dynastique qu’il pourra confirmer la principale réussite de sa longue présidence : la stabilité. Un choix contraire ouvrirait la porte à une période de troubles. De son côté, l’opposition burkinabè et la société civile doivent devenir des forces de proposition et travailler dès maintenant à créer les conditions d’un progrès démocratique compatible avec la paix et de la stabilité. Les partenaires extérieurs, notamment les puissances occidentales, doivent maintenant s’intéresser autant à l’évolution politique interne du Burkina Faso et à la consolidation démocratique qu’au rôle que son président joue dans des médiations politiques et la surveillance sécuritaire des foyers de tensions en Afrique de l’Ouest.
Dakar/Bruxelles, 22 juillet 2013
Deby avant de partir, a instruit « le gardien des cimetières » de gérer le pays et ne doit en aucune manière être dérangé car il va pour le ramadan à Amdjeress dont il essaie à coup des pétrodollars d’en faire vainement un Gbadolité : un aéroport international ((aucun avion des lignes internationales n’a atterri sur cette piste depuis son inauguration il y a 5 ans), une banque (où il n’y a jamais eu ni dépôts ni retraits), des villas de standing européen qui brillent par leur inoccupation, des rues à la Yamoussoukro, des routes pour le relier au Soudan et à la Libye (mais empruntés uniquement pour le moment que par les 3 baudets), un château d’eau (mais vide par moment), un réseau téléphonique de standing américain, internet gratuit avec des sorties Wi Fi partout : tout simplement, assis-toi sur n’importe quel rocher et tu as le monde sur la paume de la main. Vous voulez travailler en toute inquiétude, allez à Amdjeress durant le séjour de IDI et vous serez servi. Toutefois, un petit conseil, prenez avec vous quelques bouteilles d’eau ! Enfin partez soixante-douze heures avant qu’il plie bagages car Amdjeress redevient une cité fantôme.
Pour la petite anecdote, Deby n’a pas mis pied à Amdjeress depuis presque trois ans, disons depuis qu’il s’est fait intronisé sultan et ayant placé un quidam, illustre inconnu comme son représentant. La raison, c’est qu’il y a une rupture entre IDI et les Béri, une vraie rupture. Pour cause, les Béri accusent Deby de ne pas savoir les gérer, après autant de sacrifices consentis. Deby de rétorquer : « je suis le Président du Tchad et des tchadiens, je ne suis pas un chef de canton des Béri». Si les tchadiens le percevaient ainsi, il n’aurait pas eu tort. Mais hélas, les tchadiens attendent, la mort dans l’âme, le diable qui viendra les débarrasser de ce fardeau.
La visite d’Amdjeress a été pourtant préparée depuis longtemps, mais à plusieurs reprises ses conseillers l’en ont dissuadé en prétextant qu’il sera mal accueilli par les autochtones et naturellement cela aura des répercussions négatives de son image auprès de l’opinion nationale.
Aujourd’hui, Deby est le Président le plus impopulaire que le Tchad ait connu : impopulaire dans sa propre famille, impopulaire au Tchad et impopulaire à l’extérieur. Les populations tchadiennes vivent dans une situation de manque chronique des produits de première nécessité et surtout du manque de l’État et de l’administration, ni centrale ni territoriale. Le pays tourne en rond. C’est plutôt aujourd’hui qu’on est dans la situation du « Tchad, Etat néant ». On est pratiquement arrivé au bout du rouleau où la conviction profonde d’une grande majorité des tchadiens est la fin du système Deby. Et cette situation, Deby en est très conscient. Depuis la fin de la rébellion de l’Est, Deby n’a que les yeux tournés vers Paris et Washington et la guerre au Mali, pensait-il, va lui permettre de dompter ces deux colosses. Mal lui en a pris. Le Mali a été une catastrophe pour le Tchad mais surtout une catastrophe sans précèdent pour IDI. Tout en reconnaissant l’apport des tchadiens, l’opinion internationale a récusé Deby. Il est boudé, n’est plus cité et n’est plus invité dans la cour des grands. Pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, il est considéré comme un belliqueux, un va-t’en guerre et utilise ses militaires comme des mercenaires un peu partout, bref un pyromane dans la région.
