Les 10 chefs d’Etat les plus accros aux marabouts
Des chefs d’Etat africains ne parviennent pas à gouverner sans s'entourer des conseils plus ou moins avisés d'experts en sciences occultes. Petit florilège.
mise à jour 03/10/2012
 
En Afrique, ils sont légion les chefs d’Etat qui ont été ou qui sont encore sous l’emprise de gourous de tout acabit.
Lesquels personnages influencent bien souvent de façon négative dans la gestion des affaires de l’Etat, en tirant par contre le meilleur profit. Au détriment de l’amélioration des conditions de vie des peuples à laquelle les deniers publics sont sensés être utilisés.
Si cette propension tient au fond à la conception traditionnelle du pouvoir en Afrique, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle a la vie dure. Autrefois, en effet, tout chef traditionnel ou roi avait son gourou.
Qu’il soit chef spirituel, marabout ou sorcier, c’est selon. Homme dont l’influence ou le pouvoir dépasse même celui du vrai détenteur qui en est investi, il figure dans le premier carré des conseillers de la cour.
Et pour cause, il est crédité de pouvoirs protecteurs face à tout danger et d’une grande sagesse. Des atouts dont il devrait faire profiter le chef et lui permettre de bien gérer son mandat pour le bonheur du peuple. Mais cela n’a pas souvent été le cas.
10— Idriss Déby Itno
Avant d’arriver au pouvoir, le président Idriss Déby Itno était déjà un abonné aux marabouts. C’est bien l’un d’eux qui lui a prédit qu’il allait devenir président de la République du Tchad.
Son compagnon de maquis, le général Gouara Lassou raconte:  
«Alors que nous étions dans le maquis au Soudan, en plein doute, Idriss Déby et moi sommes allés un jour consulter un marabout. C’est lui qui l’avait trouvé. Au cours de la séance, il a dit à Déby qu’il allait accéder au pouvoir bientôt.»
On ne lui connaît pas ouvertement de marabouts africains actuellement. Pourtant ses opposants les plus farouches de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) croient savoir qu’il a viré son marabout-voyant depuis une quinzaine d’années, Aladji Abdoulaye Maïga dit Fara, en 2009.
Motif: Appelé d’urgence pour une consultation, il aurait dit que «le président doit prendre des congés, car il est las et les problèmes qui s’amoncellent à l’horizon sont gigantesques. Le marabout a peur que le président ne puisse pas y faire face.»
9— Blaise Compaoré

A ses débuts, le président Blaise Compaoré était l’un de ceux qui ont compté de nombreux marabouts de diverses nationalités à son service.

Mais aujourd’hui, son ami et conseiller personnel Mustapha Chafi semble avoir éclipsé tout le monde. Il faut dire que le richissime homme d’affaires Mauritano-Nigérien lui rend d’éminents services pour qu’un autre puisse lui porter ombrage.

On lui doit en effet, grâce à sa médiation, les différentes libérations d’otages occidentaux enlevés par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) dans le Sahel.

Mustapha Chafi qui est pourtant un homme d’apparence affable et simple, est si puissant à Ouagadougou (la capitale du Burkina Faso) qu’à prononcer son nom dans un milieu suffirait à faire frémir plus d’un.

Omniprésent dans l’entourage de plusieurs chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest, sa discrétion contraste largement avec son influence.

8— Boni Yayi

Les évangélistes américains sont de plus en plus influents au sommet des pouvoirs africains au plus haut sommet par le truchement de leurs pasteurs locaux.

On les retrouve dans les premiers cercles des présidents Thomas Boni Yayi du Bénin notamment.

Et leur influence est indéniable, sans qu’on sache vraiment s’ils parlent de religion ou de business ou encore des deux à la fois.

Une chose est sûre, c’est qu’ils mettent leur puissant lobby aux Etats-Unis d’Amérique au service des chefs d’Etat auxquels ils servent de gourous au-delà de la religion.

Il n’y a qu’à voir le rôle qu’a joué et continue de jouer le pasteur Michel Aloko dans l’entourage du président Boni Yayi, pour s’en convaincre.

Dans un livre violemment critiqué par la presse béninoise et intitulé Refondation: mythe ou réalité, le pasteur Michel Aloko cite le livre de Jérémie 18 V1-17:  

«Regarde, je t’établis aujourd’hui sur les nations et sur les royaumes, pour que tu arraches et que tu abattes, pour que tu ruines, pour que tu bâtisses et que tu plantes…»

  Ce qui a fait dire à La Presse du Jour de Cotonou que sur bien des passages «son opuscule viole la laïcité et les droits de l’homme».

