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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 22:26

N’Djaména, capitale tchadienne, est confrontée à un grave problème d’insalubrité, selon une enquête publiée la semaine par une association nationale. Les autorités municipales, elles, reconnaissent l’ampleur du problème et s’activent à le résoudre.

"Le taux d’insalubrité à N’Djaména est de de l’ordre de 67%", révèle l’enquête menée, pendant cinq mois sur un échantillon de 2. 000 concessions, par l’Association tchadienne pour la réussite environnementale (ATRENVIRO). Sur les dix arrondissements que compte la capitale tchadienne, les 10ème, 7ème et 9ème sont les plus insalubres, avec des taux dépassant les 70%.
La ville de N’Djaména qui compte près d’un million d’habitants, produit de 800 tonnes de déchets solides par jour et seules 400 tonnes sont régulièrement enlevées.
L’étude de l’ATRENVIRO lie les causes de l’insalubrité aux aires de dépôt des ordures ménagères, au ramassage des ordures et à l’utilisation, par certaines personnes, des mares et espaces non aménagés comme lieu de défécation. Ainsi, seuls 40% des ménages déposent leurs ordures dans des bacs disposés devant leurs concessions ; 40% autres les versent dans des mares ou espaces non aménagés.
Dans certains quartiers, les ménages n’utilisent pas les bacs à ordures distribués par la mairie. Dans d’autres, les moyens conséquents pour assurer la collecte des déchets ménagers manquent cruellement. Selon l’enquête, les ordures sont visibles à 66% dans les quartiers et 80% des ménages ne paient pas de taxes sur les ordures.
"La disponibilité des données de cette enquête est nécessaire à la mise en place d’une stratégie pour un environnement propre et vivable. Car l’insalubrité immédiate nuit dangereusement à la santé de la population", déclare Zoumaï Zoua, président de l’ATRENVIRO.
En milieu scolaire, les résultats de l’enquête affirment qu’il n’y a pratiquement pas de programme d’enseignement relatif au problème de l’insalubrité.
"Ce rapport de recherche servira de guide d’orientation pour les politiques de lutte contre l’insalubrité", promet Loum Hinansou Laïna, 2ème adjoint au maire de la ville de N’Djaména.
Il ajoute que les résultats de cette enquête viennent confirmer les maux qui entravent la salubrité de la capitale : inconscience de la population, organisation de la collecte des déchets ménagers, présence des mares et espaces libres non aménagés, etc.
"La responsabilité dans l’insalubrité de la ville de N’Djaména est partagée à tous les niveaux. Chaque acteur concerné doit prendre ses responsabilités pour faire de N’Djaména la vitrine de l’Afrique", conclut M. Zoumaï Zoua.
Le gouvernement et la mairie de N’Djaména avaient une decision de de faire de la capitale tchadienne "la vitrine de l’Afrique", à travers un ambitieux projet dénommé "N’Djaména Nadif", c’est-à- dire "N’Djaména la neuve" en Arabe local.
Ils ont réussi à interdire l’importation et l’utilisation des très encombrants emballages en plastique (communément appelés " lédas") et à transformer la ville avec plusieurs infrastructures, mais le pari reste toujours compromis par l’insalubrité, l’insécurité et bien d’autres maux.
En 2009, la municipalité a confié la collecte des ordures dans la capitale à une société camerounaise, Hysacam. Mais à la suite d’un désaccord, le contrat a été rompu et le service est exécuté par une structure dénommée "N’Djaména Nadif".
Les véhicules de N’Djaména Nadif passent une ou deux fois ramasser les ordures des ménages qui, en retour, doivent payer 1. 500 francs CFA par mois. Mais les activités sont limitées à quelques quartiers.
En février dernier, la mairie a inauguré six centres de transfert d’ordures ménagères dans certains arrondissements qui ne sont pas desservis par le service de N’Djaména Nadif. Chaque centre a été équipé de charrues, de quatre caisses et d’une benne. Les charrues passent de porte en porte pour enlever les ordures.
"Nous avons des équipes techniques avec les moyens modernes. Les agents municipaux réglementent les dépôts dans ces centres qui respectent les normes en matière de protection de l’environnement", affirme Abakar Bichara, chef de Service Propreté à la mairie de N’Djaména.
La saison des pluies a déjà commencé, et avec lui viendra son corollaire d’inondations. Pour prévenir les dégâts, les services de la voirie se sont lancés dans le curage de plus de 100.000 mètres de caniveaux.
"Le curage des caniveaux ne se fait pas sur toute la capitale. Il est limité sur les caniveaux maçonnés. Et ce n’est pas tous les caniveaux maçonnés qui doivent être curés, c’est seulement ceux qui sont pleins", explique Youssouf Daoula, chef de service adjoint de la voirie.
"Dans les quartiers périphériques, nous n’intervenons que quand il y a urgence. S’il faut prendre tous les caniveaux de la ville de N’Djaména, la mairie ne peut pas supporter le coût", ajoute-t- il.
Pour lutter contre les inondations et ses conséquences, la mairie de N’Djaména a adopté, en juillet 2011, un Plan d’actions à court et moyen terme, d’un coût global de plus de 28 milliards F CFA. La mise en oeuvre de ce Plan reste compromise par des contributions qui ne sont pas à la hauteur.
Dans les quartiers périphériques, l’on craint qu’avec les pluies l’accès aux centres de transfert des ordures ne soit pas possible car la plupart desdits centres sont installés dans les zones inondables.
On craint ainsi de se retrouver avec les ordures sur les bras, ce qui pourrait causer des maladies telles que la poliomyélite, la méningite et le choléra. L’an dernier, plus de 17.000 cas de choléra ont été recensés au Tchad, avec 459 décès.

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