Un malheur ne venant jamais seul, le faux coup d’État qu’il a manigancé, suivi d’arrestations arbitraires des parlementaires, des gens de presse et des citoyens anonymes, a fini par l’enfoncer d’avantage et montrer sa stature de vrai dictateur.
L’affaire Hisseine Habré. Les tchadiens se posent mille et une seule questions : pourquoi Deby s’est tu pendant 23 ans et tout d’un coup il lance une telle cabale contre HH en lieu et place des juges en charge du dossier ? On se rappelle qu’au lendemain de sa prise de pouvoir en 1990, il a été crée une commission qui a pondu un excellent rapport qui fait référence aujourd’hui et Deby s’est royalement assis dessus pour ne pas dire qu’il l’a carrément boycotté. Il a essayé d’anéantir les efforts consentis par les Adh tant nationales qu’internationales. Les différentes associations des victimes du régime HH n’ont jamais bénéficié des faveurs d’IDI. Quand HH dans sa fuite, a emporté le seul Transvaal tchadien, Deby a instruit son Ministre de la Justice, feu Youssouf Togoîmi, de ne revendiquer que l’avion, et ne parler ni de la personne de HH, ni de l’argent emporté !
Pourquoi donc tant d’agitations tout d’un coup? Les Adh, la classe politique et les parents des victimes tchadiennes veulent tout simplement que HH soit jugé, loin de toute agitation politique. La justice, rien que la justice.
Dans le subconscient de bien des tchadiens, il y a certes HH, mais il y a également les co-auteurs et les exécuteurs de basse besogne, bref tous ceux qui ont participé activement dans l’édification et la consolidation du régime de HH. Pour bon nombre de survivants des événements du règne de HH, il y a aussi et surtout « Septembre noir » survenu principalement dans le Logone Oriental et le Moyen Chari, et le massacre de Deli à 30KM au nord de Moundou, qui ne pourraient s’oublier. D’ailleurs, on est surpris par le silence de certains ténors du sud du pays qui avaient fait de « septembre noir » leur fonds de commerce, alors que c’est le moment approprié aujourd’hui où toutes les victimes de ce « septembre noir » doivent parler haut et fort On parle également très peu des crimes au nord du pays pendant toute l’occupation libyenne et leur allié le GUNT : des centaines des prisonniers exécutés sommairement, des ferriques entiers de certaines communautés rasés, des villages incendiés.
Alors, sans faux fuyant, dans le procès de HH, que le droit soit dit et que chacun le moment venu réponde de ses actes.
L’intervention au Mali et le procès de HH à coût de f CFA et de propagande ne peuvent empêcher le régime d’IDI de s’enfoncer d’avantage, et celui-ci en est parfaitement conscient. Conscient également qu’au Nord et à l’Est, une intense activité est en cours pour relancer la rébellion armée, ajouté à cela l’isolement international.
Amdjeress sera donc pour un laps de temps le refuge de la recherche de la réconciliation et d’un soutien pour continuer à faire perdurer un régime chancelant. « Je suis le Président le plus impopulaire dans ma propre famille, aucune branche des Béri ne me soutient, le pouvoir est entrain de tomber, tout le monde est contre nous, etc. » ça y est, les vieilles et très connues litanies qu’IDI sort chaque fois qu’il est réellement en difficulté. Mais cela n’a pas empêché les bouffons de toutes les contrées Béri de se précipiter à Amdjeress pour trouver des solutions aux lamentations du fils du pays. En chœur : « du moment que tu reconnais tes fautes, on va t’aider !»
