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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 17:55

CONFERENCE DE PRESSE DES DEPUTES DE L’OPPOSITION    Déclaration liminaire présentée par le Député Salibou GARBA
Nous aurions aimé être ailleurs en cette journée du 08 mars où les femmes du monde entier commémorent la journée qui leur est dédiée, cette journée qui boucle une semaine où nos mères, épouses, sœurs et filles ont organisé toute une gamme  d’activités qui valorisent leur statut. Mais voilà que la gestion épouvantable de notre pays, des institutions de l’État nous contraint d’être ici pour parler d’une situation dont nous on pouvait être épargné si ceux qui gouvernent usent de leurs immenses pouvoirs avec droiture en tenant compte un tant soit peu de l’existence du plus petit et du plus faible.
Vous avez compris, il s’agit de ce qui est devenu «l’Affaire Gali ». L’Honorable Gali NGOTHE GATTA a été illégalement arrêté, le samedi 03 mars 2012, à l’entrée de Sarh alors qu’il regagnait N’Djamena pour l’ouverture de la session ordinaire.
La première raison avancée est qu’il était pris en flagrant délit, tantôt de braconnage, tantôt de complicité de braconnage parce que pris avec des carcasses de phacochères en nombre variable dans son véhicule. Puis, on ajouta la tentative de corruption de l’’agent forestier. Enfin on a invoqué  le motif de détention illégale d’arme.
S’agissant de flagrant délit de braconnage : Il est absolument clair que l’Honorable Gali n’a pas été pris en flagrant délit de braconnage. En séjour à Kyabé, il a dépêché des émissaires auprès de ses électeurs, à 70 Kms. A leur retour, ceux-ci auraient été surpris par un agent forestier entrain d’abattre un phacochère.
Le véhicule et l’agent forestier sont arrivés à Gali sans carcasse de phacochère. C’est avec ce véhicule, qui n’avait aucune carcasse d’animal protégé, que Gali a été appréhendé à Sarh.
Par conséquent, il n’y a pas eu de flagrant délit de complicité de braconnage, encore moins de braconnage.
Concernant la corruption ou la tentative de corruption : Jusqu’à preuve du contraire, Gali n’aurait pas de lui-même donné de l’argent à qui ce soit, sans que celui-ci en fît la demande. Le motif de tentative de corruption est proprement ridicule. Qui peut en effet être surpris qu’un agent de l’État, quelque soit son domaine d’activité, tende la main à un usager ? A entendre ce motif, n’importe quel citoyen qui va aux centres de santé (y compris dans les maternités), dans les rues, les commissariats et les brigades, à la fonction publique, à la justice, …  pour leurs dossiers, vous dira qu’il s’agit certainement d’une blague. Peut-on nous dire pourquoi notre pays est accroché depuis de nombreuses années au rang peu flatteur de  pays figurant parmi les plus corrompus au monde ?
S’agissant de la détention illégale d’arme : Le député Gali NGothé Gatta ne détenait pas illégalement une arme. Il a en sa possession une arme, avec un permis de port présenté aux autorités.
Ainsi, il est d’une clarté éblouissante que l’arrestation du député Gali NGothé Gatta est illégale. Non seulement il n’y a pas de flagrant délit, il a été arrêté au mépris des dispositions constitutionnelles et du statut du député.
Comment comprendre que devant l’inexistence de charges sérieuses, le tribunal prononce quand même une condamnation. Fallait-il condamner à  tout prix Gali, le mettre en quelque sorte hors d’état de nuire ?
C’est à se demander si des personnes dans les arènes du pouvoir n’instrumentalisent pas les services de l’État pour « neutraliser » un adversaire politique de taille qui s’est fait brillamment élire et qui jouit d’une réelle et gênante popularité dans sa circonscription.
Avec le verdict que vous connaissez, le tribunal a abandonné la charge de flagrant délit de braconnage, la principale qui a entrainé les autres délits, si délit il y avait. Nous ne comprenons pas alors que le délit à la base de la corruption n’étant pas retenu, qu’on puisse traiter d’une prétendue corruption. Corruption pour effacer quoi alors ?
Les députés de tous les courants  doivent s’opposer à  l’instrumentalisation des institutions de l’État et à la violation de leur statut et de leurs droits constitutionnels. Le Président de l’Assemblée Nationale est interpellé. Il a, à notre sens, l’impérieuse obligation de sortir de son inertie et de veiller au respect du statut et des droits des élus. Il ne peut pas ne pas être éclaboussé si l’Assemblée continue à cautionner cette avalanche de saisines précipitées orchestrées par le Gouvernement.
Les partis politiques, les ONG de promotion de la démocratie et tous les citoyens épris de paix et de démocratie doivent dire non à cette dérive d’atteintes répétées aux droits des citoyens.
Les partenaires de la communauté internationale resteront-ils contemplateurs  de cette dérive ? Ces partenaires qui nous ont accompagnés dans le processus de l’Accord politique du 13 août 2007 et qui se demandent de plus en plus quel en est le bilan réel.
Le respect de la séparation des pouvoirs, de l’indépendance et du statut de chacun d’eux doit être une exigence fondamentale et intangible.
 
                                                    Fait à N’Djamena, le 08 mars 2012

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