Aujourd’hui au Tchadn’importe qui enturbanné avec un kalachnikov en bandoulière qui se fait passer pour un zakawa
peut entrer dans n’importe quelle maison au Tchad, tuer un ou tous ses habitants et en sortir
tranquillement sans être inquiété. Le Tchad est ainsi livré depuis le 1er décembre 1990 à une bande
d’assassins, de pillards et de filous qui n’ont comme seul langage connu : la violence, le vol, la
razzia, des éléments constitutifs de leur culture; une violence portée par les « cadets sociaux » dont
« l’enfant-soldat » et le « diplômé sans-travail » constituent les tragiques symboles. Une sorte de
chasse sportive sanglante qui est aussi entretenue en permanence par les forces sociales occultes qui
sont parvenues à coloniser l’appareil d’État.
Le pire est que cette violence sans projet politique alternatif se radicalise et devient en quelque sorte
banal. Ce qui provoque le raidissement actuel du pouvoir qui, bien qu’illégitime et amputé de toutes
ses prérogatives classiques, continue à bénéficier du soutien d’une classe de bouffons et autres
griots opportunistes qui en a fait l’instrument de son enrichissement personnel et une ressource
privée d’accaparements en tous genres, dans le contexte de la lutte quotidienne soit pour
l’accumulation, soit pour la survie pure et simple. Quitte à détruire l’État, l’économie et les
institutions. Cette classe de bouffons est d’ailleurs prête à tout pour que le maître conserve le
pouvoir. La politique n’étant d’ailleurs à ses yeux qu’une manière de conduire la guerre civile ou la
guerre ethnique par d’autres moyens.
Ce sombre tableau ne signifient pas qu’il n’existe aucune saine aspiration à la liberté et au bien-être
au Tchad. Les tchadiens aspirent bien à la liberté, au confort et au bien-être de leurs enfants et ils le
méritent ! Simplement que ce désir, cette aspiration peine encore à trouver un langage alternatif
cohérent, des pratiques effectives, et surtout une traduction dans des institutions nouvelles, et/ou
une culture politique neuve où le pouvoir n’est plus un jeu à somme nulle. Et c’est ici que réside
notre devoir à nous de la résistance. Nous avons le devoir de proposer aujourd’hui même ce langage
alternatif cohérent au peuple tchadien. Nous y sommes condamnés, maintenant. L’heure n’est plus à
la langue de bois.
Pour que la démocratie puisse s’enraciner au Tchad, il faudrait qu’elle soit portée par des forces
sociales et culturelles organisées ; des institutions et des réseaux sortis tout droit du génie créateur
tchadien ; il nous faut de la créativité et surtout une lutte des forces politiques et sociales
tchadiennes elles-mêmes et de leurs traditions propres de solidarité. Il nous faut aussi, dans la
rectitude morale et la probité intellectuelle, une Idée forte et audacieuse dont cette « solidarité »
serait la métaphore vivante et absolue. Nous devons, en particulier réarticuler le politique et le
pouvoir autour de la critique des formes de vie, ou plus précisément de l’impératif de nourrir les «
réserves de vie ». Nous pourrions ainsi ouvrir la voie à une nouvelle pensée de la démocratie, non
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pas à la française, mais puiser dans nos rochers culturels. Il s’agit de l’impératif de nourrir des
« réserves de vie » dans un pays où le pouvoir de tuer en toute impunité reste illimité aux mains de
quelques groupuscules qui se font appeler « dirigeants », dans ce pays, le Tchad où la pauvreté et la
maladie rendent l’existence humaine horriblement précaire. C’est une nécessité. De nécessité, une
telle pensée devrait être une pensée de l’émergence et du soulèvement. Mais ce soulèvement devrait
aller bien au-delà du simple anti-debyiste dont les limites sont désormais flagrantes, ces dernières
années, au regard surtout de ce qui s’est passé depuis le ratage de février 2008.
Car ce n’est aujourd’hui un secret pour personne !
L'immense
majorité
de
nos
concitoyens
de
est
désabusée
par
la
faiblesse
stratégique,
la
faillite
éthique
et
politique
des
oppositions
politiques
que
ce
soit
démocratiques
ou
armées.
Cette
faillite
est
le
résultat
du
clientélisme
politique
;
du
clanisme
et
de
l’incapacité
des
politiques
tchadiens,
des
opposants
en
particulier
de
s’entendre,
de
se
rassembler,
de
s’unir
au
tour
d’un
projet
national
viable,
crédible
et
alternatif.
Face
au
régime
du
MPS
en
pleine
mue
autoritaire
qui
n’a
souvent
de
démocratique
qu'un
caricatural
habillage
institutionnel
qui
voile
à
peine
sa
substance
liberticide,
des
opposants
politiques
affichent
une
incapacité
dégénérative
d’organisation.
Ils
ont
pour
la
plupart
prouvé
à
leurs
concitoyens
aujourd'hui
désabusés
qu'ils
ont
un
appétit
tout
aussi
ploutocratique
que
celui
du
pouvoir
qu’ils
sont
sensés
combattre.
Dans
ces
conditions
on
comprend
bien
le
peuple
leur
retire
sa
confiance
pour
s’en
remettre
au
diable.
La
plus
part
de
ces
pseudos
opposant
se
retrouvent
aujourd’hui
à
N’Djamena,
la
queue
entre
les
jambes,
pour
servir
le
dictateur
qu’ils
combattaient
pour
la
fortune
publique
et
le
même
mépris
pour
l'Etat
de
droit.
Alors aujourd’hui nous nous retrouvons pour parler d’exigence
éthique,
d’objectif
cardinal
et
d’impératif
patriotique
pour
le
Tchad.
De
quoi
s’agit--‐il
exactement
?
Je pense pour ma part – et c’est aussi l’avis de mes amis du RPDL- que la faiblesse de la résistance
tchadienne, tout comme celle du régime de N’Djamena d’ailleurs, est bien connue. Ça s’appelle de
tribalisme, clanisme, obscurantisme et improvisation! Pouvoir et opposition, en effet, opèrent
toujours en fonction d’un temps court marqué par l’improvisation permanente, les arrangements
ponctuels et informels, les compromis et compromissions diverses, les impératifs de la conquête
immédiate du pouvoir ou la nécessité de le conserver à tout prix. Aucun projet de société, aucune
vision à long terme de la société tchadienne. Aucune pensée politique nationale. Dans ces
conditions on comprend bien que les ralliements des opposants se succèdent en cascades parce que,
pour certains de ces pseudo opposants, il faut être présent à la mangeoire. C’est de la politique du
ventre qui dictent l’attitude et le comportement politique en général de ces opposants et non