Solution par le mariage – « votre actuelle épouse est porte malheur pour vous, notre fils, débarrasse toi de cette dame qui est la source de tous nos problèmes et prends une fille d’origine, tout droit du village (TDV) » .Vite dit, vite fait ! Deby s’est donc marié depuis les premiers jours de son séjour à une ninette de père Borogat, de mère bila, de grand-mère Kobe et de l’arrière-grand-mère touer. Au fait, auriez-vous compris quelque chose ? Non, eh bien, soit, passons. C’est la nouvelle trouvaille géniale à la Deby, seule capable de sauver son régime : « 4 in One ! »
Sur le même élan, la réconciliation entre les lignées Deby et Mahamat a débuté et s’ensuivra entre Itno et le reste des Béri. Et le reste des tchadiens ? Rien à voir, circulez…
Et IDI très content a offert à ses parents sur le compte du trésor public, 10 Toyota V8; coût total de l’opération, 500 millions de CFA. En allant à Amdjeress, il a littéralement vidé le trésor public: il l’a délesté de 40 milliards. Le dernier salaire a été payé difficilement:
Dans cette ambiance de retrouvailles entre le Sultan et ses sujets, 2 petits incidents fort négligeables à signaler pour clore les bizarreries d’Amdjeress.
2 boucs manquent à l’appel. Quand IDI a annoncé son séjour à Amdjeress, les chefs de canton ont fait une collecte des divers animaux destinés à être abattus pendant le séjour du Sultan. Deux chefs de canton sont chargés de faire le berger jusqu’à l’arrivée du Sultan. A l’arrivée, tous les chefs de canton se sont présentés et ont communiqué le nombre d’animaux qu’ils ont collecté pour l’accueillir. Deby a chargé ses gardes corps de recompter et il s’est avéré qu’il manque 2 boucs. IDI a demis les 2 chefs de canton bergers de leur titre et les a mis en résidence surveillée.
La fronde des Kleenex – le terme est d’IDI lui même. Il s’agit des jeunes loups Béri, aux dents très longues que Deby a usées et utilisées dans toutes les sauces. Ces jeunes, certains diplômés, d’autres sans aucun diplôme, ont été responsabilisés à tous les niveaux de l’administration publique et parapublique : des semi analphabètes à la tête des grandes sociétés ou directions de l’État, entrain de donner des ordres et instructions à des hauts cadres de l’État, à des ingénieurs, administrateurs, etc. Bon nombre de ces jeunes étaient les bras armés de Deby contre leurs propres familles et ont joué un rôle dévastateur au profit de Deby. Ils étaient (ne le sont-ils pas toujours ?) tour à tour des délateurs, des colporteurs au sein de leur famille et clan. Ils s’en sont vachement enrichis. Et voilà que IDI les a tous renvoyé de son système et marginalisé au profit de ses propres enfants et ceux de la famille Deby. Quand on a été dans le harem du Sultan, difficile de supporter l’anonymat. Ils ont commencé à le dire tout haut ; des réunions en réunions, ils ont décidé d’envoyer Daoussa Deby chez IDI pour manifester leur colère d’être écartés de la mangeoire. Il faut souligner que la plupart étaient d’ailleurs « les agents » de ce même Daoussa Deby. IDI, avant même le compte rendu de Daoussa, a donné la réponse : « ces kleenex, je sais le mal qu’ils m’ont fait subir, je les ai tellement rapprochés de moi que certains d’entre eux ont eu même l’audace de vouloir fouillonner dans ma chambre ! moi j’ai fini avec eux, ils n’ont qu’aller se mettre au service de Timan ! » Entendez Timan Erdimi. Sacré IDI. Aux dernières nouvelles, on apprend que les « kleenex » se sont entre-déchirés entre eux, s’accusant mutuellement d’être les pions de Deby.
A part cela, tout baigne dans le bonheur à AM Djeress.
L’intervention militaire française au Mali a été déclenchée officiellement au nom de la démocratie, mais elle engendre aussi le soutien français à des régimes non démocratiques qui apportent leur appui, et a eu des conséquences très négatives dans plusieurs pays.
