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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 10:11

 

 
Communiqué du Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique,
Paris, 10 novembre 2014
 
Une forte répression s’est abattue, mardi 11 octobre, à l’encontre des élèves et des enseignants tchadiens. Leur seul tort : avoir  choisi, la manifestation, comme voix de recours pacifique pour réclamer leurs droits dans un pays où les autorités sont connues peu respectueuses des engagements souscrits avec les partenaires locaux. Ce mardi, les élèves des collèges et lycées ainsi que leurs enseignants, excédés par le poids de l’injustice sociale, ont décidé de manifester dans les rues de Ndjaména, à Sarh et à Moundou au sud du pays. Dans leur colère, ils ont saccagé des édifices publics. Les autorités tchadiennes qui, depuis l’arrivée au pouvoir d’Idriss Déby il y a 24 ans, refusent d’accorder  aux populations tchadiennes, le droit de manifester, ont recourus aux moyens répressifs pour éviter que les contestations ne se propagent.
 
Selon les informations dont nous disposons, à Ndjaména, deux élèves ont été abattus par les forces de l’ordre,  à Sarh,  deux élèves ont été tués et deux autres ont été écrasés par des véhicules de l’armée. Ainsi, ces manifestations, ont fait au total, 6 morts, de nombreux blessé-e-s, des interpellations et arrestations arbitraires dans les rangs des élèves, des enseignants et autres citoyens qui ont rejoint le mouvement de contestation populaire dans ces trois villes. Des vidéos en notre possession, attestent que cette journée du mardi, a été marquée par une extrême violence. Filmée par une caméra, une fille tchadienne, a déclaré, que les militaires ont tiré sur elle, alors qu’elle se trouvait devant son domicile.
 
Pour intensifier la répression, depuis mardi, les autorités tchadiennes ont privé les populations de communications avec l’extérieur. L’internet et une grande partie des téléphones ont été coupés[1], ainsi que les transferts d’argent. La liberté de la presse au Tchad est minimale et il n’existe pas de media indépendant du pouvoir, et, les militants et les journalistes peinent à communiquer des informations à leurs correspondants à l’étranger.
 
Idriss Deby doit la longévité de son pouvoir, non seulement au soutien et à la mansuétude de la France, mais aussi et surtout à une armée clanique répressive et violente. Cette répression disproportionnée a été organisée au nez et à la barbe des partenaires étrangers et internationaux du Tchad, qui disposent dans le pays, d’une présence militaire renforcée sous prétexte de lutte contre le terrorisme, en particulier les forces françaises depuis l’arrivée du siège de Barkhane à Ndjaména en août 2014[2].
 
Depuis l’intervention de son armée en 2013 au Mali, Idriss Deby, appuyé par les autorités françaises, a  réussi à s’imposer comme interlocuteur au sein de la communauté internationale. En particulier, l’Union européenne, mettant en œuvre sa  Stratégie pour la Sécurité et le Développement dans le Sahel, a annoncé en novembre 2013 un renforcement de l’aide au développement au profit du pays pétrolier qu’est le Tchad, au travers d’un appui financier de 442 millions d'euros pour la période 2014-2020, dans le cadre du 11ème Fonds Européen pour le Développement (FED)[3], sans garanties préalables sur les critères qui fondent la démocratie et l’Etat de droit.
 
Acquérir la liberté de manifester et la liberté de la presse constitue un défi majeur pour les organisations de la société civile, les journalistes, les partis politiques et les citoyens en général qui sont actuellement privés de leurs droits fondamentaux[4]. Sans ce minimum d’Etat de droit, une démocratisation est impossible. La communauté internationale, témoin silencieux, est aujourd’hui prise en otage par Idriss Déby qui depuis 2013 est redevenu un interlocuteur sans avoir fait une concession visible ou déterminante au Tchad au niveau justice, droits humains, liberté d’expression, ou processus électoraux.
 
Face à ce contexte lourd de menace pour la sécurité des opposants, des militants, des journalistes et des citoyens tchadiens, le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique:
- apporte son soutien à la population et aux organisations sociales et politiques tchadiennes dans leurs revendications de justice et de démocratie,
- dénonce le caractère répressif des forces de l’ordre tchadiennes réputées par leurs violences et bénéficiaires d’une totale impunité,
- réclame l’arrêt de la répression, des arrestations et la libération des personnes interpellées,
- demande aux autorités françaises de renoncer à soutenir le régime d’Idriss Deby,
- demande à l’Union européenne d’exiger de l’Etat tchadien, en toute transparence, des garanties sur l’utilisation du budget du Fonds Européen pour le Développement dans le sens d’un renforcement rapide de la démocratie et de l’Etat de droit[5],
- en appelle à la solidarité internationale afin d’accompagner le peuple tchadien pour le combat qu’il mène en faveur de la justice sociale, des droits de l’homme, des libertés et de la démocratie.
 
Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique 
 
Signataires : Forces vives tchadiennes en exil, …
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