D’abord influent dans le premier cercle du président Boni Yayi, il a été bombardé président de la Commission électorale nationale autonome (Cena), puis désavoué, avant d’emboucher la trompette récemment pour la révision de la Constitution en faveur d’un troisième mandat de Boni Yayi.

Mais sans succès. Il reste cependant un homme clé dans l’entourage du chef de l’Etat dont le gendre est aussi pasteur.

7— François Bozizé

Dans l’entourage des chefs d’Etat qui sont de confession chrétienne, il est à remarquer de plus en plus de gourous d’un nouveau type aujourd’hui.

Le président François Bozizé de Centrafrique est ainsi sous influence de ses coreligionnaires chrétiens célestes (Eglise du christianisme céleste).

Une église fondée au Bénin (ex-Dahomey), en 1947 par le pasteur Joseph Oschoffa qui, persécuté par le régime marxiste-léniniste du président Mathieu Kérékou, s’est finalement exilé dans sa ville natale d’Imèko au Nigeria, où il est finalement décédé.

Mais son église a continué à grandir et est devenue influente à travers le monde actuellement.

Chaque fois que le président centrafricain effectue un voyage officiel au Bénin, il ne manque pas de communier avec les hauts responsables béninois du christianisme céleste.

Découverte lors de son exil au Bénin de 1983 à 1987, il en est devenu un pasteur. A la question de Jeune Afrique de savoir comment il avait survécu aux différentes péripéties qu’il avait traversées avant son avènement au pouvoir, François Bozizé a répondu:

«Par la prière. Au Bénin, je m’étais converti au christianisme. La foi, depuis ne m’a plus quitté.»
6— Mouammar Kadhafi

L’ex-guide libyen, Mouammar Kadhafi, se méfiait beaucoup des marabouts blancs. Il avait certes des amis dans les milieux politiques occidentaux, mais pas autant de conseillers occultes qu’on en rencontre dans les couloirs des palais présidentiels en Afrique noire.

Celui qui s’était fait couronné «Roi des rois africains» ne se servait pas seulement des têtes couronnées d’Afrique pour assouvir ses ambitions mégalomaniaques.

Mouammar Kadhafi était aussi très soucieux d’échapper aux tentatives de renversement de son régime et de conserver son pouvoir par tous les moyens.

Ainsi, certains chefs traditionnels africains dont le seul souci était de lui soutirer le plus d’argent possible, ne se sont pas fait prier pour lui vendre tous les boniments à leur disposition.

Avant le déclenchement de la révolution libyenne, il aurait été soi-disant doté de «pouvoirs mystiques» par des marabouts: ils étaient sensés le rendre invulnérable aux balles. La suite des événements, avec sa capture et son assassinat à Syrte, a prouvé néanmoins qu’il ne s’agissait que d’une arnaque pure et simple.

5— Abdoulaye Wade

A ses compagnons des années 1974 à 1980 de Guédiawaye et Pikine qui sont venus lui demander de faire attention à ce qui est arrivé au président tunisien Zine el Abidine Ben Ali, le président Abdoulaye Wade du Sénégal avait répondu:  

«Ceux qui pensent que cela peut m’arriver rêvent. Ils sont des méchants et des jaloux. Mais qu’ils sachent que mes marabouts sont plus forts que les leurs.»

  Ce qui en dit déjà long sur ses rapports avec les marabouts.

La stratégie de conquête et de conservation du pouvoir du président Abdoulaye Wade était basée sur des marabouts, que ce soit ceux qui sont versés dans la religion ou ceux qui sont supposés détenir des pouvoirs surnaturels.

Pour de nombreux Sénégalais, c’est sous sa présidence que le pays est entré de plain-pied dans l’instrumentalisation des marabouts. Tant qu’ils servaient ses intérêts, il les choyait. Mais dès qu’ils se montraient récalcitrants, il les vouait aux gémonies.

Comme un papillon, Abdoulaye Wade a ainsi volé de marabout en marabout. Il est passé de Serigne Abdoul Khadre à Serigne Saliou, Elhadj Bara et Cheikh Sidy Mokhtar. Dans un ultime baroud d’honneur pour conserver le pouvoir, c’est Cheikh Béthio Thioune qui va tenter de sauver le fauteuil du président Wade face à son ex-Premier ministre Macky Sall en organisant un grand meeting de soutien en sa faveur le 17 mars 2012. Mais, finalement, le pouvoir du peuple sénégalais aura été plus fort que celui des marabouts d’Abdoulaye Wade.

