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15 août 2012 3 15 /08 /août /2012 22:13

52 ans d’indépendance : quel du bilan ?

Présentation de Michelot Yogogombaye et Ahmat Idriss.

Courbevoie, Paris, France le 11 août 2012.

Le Tchad, notre pays, comme la plupart des Etats africains, célèbre aujourd’hui le 52ème anniversaire

de son indépendance. 52 ans dans la vie d’une nation c’est peu, mais cinq décennies peuvent aussi

suffire à une nation de dessiner les contours de son développent. Aujourd’hui, 11 août, à l’heure du

bilan ; le constat est là : amer, acide et décevant sur tous les plans.

Notre pays, à l’image de plusieurs autres pays d’Afrique, a chuté après son indépendance. La

différence avec les autres pays qui réussissent à se relever après leur chute, lui n’a pas pu se relever

de sa chute. Il pointe encore parmi les pays pauvres les plus endettés et tend toujours vers zéro de

l’échelon de mesure de développement, mis en oeuvre par le Programme des Nations Unies pour le

développement (Pnud) dans le but de faire remarquer le progrès économique et le développement

humain d’un pays. Comme pour dire que Alain Dumond, depuis sa tombe, a raison de dire que

« L’Afrique noire est mal partie » ou encore quand il titrait dans les années 80 son ouvrage

« L’Afrique est étranglée ». Aujourd’hui, 52 ans d’indépendance, ce n’est pas l’Afrique mais bien

le Tchad qui est toujours mal parti et vraiment étranglé.

Et pour cause, après 52 ans d’autonomie et une décennie d’exportation de l’or noir, on a

l’impression que rien n’a bougée. En matière de développement économique et humain, le pays

reste toujours à la traînée. En dehors des discours officiels à n’en plus finir et des stratégies

aberrantes de toute sorte, notre pays n’arrive toujours pas à produire suffisamment pour nourrir sa

population. Aujourd’hui, on signale encore la famine dans le pays. La politique agricole, largement

négligée sinon inexistante, reste toujours à l’état embryonnaire. On préfère céder des millions

d’hectare de surfaces cultivables à des multinationales et autres exploitants étrangers. On empêche

ainsi délibérément le paysan tchadien de cultiver et de produire pour son autosuffisance alimentaire.

Pourtant, des universitaires et autres chercheurs tchadiens et internationaux ne cessent de le

démontrer : le Tchad est suffisamment riche pour nourrir ses enfants, d’épargner et d’exporter le

surplus de sa production vivrière.

Mais hélas, aujourd’hui on meurt encore de faim au Tchad et rares sont les tchadiens qui ont trois

repas quotidien. La jeunesse tchadienne, elle qui paie un lourd tribut d’une politique de banditisme,

fait la quête de son mieux être ailleurs en Afrique, en Europe ou en Amérique. Les diplômés

tchadiens participent ainsi au développement des autres pays, parce que chez eux, leurs dirigeants

n’ont pas su mettre une politique cohérente pour de meilleures conditions de vie et de travail.

« Le Tchad, notre pays, est aujourd’hui plus qu’étranglée, étouffé et au bord du gouffre. Les

ressources disponibles ne servent que quelques privilégiés, du fait de la corruption et de la mal

gouvernance. A cause de ces politiques inconséquentes et désastreuses, on estime que notre pays

perd chaque année l’équivalent d’un milliard d’euros. Une somme 100 fois plus importante que les

investissements publics accordés à l’aide au développement.

Nous voici aujourd’hui en 2012, cinquante-deux ans après la décolonisation. Quel sens pour nous

d’être tchadien ? Y-a-t-il vraiment quoi que ce soit à commémorer aujourd’hui ou faut-il au

contraire tout reprendre ? A qui la faute ? Comment en est-on arriver là? Quelle est la part de

responsabilité des uns et des autres dans ce tableau plus que sombre ? Telles sont, entre autres, des

questions qu’on ne saurait se poser en ce jour de fête de notre indépendance.

Sans forcément jeter de l’anathème sur qui que ce soit, il y a tout de même lieu de dire et de

dénoncer certaines réalités, certaines pratiques qui sont, hélas, à l’origine de la déliquescence

actuelle de notre Etat.

Ces réalités sont là, très dures, très tristes : restauration autoritaire, multipartisme administratif et

liberté de presse au demeurant vide de sens, niveaux très élevés d’injustice et de violence sociales

dans le pays; un climat de suspicion, de ni guerre et ni paix, de conflits larvés permanents sur fonds

d’une économie d’extraction qui, dans le droit fil de la logique mercantiliste coloniale, continue de

faire la part belle à la prédation – voilà, je dirais en introduction, le paysage d’ensemble que nous

fêtons aujourd’hui 11 août.

Alors la question la plus pertinente est justement celle de savoir le comment de la chose : comment

en étions-nous arriver là ?

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