La répression de la presse et des députés de l’opposition en mai 2013 au Tchad n’est pas une surprise. Le gouvernement français avait fait appel aux troupes d’une dictature, et, il est maintenant dans l’impossibilité de condamner comme il se doit les nouveaux crimes d’Idriss Déby [1]. En ce qui concerne le Togo, en danger en raison de l’impossibilité d’aller vers une alternance et des élections législatives sans fraudes, le gouvernement français a évité de condamner fermement la répression [2], et s’est impliqué dans la mascarade judiciaire des incendies par le rapport des experts français [3]. A Djibouti, les résultats inversés des élections législatives frauduleuses, le 22 février, ont été implicitement validés par les interventions croisées des diplomaties françaises et européennes, qui sont apparues plus soucieuses des intérêts économiques et militaires liés à la région [4]. Profitant de sa contribution à la résolution de la crise des otages enlevés au Cameroun, Paul Biya a bénéficié du silence du gouvernement français en pleine élection sénatoriale, sur un système électoral non démocratique, et ceci avant les législatives annoncées le 30 septembre. Les réceptions à l’Elysée du président camerounais le 30 janvier et du président congolais Sassou N’Guesso le 8 avril 2013, n’ont même pas été l’occasion d’un signal en faveur de la démocratie et des droits humains. Au Mali, l’injonction d’organiser la présidentielle dès juillet 2013, ignorant les conditions techniques et politiques internes garantissant la réussite de cette élection, souligne une mauvaise prise en compte des enjeux démocratiques.
Ainsi, les discours de François Hollande en faveur de la démocratie, prononcés à Kinshasa puis devant le parlement européen, s’effacent devant des actes de soutien affirmés ou tacites à des régimes non démocratiques, et, le gouvernement semble improviser sa politique étrangère en Afrique en privilégiant uniquement la gestion des crises. Cette priorité profite aux acteurs français et africains les moins légitimes ou disposant de forces militaires. La volonté de former et entraîner les armées africaines [5] contre le terrorisme ou pour faire face aux conflits ne tient pas compte que la plupart de ces armées servent à maintenir au pouvoir des dictateurs.
Dès lors, la politique africaine de la France apparait victime de l’influence de l’armée française et du lobby militaro-industriel. Les autres aspects, développement, droits humains, démocratie, lutte contre la corruption, passent au second plan. En période de crise des finances publiques et de discussion sur la construction européenne, l’influence des militaires et du lobby industriel touche également l’Union européenne, dont la politique étrangère est mal définie. Le silence du gouvernement au moment de l’anniversaire du génocide des Tutsis du Rwanda a accentué les inquiétudes.
La politique actuelle conduit vers une impasse qui aura des conséquences graves à plus long terme. Aussi, le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique demande au gouvernement français de :
- mettre fin aux actions et aux silences renforçant les régimes non-démocratiques en Afrique,
- dénoncer toutes les fraudes électorales, telles l’inversion du résultat des législatives à Djibouti,
- engager la réforme de la politique française dans le sens d’un soutien sans ambiguïté à la démocratisation des Etats africains, et de s’impliquer en faveur de processus électoraux conformes aux normes internationales au Togo, en Guinée-Conakry, à Madagascar, au Mali, et au Cameroun,
- mettre fin à la coopération militaire avec les dictatures.
Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique
13 signataires : Parti de Gauche, Parti Communiste Français (PCF), Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique, Afriques en lutte, Alliance Républicaine pour le Développement (ARD, Djibouti, USN), Mouvement pour Renouveau Démocratique (MRD, Djibouti, USN), Rassemblement National Républicain (RNR, Tchad), Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD, Congo Brazzaville), Alliance Nationale pour le Changement Ile-de-France (ANC-IDF, Togo), Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo - France (CACIT-France), Mouvement pour la Restauration Démocratique en Guinée Equatoriale (MRD), Union des Populations du Cameroun, Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques de la Diaspora Camerounaise (CODE, Bruxelles).