4— Omar Bongo Odimba

 Au Gabon, il est de notoriété publique que le président Omar Bongo était un franc-maçon. Initié à Angoulême, il a été le Grand Maître de la loge du Gabon, aujourd’hui reprise par son fils, Ali Bongo Odimba.

Le père était tout aussi très attaché au mysticisme africain. Il n’a jamais cessé de s’entourer de gourous de toute nationalité, jusqu’à la fin de ses jours.

Mais de tous, il avait une préférence pour les Béninois. Peut-être en raison du fait que le pays est considéré comme le berceau du vaudou et que cela fait l’objet de tous les fantasmes imaginables.

Jusqu’à la mort du président de la Communauté nationale du culte vaudou du Bénin (Cncvb), Sossa Guèdèhounguè était l’un de ses gourous attitrés.

Comme en attestaient ses fréquents voyages au Gabon sur invitation du président gabonais à l’époque.  

«Le jour où nous avons destitué Sossa Guèdèhounguè et Dagbo Hounon de la présidence de la Cncvb qu’ils se disputaient tous deux, le président Omar Bongo a appelé au téléphone Sossa Guèdèhounguè juste après. Il voulait s’enquérir de la véracité de ce qu’il venait d’apprendre dans les medias», confie un ancien membre de la Cncvb.
3— Seyni Kountché

Au Niger, Amadou Oumarou dit Bonkano (le chanceux) qui était le marabout du président Seyni Kountché, avait des pouvoirs si étendus qu’il en imprégnait la vie sociopolitique du pays.

Le journaliste Francis Kpatindé écrivait à son propos:  

«Autodidacte souvent drapé dans de grands boubous blancs, la tête enveloppée d’un turban immaculé, les yeux dissimulés derrières d’éternelles lunettes noires, un chapelet à la main, et le coran sous le bras, Bonkano n’était qu’un simple planton, lorsqu’il fit la connaissance du futur président Kountché en 1969

L’homme qui est devenu le marabout de Seyni Kountché avait réussi à embrigader le président de la République qu’il s’est construit un empire économique.

Les affaires de Bonkano étaient si prospères qu’ils pouvaient se permettre de corrompre une panoplie de fonctionnaires et d’officiers en leur distribuant des liasses de billets de 50.000 à 500.000 francs CFA (76 à 763 euros) tous les samedis à son domicile.

En 1983, l’ancien garde-cercle, ancien planton devenu marabout et richissime homme d’affaires, a jugé qu’il pouvait lui aussi assumer les plus hautes charges de l’Etat et devenir président de la République. Il tenta alors un coup d’Etat, sans succès qui précipita sa déchéance.

2— Gnassingbé Eyadema

Gnassingbé Eyadema était particulièrement connu pour s’attacher les services des sorciers blancs. Lui-même faisant d’ailleurs de la sorcellerie africaine sa propre affaire.

Il n’y a pas de doute que Gnassingbé Eyadema avait ses marabouts africains. Cependant, beaucoup de fables infondées ont circulé à son propos, en l’occurrence concernant ses derniers jours en 2005. Le constitutionnaliste français, Charles Debbasch, restera le plus célèbre des marabouts blancs d’Eyadema.

En tant que conseiller, il aura été à l’origine de tous les tripatouillages de la Constitution du Togo, des actes extrêmement habiles. Il est vrai que Debbasch est un constitutionnaliste de très haut niveau.

Dans une «autre vie» ce juriste a été conseiller de Valéry Giscard d’Estaing, alors locataire de l’Elysée (de 1974 à 1981).

Toute chose que l’ancien président du Mali et ancien président de la commission de l’Union africaine, Alpha Omar Konaré, qualifiait de «debbascheries contraires  au fonctionnement optimal des institutions démocratiques».

1— Mathieu Kérékou

Au lendemain de l'agression armée dirigée contre le régime marxiste-léniniste du Bénin par le mercenaire français Bob Denard, en 1977, le président Mathieu Kérékou avait jugé bon de devoir s’attacher les services d’un gourou.

Ainsi atterrit au Bénin, le sulfureux marabout malien, Mohamed Cissé. Les Béninois se souviennent toujours, du reste, du tout-puissant marabout malien, conseiller occulte et vrai patron de la sécurité présidentielle.

