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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 21:33

ANTANANARIVO — Surnommé "TGV" pour son côté fonceur, Andry Rajoelina, 35 ans, a brûlé les étapes pour se retrouver à la tête de Madagascar il y a quatorze mois, mais il a depuis eu du mal à fédérer autour de lui pour sortir le pays de la crise politique.

Accédant au pouvoir le 17 mars 2009 en chassant le président Marc Ravalomanana avec le soutien de l'armée, Rajoelina avait très vite promis que le régime transitoire qu'il présidait ne s?étendrait pas au-delà de l?année 2010.

Mais après de vaines négociations avec les trois anciens présidents du pays et plusieurs décisions unilatérales contestées, il n?a jamais réussi à bâtir une formule de compromis.

Après un nouvel échec des négociations à Pretoria fin avril, le jeune et élégant président de la Haute autorité de transition au visage poupin a annoncé mercredi renoncer à se présenter à l'élection présidentielle qu'il a convoquée pour le 26 novembre.

Pour le Premier ministre Camille Vital, cette annonce "donne une leçon de démocratie aux grands anciens" responsables politiques de cette île pauvre de l'océan Indien. C?était justement pour instaurer "la vraie démocratie" à Madagascar que Rajoelina s?était mobilisé contre le régime de Ravalomanana, mais son image a été largement ternie depuis, en raison d'arrestations politiques, de harcèlement de certains journalistes, et de nombreux cas de corruption dénoncés publiquement.

"Il est inconstant, manipulable, et ne cherche plus qu?à profiter de ses prérogatives", critique Monja Roindefo, son ancien Premier ministre et compagnon de lutte, "sacrifié" en novembre et passé depuis dans l'opposition.

Pour Emmanuel Rakotovahiny, de la mouvance de l?ancien président Albert Zafy, Rajoelina "a toujours navigué à vue". "S?étant emparé du pouvoir grâce aux militaires, il n?a jamais été libre, mais de toute façon, il n?a pas de programme, et surtout, il n?a pas assez de personnalité, il n?a pas l?étoffe pour mener un pays", assène-t-il.

"Il veut vraiment faire avancer le pays", assure pourtant le Premier ministre Vital à propos de celui qui avait fait de la jeunesse et du renouvellement des élites le thème moteur de son mouvement de contestation en 2009, et qui critique aujourd'hui très sévèrement le bilan des 50 premières années d'indépendance de la Grande Ile.

Devenu en quelques semaines le chef de l?opposition quand Marc Ravalomanana était encore au pouvoir, Rajoelina a depuis été lâché par nombre de ses alliés. "C?est normal de se faire des ennemis, sa présence bloque l?intérêt de certains", juge M. Vital.

Conseillé par une garde rapprochée très décriée, Rajoelina n'est apparu sur la scène politique que fin 2007, pour se présenter comme "candidat indépendant" aux élections municipales du 12 décembre à Antananarivo.

Jusqu'alors, le jeune Andry était plus connu pour avoir été quelques années auparavant l'un des disc-jockeys et organisateur de soirée en vue de la capitale.

Mais à la surprise générale, le jeune entrepreneur issu des métiers de la communication et à la tête de deux sociétés (Injet et Domapub) spécialisées dans l'affichage publicitaire avait remporté l'élection dès le premier tour, avec 63,27% des voix, loin devant le candidat du parti présidentiel.

Andry Rajoelina compensait alors son manque d?expérience politique par un sens aigu de la communication, notamment avec le support de la radio-télévision Viva, créée quelques mois avant le scrutin.

"Je suis un homme de parole, je ne changerai pas d'avis, je ne serai pas candidat aux prochaines présidentielles", a assuré jeudi M. Rajoelina à la radio RFI. Mais pour le scrutin suivant prévu en principe dans cinq ans, c'est une toute autre histoire, a-t-il laissé entendre: "pourquoi pas, si Dieu le veut. J'ai encore l'avenir devant moi".

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