Il régna en maître sur le pays pendant des années et en profita pour piller allègrement les banques béninoises, jusqu’à leur faillite. Ce prestidigitateur analphabète usait ainsi de son influence auprès du président Mathieu Kérékou pour décider de qui devait être nommé ministre ou directeur général de telle ou telle autre société.

En rançonnant au passage les candidats au poste par des déclarations écrites sur l’honneur de payer le montant requis pour leur nomination. Surnommé le «Djinn» (génie), il connaîtra finalement un triste sort quand le peuple béninois se révolta et exigea la démocratie à la fin des années 1980.

Ayant compris fort tardivement qu’il l’avait abusé pendant des années, le président Mathieu Kérékou ne se fit pas faute de lancer un mandat d’arrêt international contre son marabout Mohamed Cissé.

Arrêté en Côte d’Ivoire, avec l’aide du président ivoirien Félix-Houphouët-Boigny, il fut jeté à la prison civile de Porto-Novo au Bénin.

Jamais sans mon marabout

Il est difficile, voire impossible pour un chef d’Etat africain, quelle que soit sa religion, de faire table rase de certaines croyances ancestrales dont le recours aux marabouts.

Comme on peut s’en rendre à l’évidence en Afrique, à chaque chef d’Etat son marabout, son gourou, son sorcier blanc ou noir.

Ils ont beau être occidentalisés ou connaître la logique du cartésianisme, il reste que beaucoup d’entre eux sont des conservateurs invétérés.

Dès lors qu’il s’agit de tout faire pour conquérir et conserver le pouvoir, ils recourent aux mêmes pratiques que les rois qui régnaient autrefois sur le continent.

Pierre Cherruau et Marcus Boni Teiga

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Petits tours de magie avec les chefs d'Etat africains
Tours de magie ou tours de passe-passe? Les présidents africains revisitent les plus grandes performances des prestidigitateurs.

mise à jour 13/07/2012

http://www.slateafrique.com/90961/les-tours-de-magie-des-chefs-d-etat-africains

Spécialistes de la poudre aux yeux, puis, quand ça «chauffe», de la poudre d’escampette, nos chefs d’Etat sont d’excellents illusionnistes, des enfumeurs professionnels qui savent jouer du trompe-l’œil jusqu’à rendre quasiment palpable la situation la plus invraisemblable.

Le public est-il complice à force d’être consentant à l’illusion? Voici le palmarès, par ordre décroissant, des dix plus impressionnantes performances de nos présidents magiciens. Des classiques réinventés.

10 — La lévitation par Dioncounda Traoré

Digne héritier de Harry Kellar —le grand maître, au XIXe siècle, de la suspension au-dessus du sol—, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, gère un pays en crise sans y poser les pieds.

La performance frise le virtuel. Il faut dire que les effets spéciaux sont inédits: au palais présidentiel de Koulouba, on donne chaque jour une représentation de l’homme invisible, les ordonnances médicales du personnel de l'hôpital militaire du Val de Grâce tiennent lieu d’ordonnances présidentielles et la loi fondamentale périmée flotte en l’air comme un spectre constitutionnel.

Doit-on s’étonner que le président pratique la lévitation quand son astrophysicien de Premier ministre semble avoir toujours la tête dans les étoiles?

9 — Le pays coupé en deux par Joseph Kabila
Version redimensionnée de La femme coupée en deux, Joseph Kabila a déjà à son actif plus d’une performance d’illusionniste. Après le tour de passe-passe de «J’arrive-au-pouvoir-suite-un-coup-d’Etat-dont-je-ne-suis-pas-l’instigateur», après le close up de la manipulation de jeux de cartes… électorales, il passe maintenant maître dans l’art de l’escamotage.
Après avoir «expulsé» le cinéaste belge Thierry Michel du territoire congolais, le 8 juillet, il pourrait y faire apparaître François Hollande en lever de rideau du prochain sommet de la Francophonie (le président français qui est devenu le plus grand des magiciens en empruntant de l’argent à un taux d’intérêt négatif.
Le président Kabila ne pourrait-il pas faire sortir des colombes (de la paix) de son haut-de-forme? Et n’a-t-il pas oublié que lorsque les magiciens coupent les femmes en deux, ils recollent ensuite les morceaux?...
8 — La malle du Congo par Denis Sassou Nguesso
Version moderne de la malle des Indes, performance pendant laquelle le magicien disparaissait enchaîné dans une malle cadenassée, avant de réapparaître quelque temps après.
En 1992, Denis Sassou Nguesso disparaît du bureau présidentiel de la République du Congo. Comme par magie, il y réapparaît en 1997.
Le chef de l’Etat congolais ne peut que rendre hommage à ses illustres prédécesseurs en matière d’escamotage présidentiel, notamment Mathieu Kérékou, disparu de la présidence béninoise en 1991 et réapparu en 1996…
7 — La multiplication des partenaires par Mswati III
Quand la plupart des magiciens peinent à faire disparaître et réapparaître une même assistante, le roi du Swaziland multiplie les femmes. L’illusionniste compte actuellement treize épouses.
6 — Le bonneteau par Blaise Compaoré
Un jeu d’adresse qui privilégie la manipulation et le détournement d’attention du public. Dans le plus ancien des tours d'escamotage, on fait circuler une petite balle sous des gobelets, à une vitesse telle que le spectateur ne sait plus où elle se trouve.
Elle est où la baballe? Ici? Hé non. Là! Et il est où, Blaise Compaoré? En facilitation dans la crise ivoiro-ivoirienne? Hé non, en médiation dans la crise togolo-togolaise! Et maintenant, il est où, Blaise Compaoré? En conciliation dans la crise togolo-togolaise? Hé non, encore perdu! En médiation dans la crise malo-malienne. C’est quand qu’il gère les crises burkinabo-burkinabè, le prestidigitateur?
5 — L’hypnose par Robert Mugabe
«Vos paupières sont lourdes»… Fixez bien les grosses lunettes du président zimbabwéen et il vous fera prendre des vessies pour des lanternes.
A 88 ans, la besace remplie de résultats d’examens médicaux made in Singapour, lesquels alimentent des rumeurs de cancer de la prostate, l’hypnotiseur réussit à faire croire qu’il est toujours un gamin.
Il passe son temps à soutirer aux volontaires hypnotisés quelques pièces pour l’organisation de son prochain anniversaire, glissant au passage un petit message subliminal pour la prochaine présidentielle à laquelle il entend bien se présenter.
Il ne renonce pas à enfiler les mandats comme un magicien sort de sa manche des foulards noués les uns aux autres, à l’infini. En 2013, le vieil illusionniste zimbabwéen claquera des doigts et vous vous réveillerez. Trop tard.
4 — La télékinésie de pouvoir par Mohammed Morsi
La technique est apparentée à la téléportation d’objets par la seule force de la pensée. Placez un islamiste à droite de la scène et un militaire à gauche.
Devant un public bouche bée, faites passer le pouvoir alternativement de l’un à l’autre, sans le moindre contact physique. Attention… décision de dissolution de l'Assemblée égyptienne du peuple.
Et hop!… le pouvoir passe à gauche. Attention… décret présidentiel annulant l'arrêt de dissolution…
Et hop!… le pouvoir repasse à droite. Attention… rejet du décret par la Haute cour constitutionnelle…
Et hop!… le pouvoir repasse à gauche… Après l’arroseur arrosé, voici le numéro de la marionnette manipulatrice…
3 — L’illusion de pouvoir par Sharif Sheikh Ahmed
Après l’Etat malien sans président, voici le président somalien sans Etat central. Un sommet de l’illusionnisme…
2 — La magie sans trucage par Yahya Jammeh
Dans le cas du président gambien, il ne s’agit ni d’illusionnisme ni de prestidigitation. Le guérisseur défie réellement les lois de la nature. Et son pouvoir celles de la logique...
1 — La présidence par télépathie par Paul Biya
Vainqueur incontesté de ce palmarès, le président camerounais, par sa seule force mentale, est capable de gérer son pays, une bonne partie de l’année, depuis une suite du sixième étage de l’hôtel Intercontinental de Genève.
Quand d’autres sortent des lapins de leurs chapeaux, il pose des lapins à nombres de rencontres internationales, laissant son pays sur pilotage automatique.
Il sait pourtant sortir de sa manche des éperviers qu’il lance contre les apprentis magiciens qu’il accuse de faire disparaître les liasses de francs CFA.
Certainement les quelques CFA qui ne finissent pas dans les coffres-forts de son hôtel suisse du bord du lac.
Au prix des suites, et vu la longueur des séjours présidentiels, on en viendrait presque à lui conseiller d’acquérir, chez les Helvètes, un «bien mal acquis». Qu’il demande conseil à un autre illusionniste, son homologue de Guinée équatoriale.

Damien Glez